Les travaux de la commission mixte de coopération sécuritaire ont abouti à l’adoption de plusieurs mesures techniques et opérationnelles, notamment l’échange d’expertises dans la détection de documents falsifiés, la création de centres de renseignement spécialisés, le partage de données biométriques et génétiques et l’accélération du traitement des commissions rogatoires pour la récupération des avoirs illicites.
«Contrairement à certaines parties, l’Algérie, malgré les pressions et les menaces engendrées par ce phénomène, n’utilise en aucun cas la question de la migration irrégulière comme un moyen de chantage ou de pression envers les pays de destination (pays européens)», a affirmé le ministre de l’Intérieur et des Transports, Saïd Sayoud, à l’occasion de l’ouverture de la rencontre bilatérale, tenue hier à Alger, en présence de son homologue espagnole, Fernando Grande-Marlaska, en visite en Algérie. Une allusion à peine voilée au Maroc, sans pour autant le nommer, qui utilise le «chantage migratoire» pour faire pression sur l’Espagne et toute l’Europe. Pour Saïd Sayoud, cette question relève beaucoup d’une «approche humanitaire, marquée par la détresse de personnes souvent poussées à cette aventure périlleuse par la crise économique et les difficultés sociales».
Par ailleurs, Saïd Sayoud a précisé que «le phénomène de la migration illégale dépasse les frontières nationales», ajoutant que «des réseaux criminels internationaux opérant dans plusieurs pays de la Méditerranée sont impliqués dans le trafic de migrants, la traite des êtres humains, le trafic de drogue, ainsi que le blanchiment d’argent».
Nécessité d’une meilleure coordination
Il affirmé que, «dans un souci de protection des intérêts nationaux et de préservation de la sécurité du pays, et selon une approche équilibrée qui tient compte des impératifs sécuritaires, des considérations humanitaires et des engagements internationaux, nos différents services œuvrent avec rigueur et fermeté à endiguer et à contenir ces flux massifs de migrants irréguliers». Et de souligner que les efforts de l’Algérie pour gérer et contenir cette situation «s’inscrivent dans la défense de nos intérêts nationaux, le respect de nos engagements internationaux et dans le cadre de la coopération avec nos partenaires». Face à cette situation, il a estimé qu’il est nécessaire «d’agir dans le cadre d’une vision commune et d’une coopération multilatérale au service des intérêts de nos deux pays, dans le cadre des accords existants, que l’on peut enrichir par de nouveaux mécanismes destinés à atteindre nos objectifs communs». Une coopération requérant «une meilleure coordination en matière d’échange d’informations et de coopération opérationnelle, un domaine sur lequel nos services de sécurité travaillent activement avec leurs homologues espagnols».
Centres de renseignement spécialisés
Le ministre de l’Intérieur, Saïd Sayoud, a révélé que les travaux de la commission mixte de coopération sécuritaire, tenus en octobre 2025, ont abouti à l’adoption de plusieurs mesures techniques et opérationnelles, notamment l’échange d’expertises dans la détection de documents falsifiés, la création de centres de renseignement spécialisés dans la lutte contre la criminalité organisée transfrontalière sous toutes ses formes. Il a ajouté que la Commission a également convenu de mettre en place un mécanisme d’échange et de comparaison des empreintes digitales et des données biométriques des personnes suspectées d’être de nationalité algérienne et ayant perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée à bord des «embarcations de la mort».
Rapatriement des 7 mineurs
A cet égard, Said Sayoud a précisé qu’il avait été convenu de réactiver le protocole de coopération relatif à la mobilité et au retour entre les deux pays, notamment en ce qui concerne le dossier des migrants en situation irrégulière.
Le ministre a également indiqué qu’un accord avait été trouvé pour poursuivre les efforts conjoints en vue du rapatriement des sept mineurs actuellement en Espagne, soulignant que l’Algérie avait répondu à la demande des autorités judiciaires espagnoles en fournissant les informations et dossiers requis dans cette affaire. Il a ajouté que l’Espagne répondra à son tour à la demande de l’Algérie dans un avenir proche.
Récupération des biens détournés
Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Saioud, a affirmé que les travaux du comité mixte de coopération sécuritaire avec l’Espagne ont abouti à un accord entre les deux délégations visant à accélérer l’examen des demandes de commissions rogatoires présentées par le ministère algérien de la Justice concernant la récupération des fonds acquis illicitement et transférés à l’étranger.
Badis B.