A quelques jours de la célébration du 63e anniversaire du recouvrement de l’indépendance, le ministre des Moudjahidine et des Ayants Droit, a réuni hier plusieurs historiens et experts algériens et étrangers afin d’évoquer les «conséquences de la colonisation en Algérie et dans le monde».
Laïd Rebiga, dans son allocution lors de l’ouverture du colloque organisé à l’Hôtel El-Aurassi, a estimé que cette rencontre vise à lancer de nouvelles «démarches» concrètes pour la reconnaissance des crimes «nombreux», de l’esclavagisme, au pillage des richesses en passant par l’effacement des identités culturelles. En ce sens, le colloque international, accompagné d’une exposition de photographies et de documents sur la guerre d’indépendance, a été présenté hier par Laïd Rebiga, comme «l’occasion de nouvelles démarches» politiques et possiblement judiciaires, pour la reconnaissance des crimes. Le responsable, dans sa déclaration devant les professeurs, académiciens et spécialistes de l’Histoire, explique que l’objectif de son secteur est de mettre en avant les «conséquences actuelles» de ces crimes du passé. Des «blessures collectives» restées dans les mémoires des peuples autrefois colonisés. Il s’agira, souligne le ministre, de «commémorer mais aussi de préserver les faits dans tous leurs détails», afin, dit-il, de pouvoir concrétiser, à terme, une forme de «justice pour l’Histoire». Et dans cette logique, le ministre fait le vœu qu’«un travail collectif soit lancé» depuis Alger. L’idée est en effet de réunir les mémoires des peuples victimes des crimes de la colonisation. Des peuples «profondément liés par l’Histoire». Notre action devra répondre à la volonté de «construire des positions communes, un front uni, à la hauteur des tous les défis et dangers qui planent encore sur les peuples» autrefois colonisés.
Toutefois, Laïd Rebiga, souhaite dépasser la seule description des faits. «Notre colloque n’est pas seulement une évocation de l’Histoire, ou une discussion des questions de légalité (…) non, il s’agit bien d’un devoir moral, une obligation pour nous aujourd’hui et demain, c’est une action contre l’oubli», a-t-il souligné avant de plaider pour un travail commun dont l’objectif est de rétablir «la justice » et d’aller vers une reconnaissance totale des crimes. Celle-ci a déjà «trop tardé», a-t-il relevé. Ainsi, la «reconnaissance des crimes», mais aussi de leurs conséquences, encore visibles aujourd’hui, est qualifiée d’«inévitable». «Les crimes dont a été victime l’Algérie, à l’image d’autres peuples du monde, ne pourront jamais tomber dans la prescription (…) Comme cela est stipulé par tous les accords et principes internationaux», a-t-il dit. Les responsabilités ne seront, par conséquent, pas «oubliées avec le temps». Au contraire, ajoute le ministre, des Moudjahidine, «cette question devra être traitée, les crimes devront être reconnus (…) la justice ne peut être rendue sans reconnaissance. On ne peut imaginer de futur commun sans réparation». Il faudra que les coupables de ces crimes «assument l’entière responsabilité des conséquences de la colonisation, de la soumission des peuples, de l’esclavage, du pillage de richesses, de la destruction des identités et des atteintes aux cultures». L’évocation de l’Histoire, la lutte pour la reconnaissance de tous les crimes, est aussi un moyen d’éviter que ces crimes ne viennent à se répéter. «L’Algérie, grâce à la vision éclairée de sa direction et à son peuple fier, reste attachée à la paix et la sécurité. Mais elle est aussi engagée pour la victoire des causes justes, pour l’indépendance des peuples», explique le ministre. Et dans cette logique, il rend hommage à la Palestine et au Sahara occidental.
Deux causes que l’Algérie continuera à défendre. «L’Algérie ne s’écartera pas de son rôle de soutien aux luttes et causes justes, aux aspirations légitimes, à l’image de celles des peuples sahraoui et palestinien», a-t-il dit avant de déplorer «avec tristesse» le silence mondial face aux souffrances du peuple palestinien. «Ce qui se passe à Ghaza est le cimetière de tous les principes élémentaires du droit international. Des principes que l’on pensait être des références pour tous», a-t-il regretté.
Nadir K.
