Chronique

Affaire des 15.770 psychotropes : Les pourvois rejetés

Ces derniers étaient poursuivis pour commercialisation illégale de pas moins de 15 770 comprimés psychotropes, soit 400 boîtes de Rivotril fabriquées et importées de France, qu’ils tentaient de faire écouler à travers plusieurs régions du pays, notamment à Mostaganem, Relizane, Boufarik et Alger, dans le cadre d’une bande organisée.  Le verdict prononcé par la présidente en charge du dossier avait été accueilli avec satisfaction et soulagement, que ce soit par les parents et proches des inculpés que par les avocats de la défense, mais aussi par les incriminés eux-mêmes, car ils ne réalisaient pas que les premières peines prononcées contre eux en 2013, lesquelles étaient de l’ordre de 20 ans de prison, ont été purement et simplement allégées d’une moyenne de 5 ans. Les faits de cette affaire remontent à l’année 2010 lorsque les éléments de la division centre de la sûreté d’Alger avaient arrêté le principal accusé, qui avait abandonné son véhicule à quelques encablures du square Port Saïd dans lequel se trouvaient plus de 100 comprimés de Rivotril. Après son arrestation, l’inculpé est passé aux aveux en déclarant aux enquêteurs qu’il «faisait partie d’une association spécialisée en matière de commercialisation et qui activait notamment à l’ouest du pays». Suite à quoi, les investigateurs lui avaient  suggéré de collaborer avec eux en tendant une souricière aux autres membres de cette association qui n’ont pas tardé à être appréhendés en possession de plusieurs cartons de psychotropes estimés à 400 unités. Les uns comme les autres avaient affirmé au cours de l’enquête préliminaire et de l’instruction judiciaire de la 9e chambre du pôle du tribunal de Sidi M’Hamed, lequel avait  procédé par des commissions rogatoires, «avoir perçu des sommes faramineuses estimées entre 56 et 58 millions de centimes par opération et entre 6 000 et 7 000 DA par comprimé», comme l’avait indiqué Z. Rabie. Les huit inculpés qui se sont succédé aux auditions n’ont pas pu faire face aux questions pertinentes du représentant du parquet général au tribunal criminel d’Alger. Le procureur général avait  relevé beaucoup de contradictions dans les réponses des incriminés. L’un d’eux, répondant aux initiales de Z.R, avait clamé haut et fort : «J’ai menti à la justice lors de mon premier jugement. Toutes les dépositions que j’ai faites auparavant sont fausses car je voulais sauver certaines têtes !». Et d’ajouter : «Je commercialisais de manière illégale des produits psychotropes ». Les inculpés appelés à la barre avaient  axé leurs interventions sur «les situations familiales désastreuses dans lesquelles ils vivaient et ont procédé de la sorte car ils voulaient juste améliorer leurs conditions de vie !». Le procureur général avait d’emblée estimé dans son réquisitoire que «les mis en cause faisaient partie d’une bande organisée spécialisée dans la commercialisation de stupéfiants. Cette association activait dans plusieurs régions du pays, notamment à l’Ouest». Il dira à l’attention de la présidente : «Mme la présidente, grâce à une minutieuse enquête les policiers de la division centre d’Alger avaient  mis hors état de nuire les membres de cette bande de malfaiteurs. Ces derniers avaient  tenté de faire écouler pas moins de 15 770 comprimés de Rivotril». Le parquetier avait  affirmé que «l’Etat algérien a cessé en décembre 2007 de fabriquer ce genre de médicaments, car il possédait des informations que le marché pouvait être inondé par ces opérations fallacieuses de vente illégale de stupéfiants». Le procureur  avait  enfin estimé que «les faits sont très graves et les mis en cause ne méritent ni clémence ni indulgence de votre honorable tribunal, Mme la présidente, Mmes les conseillères, c’est pourquoi je requiers 20 ans de prison ferme contre tous les inculpés». Les avocats de la défense constitués au profit des inculpés, tous incarcérés, avaient  axé leurs plaidoiries sur les carences et anomalies relevées, notamment au niveau de l’instruction judiciaire. Les  avocats avaient  tout fait pour détruire les accusations portées à l’encontre de leurs clients par «le juge d’instruction alors en charge de l’enquête, puis par les juges de la chambre d’accusation de l’époque». Les mêmes avocats avaient  estimé que «le magistrat instructeur s’est contenté de distribuer les accusations au lieu d’approfondir ses investigations, alors que les juges de la chambre d’accusation n’ont pas fourni d’efforts pour situer la responsabilité pénale de chacun des accusés». Dans le même contexte, les avocats avaient  tenu à souligner que leurs clients devaient  purement et simplement être acquittés du chef d’inculpation d’activité au sein d’une bande organisée spécialisée en matière de vente illégale de stupéfiants, arguant que «les inculpés qui se sont succédé à la barre ne se connaissent pas tous !». Ils avaient  insisté sur «l’application des articles ayant trait aux circonstances atténuantes». Après les délibérations rappelons-le,  le tribunal criminel avait  répondu favorablement aux demandes des avocats qui ont vu leurs clients condamnés à des peines allant de huit à quinze ans de prison ferme en passant par dix et douze ans, assorties de deux millions de dinars d’amende pour chacun des mis en cause. Un seul accusé avait  été acquitté pour manque de preuves.

Redouane Hannachi

Rédaction Crésus

About Author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimerez aussi

Chronique

Bien fol est qui s’y fie

Journal algérien spécialisé en économie, politique et actualités variées.

Crésus @2024. All Rights Reserved.