Outre le problème de financement, les startups se voient implicitement exclus des grands projets, en l’absence du décret d’application relatif à la loi régissant les règles générales relatives aux marchés publics.
Dans un écosystème d’innovation et de croissance, l’Algérie fait sensation sur la scène internationale des startups. Contre toute attente, l’Algérie se hisse au rang de leader mondial en matière de politiques d’écosystèmes innovants. Un exploit qui témoigne de l’effervescence entrepreneuriale qui règne dans le pays et de sa volonté de se positionner comme un acteur majeur de l’innovation technologique. Dans une allocution prononcée, juillet 2024, Yacine El Mahdi Oualid, alors ministre de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, avait révélé que «plus de 7 800 startups se sont enregistrées sur la plateforme dédiée (Startup.dz), dont 2 300 bénéficiant du label «startup» et des avantages fiscaux substantiels.
Quel impact sur l’économie nationale
Dans le monde, on estime que les petites et moyennes entreprises génèrent plus des deux tiers des emplois et représentent 90% de l’ensemble des entreprises (Bureau international du travail, 2022). Selon la Banque mondiale (2022), dans les pays émergents, les PME contribuent jusqu’à 40% du PIB, ce qui montre l’importance de leur impact. Mais qu’en est-il en Algérie ? D’autant que les startups bénéficient d’une exonération fiscale importante sur l’IBS «Impôt sur les Bénéfices de Société», l’IRG «Impôt sur le Revenu Global», les droits de douanes, la TVA «Taxe sur la Valeur Ajoutée», ainsi que de différents avantages. Néanmoins, sur le terrain, ces startups n’ont, pratiquement, aucun impact sur l’économie nationale, encore moins sur le PIB (Produit intérieur brut), même si le ministère de l’Économie de la connaissance, des startups et des micro-entreprises soutient que ces «startups pourraient contribuer jusqu’à 10% au PIB hors hydrocarbures».
La règle prudentielle des Banques
A la lumière des mutations actuelles, la question des start-up en Algérie fait l’objet d’une grande attention, de la part des autorités qui comptent sur elle comme un nouveau modèle économique, afin de diversifier une économie basée sur les hydrocarbures. Mais ce type d’entreprise rencontre de nombreuses difficultés du fait de sa récente ère. Parmi l’un des principaux obstacles on trouve le financement. Or, le financement est sans contredit la principale cause d’échec des entreprises innovantes, tant au niveau de l’obtention de financement des fonds propres (capitaux de départ), que dans la gestion du fonds de roulement de la start-up. Certes, la start-up est une opportunité de lancement économique pour l’Algérie, et pourtant, il existe un grand décalage entre le rêve et la réalité. Un intervalle susceptible de s’accroître, si en matière de financement les difficultés d’accès aux différents moyens de financement et aux différentes possibilités de crédits et de garanties s’accroissent, et deviennent une cause de risques de faillite et de disparition des startups. De ce fait, la première chose dont a besoin une start-up pour lancer son activité est d’obtenir des fonds.
Mais, l’obtenir est loin d’être une sinécure. Le financement est sans aucun doute le centre de gravité du monde des start-up car financer son projet, c’est en assurer la pérennité et le succès. Or, les banques ne jouent pas le jeu sous prétexte de la prudentialité.
Le business plan
L’autre obstacle auquel font face les startups a trait à leur implication dans la réalisation des grands projets publics. En raison de la faiblesse de leur business plan, ces startups, sans être explicitement exclues des marchés publics, rencontrent des difficultés pour y participer en raison de certains obstacles, notamment des exigences administratives complexes, des difficultés de financement, et parfois un manque de reconnaissance en tant qu’opérateurs économiques légitimes. La lourdeur administrative a longtemps constitué un frein pour les jeunes entreprises, en particulier les start-up, qui peinent à s’imposer dans un marché dominé par des acteurs établis. Certes, la loi n° 23-12, promulguée en août 2023, fixant les règles générales relatives aux marchés publics, offre, pour la première fois, aux start-up labellisées la possibilité de participer aux appels d’offres publics. Néanmoins, les textes d’application se font attendre. «Le nouveau projet de décret exécutif relatif aux marchés publics était en cours de finalisation», indiquait le 4 juin dernier, le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, dans ses réponses aux questions des députés de l’APN dans le cadre du débat sur le projet de loi portant règlement budgétaire pour l’exercice 2022. Le ministre a précisé que les services de son département s’attellent actuellement à l’élaboration de la nouvelle version du décret relatif aux marchés publics qui sera soumis aux services du Premier ministère. Ainsi, la promulgation de ce décret permettra aux entreprises publiques de négocier directement avec les start-up.
Badis B.
									 
					