Par Samir MÉHALLA
En Égypte, les diplomates s’agiteront à coup sûr autour d’une table qui va trembler sous le poids des mensonges. On parle de «cessez-le-feu» entre l’entité et le Hamas, au moment où personne n’y croit vraiment. Ni Netanyahou, prisonnier de sa propre extreme-droite, ni les dirigeants du Hamas, acculés par leurs parrains, turcs et qataris. Chacun joue la montre, espérant que l’autre trébuche. Au-dessus de cette mascarade plane l’ombre d’un Donald Trump en campagne, qui rêve de s’ériger en faiseur de paix biblique.
Ce «plan Trump», vendu comme une lueur d’espoir, n’est qu’une illusion de diplomatie, une vitrine pour les caméras, une opération psychologique. Derrière les sourires et les poignées de main, on troque des otages contre des prisonniers, des morts contre d’autres morts, comme si la souffrance pouvait s’échanger en parts égales. C’est le théâtre du cynisme, où les symboles remplacent la conscience et où la communication tient lieu de politique.
Mais la réalité, elle, ne se négocie pas.
Quand Netanyahou a ordonné le bombardement de supposées positions du Hamas à Doha, il a violé un tabou : celui de la souveraineté d’un allié. Le Qatar, pivot des médiations régionales et partenaire clé de Washington, a vu ses fondations diplomatiques secouées. Même Trump, irrité de voir ses ambitions compromises, a dû exiger des excuses publiques de Tel-Aviv. Un épisode rare, presque grotesque, où l’arrogance israélienne a frôlé la rupture avec ses soutiens du Golfe. Car Riyad, Abou Dhabi ou Doha le savent : chaque missile sur Ghaza menace aussi leurs propres trônes.
Pendant ce temps, le Hamas hésite, piégé entre l’humiliation et la survie. Refuser le plan américain reviendrait à se marginaliser. L’accepter, à se renier. Alors on simule la bonne volonté. On parle d’apaisement tout en préparant les lendemains. On prononce le mot «paix» comme une formule magique, pourvu qu’elle tienne jusqu’au prochain cycle de violence.
Car un cessez-le-feu n’est pas la paix.
Il ne reconstruit pas les écoles, il ne redonne pas les bras aux amputés ni les âmes aux enfants enterrés sous les gravats.
À Ghaza, deux millions de civils continuent de survivre dans l’indifférence planétaire, pendant qu’en Occident, les chaînes d’info passent de la guerre à la promotion des baguettes à 71 centimes. Voilà le monde : une tragédie devenue habitude, une injustice devenue décor.
S.M.