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Après le rejet anti-français du Sahel : Macron lâché par les siens

Le président français a amèrement reconnu avoir été lâché par l’Occident  pour avoir selon lui, refusé de lâcher à son tour, le président Bazoum, destitué par un putsch  de l’armée nigérienne le 26 juillet dernier.  «Et on nous explique que la bonne politique aujourd’hui, ce serait de le lâcher. Parce que c’est devenu à la mode.» a-t-il déclaré après avoir fait l’éloge du Président déchu qu’il entend soutenir, y compris militairement. Devant un parterre diplomatique de haut niveau, le chef de l’Etat français a été sarcastique et cinglant mais clair quant au désaveu subi par la France.   «Parce qu’en fait, il faudrait produire local maintenant, même quand ce sont des putschistes.» Cette allusion semble directement s’adresser aux Etats-Unis dont l’ambassadrice, Rachna Korhonen, a prêté serment auprès de la République du Mali le 22 décembre 2022, suite au coup d’Etat militaire de 2021 qui a hissé aux commandes du pays le vice-Président Assimi Goïta. Ses piques précises semblent cibler principalement les Etats-Unis, militairement présents au Niger, et qui ont, au lendemain du putsch, chargé une haute responsable de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, de rencontrer, à Niamey, les auteurs du coup d’Etat. Victoria Nuland avait alors indiqué avoir rencontré le général de brigade Moussa Salaou Barmou, nouveau chef d’état-major de l’armée, et d’autres responsables. La responsable américaine avait précisé, à cette occasion, que le général Barmou était bien au fait de la coopération existant entre le Niger et les Etats-Unis, en raison de son engagement passé dans les forces spéciales américaines. Cette réactivité outre Atlantique, suivie par l’empressement de Giorgia Méloni, présidente du Conseil italien, qui en parallèle tisse, au lendemain du coup d’Etat nigérien, des liens avec Joe Biden mais également le Président tunisien Kaïes Saied, devenu un «ami»  pour lequel elle n’hésite pas à s’entremettre auprès du FMI. Dans la foulée, Méloni s’autoproclame «principale interlocutrice de l’Afrique» et parle désormais de «Sud global» tout en exhortant l’Otan de se renforcer en Afrique et au Moyen-Orient. Ethiopie, Algérie et Libye sont également dans son agenda africain désormais surbooké. Macron ne s’y trompe point qui souligne : «Et de Washington, en passant par d’autres capitales européennes, j’ai entendu des voix, j’ai écouté des journaux, j’ai lu des tribunes qui nous expliquaient : « N’en faites pas trop, ça devient dangereux. Ça devient dangereux». Il continue : «Il ne faut pas trop s’engager ? On va regarder, parce que les putschistes nous ont proposé un Premier ministre ? Voilà, on va s’engager, c’est ça la bonne politique. Il ne faut pas être jusqu’au-boutiste, on n’est pas chez nous. C’est ça ce que veulent faire les autres capitales».

Fustigeant l’attitude conciliante des puissances occidentales envers les putschistes africains, le Président Français a dénoncé l’épidémie de coups d’Etat en Afrique et a de nouveau entonné son refrain élogieux quant aux opérations militaires françaises : Serval et Barkhane qui, selon lui, ont empêché la disparition pure et simple du Mali, du Burkina-Faso et du Niger. La France qui semble désormais bien seule dans ses intentions va-t-en guerre en Afrique, n’envisage ni de  retirer ses 1.500 militaires postés au Niger ni de rappeler son ambassadeur officiellement  expulsé par les nouveaux responsables à Niamey. Face au Togo, hostile à toute violence et qui compte reprendre le rôle de médiateur qu’il a brillamment rempli en janvier 2023 au Mali entre le Président de la transition malienne, Assimi Goïta, et la Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Faso  et aux membres de la Cédéao  qui ne sont pas tous acquis à l’intervention militaire la France a bien du mal à maintenir le statut qui fut le sien en Afrique. Coincée dans cette posture inconfortable le chef de l’Etat français  propose de réorienter  les relations avec les pays africains en direction des sociétés civiles et parle de développer de nouveaux partenariats en dehors de l’Afrique, c’est-à-dire en zone indopacifique. Malgré le communiqué de l’Union européenne qui assure la France de son soutien à l’ambassadeur français toujours en poste au Niger, malgré son expulsion par les putschistes le constat de Macron sonne bel et bien comme un aveu d’échec.

Rania H. 

Rédaction Crésus

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