Le constat est sans appel. Depuis Molière, l’hypocrisie, qu’elle soit politique ou sociale, n’a pas disparu. Dans Tartuffe ou Don Juan, Molière a moqué, raillé, critiqué l’hypocrisie. Mais, force est de constater que plus de 350 ans plus tard, la situation n’a pas changé. En effet, si Tartuffe est, sans doute, le coup le plus dangereux porté à la religion, le roi du Maroc, Mohammed VI, l’est pour la chose politique. Sentant les relents de la « faucheuse », le roi bonimenteur, Mohammed VI, tente de calmer le jeu en tendant « la main à l’Algérie ». Un air de déjà-vu. Dans son discours traditionnel prononcé à l’occasion de la fête du trône, samedi 29 juillet, le roi du Maroc a évoqué l’Algérie, à laquelle il a de nouveau tendu la main pour « un retour à la normale ». Hypocritement, il a exprimé le vœu de reprendre langue avec Alger. Une manière d’enterrer la «hache de guerre». Et pourquoi pas, fumer le calumet du… «karkoubi», la drogue de la violence. Après avoir inondé la toile d’intox, de mensonges et de propos haineux contre l’Algérie, son peuple et ses dirigeants,,. Mohammed VI, dans un moment de délire, appelle à l’apaisement. « Nous rassurons nos frères en Algérie, leur direction et leur peuple qu’ils n’auront jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc », a déclaré le roi Mohammed VI. Dans sa diatribe, et toute honte bue, Mohammed VI, a déploré les tensions avec l’Algérie (sic!) et a confirmé ( resic !) à l’égard des Algériens le prix qu’il attache « aux liens d’affection et d’amitié, aux échanges et aux interactions » entre les deux peuples. Estimant, tout seul, qu’il «n’existe plus aucune logique qui peut expliquer la fermeture des frontières, depuis 1994 ni aucune explication acceptable, Mohammed VI a appelé les hautes autorités algériennes, en l’occurrence, le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune, à « un retour à la normale et une réouverture des frontières entre nos deux pays voisins et nos deux peuples frères », oubliant de souligner, au passage, que son pays est à l’origine de cette situation. Une manière de masquer son naufrage. Une ouverture à même d’améliorer le quotidien des Marocains, dont la pauvreté est le lot quotidien et dont les moyens de subsistance se résument à la contrebande et au narcotrafic. Mais de quelle confiance parle le roi de l’hypocrisie qui n’a pas hésité à conditionner le rétablissement des relations en faisant table rase des antécédents ? Quelle confiance accorder à un «roitelet» qui pour se maintenir sur son trône, n’a pas hésité à recourir à des actes d’espionnage systématiques révélés par le scandale Pegasus ? Quel crédit accorder au discours au Roi du farniente pour lequel le mot « excuses» est banni ? Quel crédit accorder à ses propos apaisants, lorsque l’on sait que la clarification exigée par Alger, suite à la dérive de l’ambassadeur du Maroc à New York ne viendra jamais ? Quel crédit accorder à ces propos où il «assure» que «vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc qui n’est nullement un danger ou une menace pour vous» ? Quel crédit accorder à quelqu’un qui a permis au ministre, d’alors, des Affaires étrangères de l’entité sioniste, Yair Lapid, de menacer l’Algérie à partir du territoire marocain ? Autant d’indices qui poussent à douter de la sincérité de ce Tartuffe versatile. « La relation avec le Maroc a atteint un point de non-retour et notre position est une réaction», a affirmé, en mars dernier, le Président Tebboune dans un entretien avec la chaîne qatarie Al-Jazeera, tout en indiquant qu’«il est regrettable que cette relation entre l’Algérie et le Maroc atteigne ce niveau entre deux pays voisins». Jouant les mères Teresa, Mohammed VI avait, en 2021, estimé que «l’état actuel de ces relations ne nous satisfait guère, car il ne sert en rien les intérêts respectifs de nos deux peuples», ajoutant qu’ «il est même jugé inacceptable par bon nombre de pays» sans pour autant avancer le moindre nom. Pire, le Makhzen s’est enfoncé dans son rapprochement, notamment militaire, avec Israël. En somme « main tendue » s mais jamais accompagnée de « gestes concrets » susceptibles d’apaiser la tension entre les deux pays voisins. Une manière d’accuser l’Algérie de «mauvaise volonté» et de lui imputer la responsabilité de cette situation «déplorable qui gâche les potentialités de nos deux pays», pour reprendre ses propos. C’est au moment de sa mort que le cygne chante.
Badis B.