A peine dix jours plus tard, à Nairobi, ce même M23 s’associait à la création d’une nouvelle alliance politico-militaire de dix-sept partis, appelant à renverser le pouvoir en place à Kinshasa. Les lendemains de l’Alliance du fleuve Congo (AFC) sont encore incertains, mais l’annonce de sa naissance le 15 décembre depuis un hôtel de la capitale kényane, par Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale congolaise jusqu’en 2021, a stupéfié Kinshasa. Sous le regard du président du M23, Bertrand Bisimwa, Corneille Nangaa s’est dit prêt, s’il le faut, à « prendre le pouvoir à Kinshasa ». Le tout, à cinq jours de la tenue des élections générales en RDC. Furieux, le gouvernement congolais a dès le lendemain convoqué l’ambassadeur du Kenya à Kinshasa et rappelé ses émissaires au Kenya et auprès de l’EAC, en Tanzanie, pour consultations, provoquant la première crise d’ampleur entre les deux pays qui se vantaient d’être de proches alliés et des partenaires commerciaux depuis le rapprochement entre Félix Tshisekedi et l’ancien président Uhuru Kenyatta en 2018. « Le Kenya nous doit une explication », avertit Patrick Muyaya, le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement congolais, interloqué par le fait « qu’un pays avec qui nous travaillons de manière étroite pour le retour de la paix dans l’est de la RDC puisse abriter des activités subversives de cette nature ». Les autorités de RDC considèrent le M23 comme une organisation « terroriste », soutenue par le Rwanda voisin. Censée calmer l’incident diplomatique, la réponse en deux temps du Kenya a, au contraire, envenimé la crise. Le ministère kényan des affaires étrangères, par voie de communiqué, le 17 décembre, s’est d’abord « dissocié fermement de toute déclaration susceptible de nuire à la paix et à la sécurité de la nation amie de la RDC », promettant d’enquêter sur les auteurs de la déclaration donnant naissance à l’Alliance du fleuve Congo.
Entre la RDC et le Kenya : Les relations brouillées
