L’Algérie doit-elle quitter la Ligue des Etats arabes ? Question pertinente. Tant l’Algérie joue un rôle de premier plan au sein de l’organisation panarabe. Tombée dans l’escarcelle des monarchies du Golfe, cette organisation n’est plus en mesure d’assurer le service minimum. Il y a quelques années, l’ancien ministre des Affaires étrangères (1980-1988), Ahmed Taleb Ibrahimi, s’interrogeait sur l’inexplicable maintien de l’adhésion de notre pays à cette «coquille vide» qu’est la Ligue arabe. Aujourd’hui, plus que jamais, se pose, pour l’Algérie, la pertinence de continuer à siéger dans son immeuble poussiéreux du Caire. D’autant que l’Algérie a officiellement demandé à rejoindre l’organisation supranationale des pays émergents dite «Brics», qui regroupe le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. D’ailleurs, certains experts estiment que l’entrée du pays dans le groupe serait bien plus utile que sa présence au sein de la Ligue arabe. Une adhésion qui donnera à l’Algérie un nouvel élan. Une adhésion qui lui donnerait un rôle interactif avec des partenaires importants. Une «bouée de sauvetage» à même de sortir de l’isolement économique, et de se prémunir des influences occidentales et des monarchies du Golfe. D’autant que l’adhésion aux Brics n’empêchera pas l’Algérie de continuer à siéger au sein de cette organisation panarabe qui ne sert absolument à rien ou, pire, à attiser des différents déjà dramatiques et compliqués. En outre, l’adhésion aux Brics «protégera l’Algérie des frictions entre les deux pôles» soulignait le président de la République Abdelmadjid Tebboune. Une adhésion soutenue par les deux principaux membres des Brics, la Chine et la Russie. Deux géants via lesquels l’Algérie pourra diversifier ses partenariats économiques et ses échanges commerciaux, notamment avec les autres pays du groupe comme le Brésil ou l’Afrique du Sud. Une adhésion à ce groupe d’influence offrira à l’Algérie diverses opportunités à même d’accroître les partenariats économiques et d’impulser les investissements structurants avec les pays membres. En effet, une telle initiative va permettre à l’Algérie d’avoir des relations directes avec de grandes puissances émergentes et de rehausser son statut diplomatique. Sa position géographique est un atout majeur. Tant l’un des objectifs du Brics est de pouvoir «jouer un rôle dans le contrôle du commerce international et de faire face aux organisations qui veulent dominer l’économie mondiale». Et pour cause, les pays membres du Brics, qui représentent la force économique du futur, enregistrent une croissance à deux chiffres. Début avril, la part du groupe des Brics dans le PIB mondial équivalait à 31,5 %, contre 30,7 % pour les grands du G7 (États-Unis, Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni). Une adhésion aux Brics permettra l’accès aux financements, de fructifier les échanges commerciaux et d’avoir accès à un système de financement alternatif au dollar américain et au système financier international Swift. Au plan politique, l’Algérie pourra se servir de son adhésion aux Brics pour faire entendre la voix du Monde arabe au sein du nouveau groupement multipolaire. Dans un contexte mondial en proie à de profondes mutations, aux crises multiples et aux conflits d’intensité variable, l’Algérie est réputée comme étant l’une de rares voix audibles et crédibles sur qui la communauté internationale peut compter, pour espérer une résolution de plusieurs dossiers sensibles et qui engagent l’avenir de l’humanité. En termes de convergences politiques avec l’Algérie, «les pays des Brics défendent le droit international et le rôle central des Nations unies, en tant qu’organisation chargée de maintenir la paix et la sécurité internationales, de faire avancer le développement durable et d’encourager et de protéger les droits humains. Contrairement aux pays de la Ligue arabe qui ont cautionné la «normalisation» avec l’entité sioniste aux dépends d’une Palestine qu’ils affirment défendre. Aussi, tergiverser à rester au sein de la Ligue des Etats arabes ne fera que retarder l’élan de développement escompté.
Badis B.