Les relations algéro-nigériennes connaissent, ces derniers temps, une instabilité sans précédent, reflétant une situation de fluctuation politique et d’instabilité dans les positions officielles émanant des autorités de Niamey, notamment après le coup d’Etat militaire qui a renversé le régime constitutionnel et ouvert la voie à une nouvelle escalade dans la région. Alors que l’Algérie a toujours traité le Niger comme un pays frère et voisin ayant une profondeur stratégique dans la région sahélienne, des signes inquiétants sont apparus révélant une grave dérive dans le discours officiel et médiatique nigérien. Une sortie allant dans une direction totalement contraire au principe de bon voisinage et mettant en doute la crédibilité de Niamey. En effet, le Niger vient de lancer une accusation grave contre l’Algérie, l’accusant publiquement de semer le chaos au Mali. Cette déclaration marque un tournant inquiétant dans les relations entre les pays du Sahel et pourrait provoquer une escalade régionale aux conséquences imprévisibles.
Dans une démarche hostile et incompréhensible, la télévision officielle nigérienne a diffusé, lors de son journal de 20h30 le 9 juin, un reportage contenant des accusations directes et injustes contre l’Algérie. Le reportage prétendait que l’Algérie ne nourrit aucune intention sincère envers les pays du Sahel. D’un ton accusateur, la télévision nigérienne a remis en cause l’engagement de l’Algérie envers les pays du Sahel, l’accusant, à tort, de tenter d’affaiblir le Mali, de semer le chaos dans la région de Kidal (nord du Mali) et de créer des crises dans la région. Outre d’être irresponsable, ce reportage révèle une tendance dangereuse visant à manipuler l’opinion publique interne au Niger en exportant les crises internes et l’échec des politiques putchistes vers l’extérieur.
Les accusations ont été jusqu’à affirmer que «des responsables militaires algériens soutiennent des groupes terroristes au Mali et au Niger», une allusion dangereuse visant directement la réputation et la position régionale de l’armée algérienne. L’auteur du reportage, un journaliste français, contrairement aux autres reportages diffusés dans le journal télévisé par des journalistes nigériens, est allé encore plus loin, imaginant que l’Algérie était irritée par la «souveraineté» atteinte par l’Alliance des États du Sahel et son rapprochement avec la Russie. Ainsi, l’Algérie qui a été pendant des années un médiateur impartial pour la paix dans les crises du Mali, du Niger et du Burkina Faso, reçoit aujourd’hui des coûts de la part de partenaires présumés devenus des instruments d’un jeu géopolitique dangereux, dirigé par des partis cherchant à créer une entité militaire rebelle au Sahel en dehors des cadres de l’Union africaine et de toute légitimité internationale. Pourtant, l’Algérie, fidèle à sa doctrine, ne s’est jamais ingéré dans les affaires du Mali, du Niger ou d’autres pays mais a toujours prôné le dialogue, les solutions pacifiques et dénoncé toute ingérence.
Aussi, la sortie médiatique de la télévision nigérienne s’apparente à une tentative de discréditer l’Algérie et son rôle historique en faveur des peuples africains. Tandis que le triumvirat de l’AES est devenu un pôle opposé au principe fondateur de l’unité africaine et représente une menace directe à la sécurité nationale algérienne notamment avec le rapprochement de ces régimes avec des puissances extra-africaines cherchant à s’implanter dans la région. Or, l’Algérie, forte de sa puissance régionale et de sa stature internationale, a toujours été un soutien indéfectible au peuple du Sahel. En somme, cette sortie médiatique, commandée, est une manière de cracher dans la soupe.
B.B.