Le premier jour de la reprise des débats a été consacré à l’intervention de plusieurs avocats constitués aux hommes d’affaires inculpés durant lequel ceux-ci ont axé leurs plaidoiries sur les vices de forme. Ces derniers ont clamé haut et fort en direction de la présidente de la chambre pénale de «violations» de la procédure tout au long de l’instruction judicaire. Pour rappel, avant la levée de l’audience mercredi dernier l’avocat de la défense de Saïd Bouteflika a dressé un dur réquisitoire contre le travail du juge d’instruction alors chargé d’instruire l’enquête judiciaire allant jusqu’à dire que le magistrat a «violé» les procédures relatives à la perquisition effectuée dans la villa du frère du président de la République décédé. Me Salim Hadjouti a d’emblée sollicité des juges l’annulation des procédures concernant son client car il a estimé que ses droits civils et civiques «ont été bafoué et violés». Dans le même contexte, il a indiqué que «mon Client est prêt à être jugé mais avec une enquête légale et une perquisition légale». A propos de la jonction des 14 affaires, il a tenu à préciser «qu’en vertu du code de procédure pénale, il n’y a que la chambre d’accusation et le juge du siège qui ont droit d’assembler ces dossiers». L’avocat est allé loin dans ses dire allant jusqu’à se poser la question : «Sur quelle base on lie Saïd Bouteflika au chauffeur d’un camion, au directeur des barrages et aux familles de Tahkout et de Mazouz ? L’avocat en question a estimé que les dossiers ont été unis sans qu’il y ait de liens entre mon client et les autres inculpés. Il a par ailleurs fait savoir à la présidente «qu’il était déjà convaincu que l’instruction judiciaire était guidée» Pourquoi n’avons-nous pas saisi la chambre d’accusation ?
Concernant les chefs d’inculpation, l’avocat a souligné : «Mes collègues et moi nous n’avions pas été informés. Alors comment voulez-vous qu’on aille dans le fond de l’affaire alors que la forme n’a pas été respectée du début jusqu’à la fin de l’instruction judiciaire madame la présidente ?» L’avocat a par ailleurs axé sa plaidoirie sur le travail des commissions rogatoires et aux perquisitions. «Mais avant, dit-il, il faut savoir que tout le dossier repose sur le listing des appels téléphoniques entre Bouteflika et les hommes d’affaires, Zeghaimi, Benhammadi, Kouninef et Metidji, obtenus par la gendarmerie sans passer par le juge d’instruction qui n’a pas donné son accord pour faire un tel travail !» Dans le même contexte Me Hadjouti a dit que «le listing date du 31 mars 2019 c’est-à-dire un jour avant que Abdelaziz Bouteflika ne soit déchu suite au soulèvement populaire contre lui et un jour avant qu’il ne soit placé dans une résidence surveillée». A propos de l’instruction sur la base de l’ouverture d’une information judiciaire en date du 28 octobre 2020, par le parquet du pôle pénal financier et économique sur le «blanchiment d’argent», «abus de fonction» et «dissipation de biens illicites». Il a constaté que «le juge a décidé d’ajouter le blanchiment dans le cadre d’une organisation criminelle, alors qu’il était tenu de rester dans le contenu de la demande du parquet».
Les avocats qui se sont succédé aux plaidoiries à l’instar de celui d’Ali Haddad ont axé leurs interventions sur les violations des procédures relatives notamment aux perquisitions effectuées dans leurs domiciles par les gendarmes.
Redouane Hannachi