Chronique

Les intestins : [Les véritables complices qui m’ont aidé à m’enfuir de la prison d’El Harrach ne sont pas dans le box des accusés…]

Aidé par son avocate pour s’enfuir de la prison d’El Harrach

L’incroyable évasion d’Oussama Escobar 

Les juges de la chambre délictuelle et correctionnelle de la cour suprême ont répondu favorablement à la demande du procureur général qui a insisté sur la confirmation de la décision prise par l’ancien  président de la 8e chambre pénale de la cour d’appel d’Alger Hellali Tayeb dans l’affaire du narcotrafiquant Hanniche Oussama alias «Oussama Escobar».

Le président en question s’est déclaré, faut-il le souligner, qualitativement incompétent pour statuer dans cette affaire car il a estimé que les faits reprochés aux mis en cause relèvent de la criminelle et non pas de la correctionnelle. Les juges de la même chambre, ont par ailleurs, rejeté le pourvoi en cassation de l’avocate incriminée qui a aidé Hanniche Oussama à s’évader de la prison d’El Harrach.   L’inculpé qui s’est évadé de la prison d’El Harrach avant d’être rattrapé suite à une minutieuse enquête de la Gendarmerie nationale, en plein centre-ville d’Ain Témouchent ainsi que les 18 autres inculpés devront encore patienter quelques mois pour être auditionné par le juge d’instruction alors en charge du dossier sous la forme criminelle.  Pour rappel, l’inculpé a déclaré le 15 janvier 2017 dernier lors de son audition que : «Les véritables complices qui m’ont aidé à m’enfuir de la prison d’El Harrach ne sont pas dans le box des accusés mise à part l’avocate.  Mes complices sont des hauts placés qui m’ont porté aide et assistance de l’extérieur de la prison. J’ai donné leurs noms non seulement aux gendarmes, au procureur de la République mais aussi au juge d’instruction qui a instruit l’affaire mais en vain. Ma dénonciation est restée sans suite. Au lieu de vous pencher sur les petites têtes, M. le président, je vous demande d’ordonner l’arrestation de ceux qui font rentrer cette marchandise du Maroc !». L’incriminé entouré des gendarmes de la compagnie de Bouzeréah a affirmé au président de l’audience qu’il «continuera à profiter des occasions pour quitter sa cellule de la prison de Koléa. Si  ces dernières me sont  données, je n’hésiterai pas à prendre la fuite !». L’incarcéré a reconnu au cours de son passage à la barre d’avoir chargé l’avocate Laoudj Zahira pour le faire évader de la prison. Il a déclaré au président dans le même contexte qu’il a arrêté la date et l’heure avec elle et lui a suggéré de ne pas remettre le badge 11 qui lui a été remis par l’agent du pénitencier deux jours auparavant». Le baron  de drogue a, par ailleurs, indiqué que : «L’avocate m’a accompagnée jusqu’à la sortie de la prison où l’attendait son père et son voisin…». Il a en outre tenu à souligner que : «Son père et ses frères étaient au courant de son évasion et du plan qu’il a tracé avec son avocate mais par contre sa mère ne savait absolument rien sur cette affaire». Appelée à la barre pour donner sa version des faits, l’avocate a déclaré à l’attention du président : «Son père m’a appelé et m’a dit qu’Oussama voulait me voir à la prison. Il m’a remis 30 millions de centimes». Et d’ajouter les larmes aux yeux, lorsque je me suis présentée à la prison d’El Harrach, le mis en cause m’a donné l’ordre d’appliquer à la lettre ses directives, il m’a dit que je devais tout faire pour faire réussir son évasion et m’a proposé pas moins d’un milliard !». «Au départ et vu la situation financière désastreuse dans laquelle, je vivais, j’ai accepté. Le jour «J», je lui ai ramené un costume, une paire de lunettes et des chaussures et même une péruque. J’ai eu très peur et j’allais revenir sur ma décision mais il m’a menacée de tuer mon fils que je n’ai pas revu depuis mon incarcération !». Elle a par ailleurs affirmé au président que : «Les inculpés incarcérés au même titre que moi n’ont rien à voir dans cette affaire.  