Au-delà de la diplomatie, la coopération économique et stratégique constitue un axe central du partenariat.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, hier, Aleksey Repik, président de l’organisation patronale russe «Business Russia», dans une rencontre qui traduit la volonté des deux pays de consolider leur coopération économique et industrielle. L’audience s’est déroulée en présence de plusieurs hauts responsables algériens, dont le directeur de Cabinet à la Présidence, Boualem Boualem, le directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), Omar Rekkache, et le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula.
Cette rencontre s’inscrit dans un contexte de consultations diplomatiques régulières entre Alger et Moscou. La veille, le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, s’est entretenu par téléphone avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, sur plusieurs dossiers internationaux et régionaux, notamment la question du Sahara occidental. « Cette communication s’inscrit dans la continuité des consultations régulières entre nos deux diplomaties, dans un cadre de coopération stratégique établi de longue date », a indiqué le communiqué du ministère.
Alors que la Russie assure la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies, une nouvelle résolution sur le Sahara occidental doit être soumise au vote avant la fin du mois. L’Algérie réaffirme sa position en faveur d’un référendum d’autodétermination, conformément aux résolutions onusiennes, tandis que le Maroc maintient sa proposition d’un plan d’autonomie. Quelques jours avant cet échange, Lavrov avait rappelé que la position russe reste claire : le règlement doit respecter l’autodétermination et être accepté par toutes les parties, insistant sur le fait que la reconnaissance du Sahara occidental comme partie intégrante du Maroc par les États-Unis n’a en rien modifié le cadre juridique international.
Un potentiel vaste et diversifié
Au-delà de la diplomatie, la coopération économique et stratégique constitue un axe central du partenariat. Mohammed Tuil, représentant du groupe parlementaire d’amitié algéro-russe à l’Assemblée populaire nationale, a détaillé dans une interview à RIA Novosti les perspectives existantes et futures. « L’Algérie est un partenaire stratégique de la Russie dans la région nord-africaine. La coopération militaro-technique est estimée entre sept et douze milliards de dollars, et il existe un potentiel considérable pour renforcer l’interaction dans les domaines de l’énergie, des mines et des hautes technologies, notamment via les entreprises privées », a-t-il précisé.
Le développement touristique figure également parmi les priorités. Tuil a indiqué que la Russie pourrait jouer un rôle clé pour dynamiser ce secteur, notamment en augmentant le nombre de vols directs, actuellement limité à trois par semaine. La coopération bilatérale ne se limite pas au domaine militaire : elle englobe l’industrie, la pharmaceutique, l’intelligence artificielle, la santé et l’électricité. L’ouverture du marché algérien aux entreprises russes s’inscrit dans le cadre du programme présidentiel visant à créer plus de 24 000 nouvelles entreprises pour stimuler le développement économique et l’emploi.
Le volet politique de cette relation demeure solide. Alger et Moscou convergent sur de nombreux dossiers internationaux et régionaux, notamment le conflit palestinien, la lutte contre le néo-colonialisme et la stabilité dans le Sahel. L’Algérie, fidèle à son principe de non-ingérence, continue de mettre son expertise au service de la paix et de la légitimité politique dans les pays voisins, tout en sécurisant ses frontières et en préservant ses intérêts nationaux.
Enfin, ce partenariat se consolide dans un contexte géopolitique complexe, marqué par la confrontation de la Russie avec l’Occident et les sanctions économiques de l’UE et des États-Unis. Tuil a souligné que l’Algérie demeure indépendante dans ses choix stratégiques et que sa coopération avec Moscou repose sur le principe du bénéfice mutuel, loin des pressions extérieures. Le renforcement du dialogue politique et économique, associé à des initiatives concrètes dans l’industrie, le tourisme et les nouvelles technologies, traduit la profondeur et la diversité d’un partenariat stratégique appelé à se développer durablement dans les années à venir.
Assia M.
