La résolution onusienne est loin d’être une victoire pour le Makhzen, contrairement au discours officiel. C’est la poursuite du statu quo sous bénédiction internationale, et un succès symbolique pour le droit international et pour le peuple sahraoui, qui conserve la légitimité de sa cause.
Le 31 octobre 2025, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution n°2797 concernant le Sahara occidental. Une résolution dépourvue de fondement juridique solide, rédigée dans une formulation ambiguë et contradictoire destinée à satisfaire toutes les parties, en particulier les États-Unis et la Russie.
Le texte renouvelle le mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) pour une année supplémentaire et qualifie l’initiative marocaine d’autonomie de «solution réaliste et crédible». Cependant, il souligne en même temps la nécessité d’une solution «mutuellement acceptable» garantissant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Cette contradiction révèle une politique du «tout et son contraire», traduisant la volonté de prolonger le conflit et d’en exploiter les enjeux géopolitiques et économiques, au profit des grandes puissances. Un paradoxe fondamental. En effet, il est impossible de négocier un véritable droit à l’autodétermination si la souveraineté d’un État est déjà présupposée.
La désapprobation d’Alger
Un état de fait que l’Algérie refuse de cautionner. En effet, l’Algérie a pris ses distances en affirmant que le texte adopté ne reflète pas fidèlement la doctrine de l’ONU sur la décolonisation et les aspirations légitimes du peuple sahraoui. En effet, lors du vote, l’Algérie a choisi de ne pas y participer. Une manière diplomatique d’afficher sa désapprobation de l’adoption de la résolution. «Mon pays n’a pas participé au vote sur ce projet de résolution (…) Par cette absence, et en toute responsabilité, l’Algérie a tenu à illustrer sa prise de distance avec un texte qui ne reflète pas fidèlement et qui ne reflète pas suffisamment la doctrine onusienne en matière de décolonisation», a expliqué le représentant permanent algérien auprès des Nations unies, Amar Bendjama. Pour l’Algérie, le projet de résolution ne répond pas aux aspirations du peuple sahraoui. Pour étayer ses propos, Amar Bendjama s’est référé au 28e président des États-Unis, Woodrow Wilson, qui affirmait que «les aspirations nationales des peuples doivent être respectées», soulignant ainsi le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination.
A sens unique
Dans sa plaidoirie, Amar Bendjama a mis en avant le caractère unilatéral du projet de résolution. «Ce texte crée un déséquilibre entre les deux parties au conflit en mettant l’accent sur les ambitions territoriales de l’une tout en ignorant les aspirations de l’autre, à savoir le peuple sahraoui qui revendique la liberté», dénonce Amar Bendjama. «Les propositions du Front Polisario, récemment soumises au Secrétaire général et au Conseil de sécurité de l’ONU (S/2025/664), avaient été ignorées, alors que le Front est une partie essentielle au conflit dont la voix doit être entendue», a-t-il regretté.
L’ambiguïté persiste
La résolution onusienne est loin d’être une victoire pour le Makhzen, contrairement au discours officiel. C’est la poursuite du statu quo sous bénédiction internationale, et un succès symbolique pour le droit international et pour le peuple sahraoui, qui conserve la légitimité de sa cause. En effet, si on se réfère au texte confus de la résolution adoptée, le principe de l’autodétermination du peuple sahraoui demeure intact au regard du droit international et des résolutions antérieures de l’ONU (1975, 1991, 2020…). Un droit consacré par le cadre juridique régissant les territoires non autonomes et les processus de décolonisation. D’autant que le soutien des onze membres du Conseil ayant voté en faveur de cette résolution, notamment les États-Unis et la France, au plan d’autonomie proposé par le Maroc n’annule nullement le droit légal du peuple sahraoui de décider de son avenir. En effet, l’ONU ne peut légalement ignorer ou effacer un droit déjà inscrit dans ses résolutions antérieures.
Le jeu trouble sino-russe
Si le choix de l’Algérie de boycotter complètement le vote illustre son attachement historique au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et son soutien constant au Front Polisario, il n’en est pas de même de certains pays, notamment la Russie et la Chine qui se sont abstenues. Pourtant, deux puissances disposant du droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU. Par leur abstention, Moscou et Pékin ont, implicitement, soutenu le Makhzen, même si le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, a soutenu que «nous n’avons pas usé du veto, car le projet de résolution ne méritait pas une confrontation».
Synthèse Badis B.
