Le plongeon n’en finit pas. La banque régionale américaine First Republic a continué de s’effondrer vendredi 28 avril à Wall Street après un court répit. Les rumeurs sur une stratégie ou un plan de sauvetage se multiplient sans se concrétiser pour l’instant. Selon le Wall Street Journal, l’agence américaine chargée de garantir les dépôts bancaires, la FDIC, pourrait prendre ce week-end le contrôle de la banque puis revendre ses actifs à un autre établissement. JP Morgan Chase et PNC Financial Services font partie des sociétés intéressées, ajoute le quotidien économique en citant des sources proches du dossier. Cet établissement californien valorisé 20 milliards de dollars au début de 2023 n’en valait plus que 654 millions à la fermeture de la Bourse américaine vendredi dernier. Avec ce nouvel effondrement, les inquiétudes des bourses augmentent d’un cran. Après les turbulences bancaires, suite à la faillite de la Silicon Valley Bank aux Etats-Unis puis la tempête sur le Crédit suisse en Europe, voilà que la banque régionale américaine First Republic enregistre un plongeon. Les gouvernants tentent de se montrer confiants, écartant le scénario de la crise financière de 2008. Mais face à ces signaux d’alerte qui se multiplient, il y a lieu de s’inquiéter. Les spécialistes commencent déjà à faire des hypothèses affirmant que nombre de gouvernements paraissent vulnérables. Ils s’inquiètent pour le Royaume-Uni, dont la dette publique atteint désormais l’équivalent de près de 100 % de la production. Mais aussi pour l’Italie, où l’endettement s’élève à 150 % du revenu national. Quant au Japon, sa dette publique se monte désormais à 260 % du PIB. Les experts craignent la faillite de nouvelles banques commerciales, laissant planer leur doute sur certains grands établissements européens, dont Crédit Suisse, rachetée le 19 mars dernier par sa rivale UBS. L’Algérie n’est pas directement concernée. L’expert Omar Berkouk avait bien expliqué, dans un entretien à Crésus que les banques du pays «sont en dehors des Marches des Capitaux et Monétaires Internationaux. Ce n’est pas le cas de la Banque Centrale d’Algérie qui a un portefeuille d’actifs sous-jacents de ses réserves de changes et dont on ne connait pas la composition, la duration et les Banques dépositaires. Elle devrait par souci de transparence communiquer sur son portefeuille et sur son Marked to market. En cas de récession mondiale, l’économie Algérienne par la courroie de transmission du prix des Hydrocarbures serait impactée négativement.» Il avait également évoqué les conséquences de cette crise financière sur l’économie mondiale, affirmant «on peut dire sans se tromper que la mondialisation économique sur fonds de dérèglementation libérale et de conditions monétaires rendues faciles par des banques centrales de plus en plus éloignées de leur mandat initial sont à l’origine de ces crises financières à répétition. Les crises bancaires et financières ont la particularité de se diffuser beaucoup plus vite que les crises industrielles et commerciales. Les symptômes sont la perte de confiance et la course à la liquidité. C’est en cela qu’elles sont graves, et qu’il est nécessaire de les circonscrire rapidement (…). Cette nouvelle crise vient se rajouter à celle de 2008 qui n’avait pas encore été ‘‘soldée’’. Le monde ne fera pas l’économie d’une profonde récession pour nettoyer les comptes. Là où s’arrête la crise financière commence la récession économique.» Pour Omar Berkouk, les pays en voie de développement ou en développement sont toujours les plus touchés. «Qu’il s’agisse des prix des matières premières, de la hausse des taux d’intérêt et du dollar ou bien de l’inflation importée. Ces Pays dépendent de centres de décisions qui leurs échappent. Est-ce une occasion d’adopter un nouvel ordre économique Mondial dont l’équilibre et la stabilité ne dépendent pas de Wall Street, de la City ou de Bruxelles ?» s’est interrogé l’expert. Et à ce propos, la décision des Brics de créer leur propre banque ne serait-elle pas la bonne solution ?
Amine Ghouta