L’inculpé a déclaré : «Je ne comprends toujours pas comment que mon nom figurait dans un groupe terroriste. Je n’ai rien à voir avec les attentats sanglants ayant secoué la Glacière durant la décennie noire qu’a traversé notre pays. J’ai toujours sacrifié mon temps pour servir la religion et non pas autre chose Mme la présidente ! Je jure Mme la juge que je n’ai jamais été ni adhérent ni sympathisant avec les groupes armés !». C’est ainsi que s’est défendu l’ex-Imam de la Mosquée «El Nasser» située en plein cœur du quartier populaire et populeux de la cité Bel Air «ex- la Glacière», lors de son passage à la barre mercredi dernier devant le tribunal criminel d’Alger que présidait Mme Oudina Fouzia qui était assistée de Mme Dahbia Cheniti et Mme Bensalah Karima et de deux membres du jury. Les faits de cette affaire remontent au mois de novembre 1992 lorsque dans le cadre d’une enquête sécuritaire liée à la lutte contre le terrorisme, les éléments de la police judiciaire d’Alger ont pu démanteler un groupe composé de pas moins 11 individus qui étaient dirigé par un ancien émir de l’ex-GIA à savoir Said Mekhloufi abattu plus tard par les services de sécurité. Le groupe en question était divisé en deux associations, ces dernières se réunissaient chaque jour que Dieu fait au niveau de la mosquée «El Nasser» de la Glacière. La première se chargeait d’assassiner les personnes et la deuxième était quant à elle charger de collecter les fonds au profit des groupes armés qui activaient notamment à Alger et Boumerdes. Selon l’arrêt de renvoi de la chambre de contrôle de la cour spéciale d’Alger, les membres de cette association terroriste étaient derrière les assassinats dont été victimes deux policiers et un garde communal en 1993. Les policiers ont été assassinés dans la localité de bachjarah par balles alors que le garde communal qui a été assassiné à Boudouaou a été achevé à l’arme blanche par ses bourreaux. Appelé à la barre pour donner sa version des faits qui lui ont été reprochés, le mis en cause a nié toutes les accusations estimant que ces dernières lui ont été collées par un autre accusé qu’il n’a jamais vu ou rencontré, il a déclaré en direction de la présidente très attentive : «Je n’arrive toujours à réaliser ce qui m’est arrivé suite à cette affaire. J’ai toujours été blanchi par la justice et ce depuis mon accusation au lendemain de l’arrestation des membres de cette association terroriste. J’ai comparu à deux reprises devant la cour spéciale d’Alger et j’ai bénéficié de deux acquittements pour la simple raison que les juges qui étaient chargé de mon dossier ont estimé que les preuves légales et matérielles relatives à mon accusation n’étaient pas reniées». A la question de savoir s’il a été poursuivi dans des affaires similaires, l’accusé a déclaré : «Oui Mme la présidente j’ai été poursuivi et condamné dans une affaire liée au terrorisme et plus précisément à l’apologie comme quoi j’assistais les groupes terroristes en matière d’approvisionnement notamment en denrées alimentaires et en argent». Dans le même contexte, il a tenu à souligner : «j’ai écopé de cinq ans de prison ferme puis j’ai bénéficié des dispositions de la charte de la concorde civile» Il a en outre nié avoir donné ou assisté aux brèches subversives en soulignant : «J’ai toujours été contre la violence. Je ne pouvais pas donner des brèches qui sont contraires à la religion». Dans son réquisitoire le procureur général a d’emblée estimé que toutes les preuves légales et matérielles relatives à l’accusation sont formelles notamment en ce qui concerne son adhésion au sein de cette association criminelle qui sévissait dans le quartier où lui-même était Imam.
Le procureur a appuyé ses accusations par le fait que le mis en cause était un récidiviste en matière de poursuite judiciaire dans le contexte du terrorisme. Il a par ailleurs estimé que la personne qui l’a citée l’avait bel et bien rencontré pour la simple raison qu’elle n’habitait pas dans le même quartier que lui. Il a enfin requis la réclusion à vie contre l’accusé qui est resté bouche bée. L’avocat de la défense a clamé haut et fort l’innocence de son client : «Mme la présidente vous ne pouvez pas condamner mon client sur la base de déclarations d’un terroriste qui a semé la terreur non seulement dans sa ville natale Boudouaou. Mon client est innocent des faits qui lui ont été reprochés d’autant plus qu’il n’a jamais été entendu par rapport aux chefs d’inculpation retenus contre lui au cours de l’enquête préliminaire et l’instruction judiciaire». Après les délibérations, le tribunal a répondu par non aux questions liées à la culpabilité par un oui quant aux circonstances atténuantes. Il a été purement et simplement acquitté des deux chefs d’inculpation à savoir appartenance à un groupe armé ayant pour objectifs entre autre de déstabiliser la sécurité de l’Etat et de créer un climat de psychose et d’insécurité au sein de la population a d’emblée affirmé la juge chargée du dossier : «Je n’ai rien à voir avec les groupes terroristes Mme la présidente! ».
Redouane. Hannachi