Cet Italien, se présentant comme un expert, s’est récemment exprimé sur la plateforme Italpress le 29 juin 2025 au sujet de la situation en Libye.
Par Hocine Houam
Connu pour ses prises de position systématiquement favorables au maréchal Khalifa Haftar, il persiste depuis plusieurs années à adopter un discours partial et déséquilibré, en totale contradiction avec la réalité du terrain ainsi qu’avec les résolutions des Nations unies.
Dans son dernier article, Daniele Ruvinetti va jusqu’à qualifier les Touaregs de Libye de «milices» et prétend que leur redéploiement vers Tripoli, estimé à 3 000 hommes, mettrait en péril la stabilité de la capitale. Il accuse également, sans aucun fondement crédible, le Gouvernement d’unité nationale (GUN), dirigé par Abdel Hamid Dbeibah et reconnu par les Nations unies comme autorité légitime, d’être à l’origine de ce mouvement, insinuant que ce dernier chercherait à relancer les hostilités pour conserver le pouvoir.
Cette tentative de manipulation de l’opinion publique est condamnable. Les propos tenus par Ruvinetti ne sont pas des analyses objectives mais des éléments de langage alignés sur la propagande du camp pro-Haftar. Depuis des années, cet expert n’a cessé de critiquer de manière systématique le gouvernement légitime de Tripoli, ignorant les efforts de dialogue, de stabilisation et de gouvernance reconnus par la communauté internationale. Cette posture idéologique trahit des affinités politiques et stratégiques non assumées avec l’axe Haftar-Émirats arabes unis.
En effet, même si aucun lien direct entre Ruvinetti et les Émirats arabes unis n’est formellement documenté à ce jour, plusieurs éléments suggèrent l’existence de connexions indirectes et structurelles. Les EAU, puissamment impliqués en Libye depuis 2014 aux côtés de Haftar, mènent une stratégie d’influence globale à travers le financement de think tanks, de médias et d’événements internationaux. Des experts occidentaux, dont certains italiens, sont régulièrement invités à intervenir dans ces espaces, notamment par l’intermédiaire de l’Emirates Policy Center, afin de légitimer les positions géopolitiques d’Abou Dabi, en particulier celles qui prônent un désarmement unilatéral à Tripoli ou un processus électoral étroitement contrôlé.
Dans ce contexte, des analystes comme Ruvinetti peuvent apparaître, volontairement ou non, comme des relais d’un discours façonné par des intérêts étrangers hostiles au processus de réconciliation nationale en Libye. Leur participation à des tribunes financées par des acteurs liés aux Émirats, ainsi que leur alignement idéologique avec la ligne anti-islamiste promue par ces derniers, notamment contre les Frères musulmans ou l’influence turque, renforce cette perception de proximité.
Il ne faut pas non plus négliger le rôle ambigu de l’Italie dans cette équation. Bien que Rome soutienne officiellement le GUN à Tripoli pour protéger ses intérêts énergétiques et migratoires, elle a longtemps maintenu des canaux discrets avec Haftar, dans une logique de realpolitik. Ce double jeu stratégique peut se refléter dans certaines analyses produites par des experts italiens qui, sous couvert de neutralité, valident implicitement des positions pro-Haftar, contribuant ainsi à brouiller les lignes entre objectivité et agenda politique.
Face à cela, il est crucial de réaffirmer le soutien indéfectible à la légitimité du Gouvernement d’unité nationale de Dbeibah, seul acteur reconnu par les instances internationales pour conduire le pays vers une transition pacifique. Il est tout aussi urgent de dénoncer les tentatives de déstabilisation médiatique qui sapent les efforts de paix en favorisant des narratifs construits par des puissances extérieures au détriment des aspirations du peuple libyen.
La communauté internationale, journalistes, et analystes intègres sont sommés de rester vigilants face à ces campagnes d’influence déguisées en expertise, et d’exiger plus de transparence sur les affiliations des commentateurs qui prétendent parler au nom de la vérité. La Libye mérite un débat honnête, fondé sur des faits, non sur des intérêts inavoués.
H.H.
									 
					