Les gardiens emprisonnés ne savaient pas que j’allais le faire sortir de la prison». Les autres inculpés notamment l’épouse d’Oussama Hanniche et son clandestin qui prépare un master en droit ont nié avoir eu l’intention de porter aide et assistance au mis en cause. Son épouse a déclaré aux juges : «Je ne savais pas qu’Oussama était un baron de la drogue. Je ne l’ai appris que lorsque le juge d’instruction du pole judiciaire du tribunal d’Alger me l’a dit». Quant au jeune clandestin, il a expliqué : «Mon seul tort et d’avoir donné mon portable avec lequel, l’épouse a appelé Oussama». Les gardiens de l’établissement pénitentiaire inculpés ont nié avoir participé d’une manière directe ou indirecte dans l’évasion du mis en cause.  Quant à son complice à savoir Belaskri qui purge une peine de 12 ans de prison ferme a nié avoir porté aide et assistance au principal inculpé. Les prévenus qui se sont succédé au dernier mot ont clamé haut et fort leur innocence : «Nous n’avons rien à voir dans cette affaire c’est pourquoi nous sollicitant à ce qu’on soit blanchi des faits qui nous sont reprochés notamment au niveau de l’instruction judiciaire». Les avocats de la défense à l’instar de Me Youcef Merrah et Tahar Khiar ont d’emblée clamé haut et fort la relaxe pure et simple en faveur de leurs clients. Ils ont estimé que : «L’instruction judiciaire a été bâclée. Le juge d’instruction devait ordonner aux enquêteurs un complément d’information et ne pas se contenter des procès-verbaux établis par la Gendarmerie nationale». Ils n’ont pas caché leur mécontentement quant à la non poursuite judiciaire du directeur et son adjoint dans cette affaire : «Au lieu d’être poursuivis en matière pénale pour négligence manifeste ayant permis l’évasion d’un détenu, les concernés ont été promus !». Il convient de signaler que le mis en cause a été arrêté et placé en détention à la nouvelle prison de Koléa avant d’être transféré à celle d’El Harrach car le juge d’instruction du tribunal de Blida s’est dessaisi du dossier en faveur de son collègue à savoir le juge d’instruction du pôle judiciaire d’Alger dans le cadre de l’affaire des 56 quintaux de kif traité saisis par les services de sécurité. Le procureur requiert l’incompétence qualitative et  la requalification des faits pour tous les accusés. Le procureur général près la cour d’appel d’Alger à savoir M. Akrout Larbi a requis, le jour même du procès et au cours de son réquisitoire, dans le cadre de l’affaire du narcotrafiquant de drogue Hanniche Oussama alias «Oussama Escobar» qui a été condamné lors de son premier jugement par le tribunal correctionnel d’El Harrach, a cinq ans de prison ferme pour désertion de la prison d’El Harrach, s’est déclaré non seulement qualitativement incompétent mais il a par ailleurs insisté sur la requalification de la nature des faits reprochés au mis en cause et ses complices. Le représentant du ministère public a appuyé ses demandes sur le fait que le principal accusé dans cette affaire a fait de fracassantes déclarations en pleine audience allant déclarer que : «Les principaux accusés n’ont jamais été inquiétés que ce soit au niveau de l’instruction judiciaire et au cours de sa comparution devant le juge chargé de la section des flagrants délits du tribunal d’El-Harrach». Le même procureur n’a pas, par ailleurs, caché son mécontentement quant aux graves accusations portées par l’inculpé Oussama Hanniche contre les gendarmes qui les a traités au cours de son audition par le président en charge du dossier en l’occurrence M. ;Hellali Tayeb, d’ «hommes  corrompus», qui n’ont fait que leur travail de manière convenable. M. Akrout a, en outre, souligné que le mis en cause doit être poursuivi en matière criminelle conformément à l’article 177 alinéa 3 du code pénal pour gestion d’une association de malfaiteurs. Il a par ailleurs estimé que les peines prononcées lors du premier jugement doivent être revues car l’article par lequel il est poursuivi stipule que ces dernières c’est-à-dire les sentences doivent passer entre 10 et 20 ans de prison ferme.

Redouane Hannachi

Rédaction Crésus

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