Bruits de bottes ou froissement de pantoufles ? La guerre de basse intensité que se livrent les États-Unis et leurs alliés contre l’Iran et les siens connaitra-t-elle, ces derniers jours, de nouvelles péripéties ? Alors que l’Occident se débat dans le casse-tête russe et l’épouvantail nord-coréen, sans parler de l’angoissante épée de Damoclès chinoise, l’Iran se rappelle au bon souvenir de la communauté internationale. Le problème du nucléaire iranien est à nouveau brûlant. Des responsables américains estiment que l’Iran s’est rapproché de la production de matières fissiles. Selon le département américain de la Défense, l’Iran n’aurait besoin que «d’environ 12 jours» pour fabriquer suffisamment de combustible nucléaire pour une bombe. De quoi susciter des inquiétudes pour l’Occident et l’entité sioniste…et même des menaces militaires. Néanmoins, si l’Iran incarne un «problème» pour les États-Unis depuis 1979, la politique iranienne de Washington s’est refusée depuis près de vingt ans à faire d’Israël son bras armé contre Téhéran. Face au risque d’une déstabilisation totale du Moyen-Orient et de voir l’Iran s’équiper de capacités nucléaires à des fins militaires, les Américains ont toujours soigneusement évité de contribuer à toute escalade. Le choix d’éviter à tout prix la confrontation directe avec l’Iran était un choix de bon sens. Avec les derniers développements, cette ligne de conduite sera-t-elle maintenue ? L’administration Biden semble s’écarter du chemin tracé par ses prédécesseur et semble privilégier l’option militaire au détriment de la diplomatie, toujours dans l’impasse, si l’on se fie aux déclarations de l’envoyé spécial des Etats-Unis pour l’Iran, Robert Malley, qui a prévenu, décembre dernier, que Joe Biden est prêt à envisager une option militaire afin d’empêcher l’Iran de détenir l’arme nucléaire. Tandis que l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’entité sioniste laissait entendre que l’État hébreu «devait et pouvait faire tout ce qui lui semblait nécessaire face à l’Iran», et ce avec l’approbation américaine. Une référence à peine voilée à une action militaire. D’autant que le Premier ministre de l’entité sioniste aurait tenu récemment cinq réunions avec des responsables de la sécurité pour discuter «d’une option militaire très réelle». Car le régime iranien enrichit de l’uranium qui se rapproche de plus en plus de la qualité requise pour des armes nucléaires. De telles gesticulations étaient attendues et, à la limite, de bonne guerre que l’entité sioniste monte au créneau et sorte les dents. Sûr de son impunité, elle se comporte en trublion tout en créant la discorde dans son environnement. En somme, deux poids, deux mesures. Comme à son habitude, la mauvaise foi le dispute au cynisme. Toléré pour l’entité sioniste mais interdit pour l’Iran de disposer de l’arme nucléaire. Il y a des sujets sensibles, tels que le nucléaire, qui sont et restent, l’exclusivité d’un quarteron d’Etats. Des textes universels, existant, ne s’appliquent pas de la même manière à tous. D’autant que la relation entre l’Iran et l’Occident traverse ses jours les plus critiques en raison du soutien militaire de l’Iran à la Russie dans la guerre d’Ukraine. Un soutien qui n’est pas pour plaire aux chefs de la diplomatie américaine, française, allemande et britannique qui s’inquiètent de la coopération de plus en plus étroite entre Téhéran et Moscou. Un conflit dans lequel les pays arabes de la région semblent diviser même si certains veulent d’abord contenir l’Iran. Tandis que l’administration Biden cherche à repousser la Russie et à gérer la montée en puissance de la Chine. Des choix difficiles pour les pays du Golfe qui ne veulent pas être empêtrés dans ces dynamiques compliquées. Les pays du Golfe se montrent donc peu disposés à apporter un soutien inconditionnel à la ligne américaine sur le conflit russo-ukrainien, et mettent à profit cette période pour faire valoir leur ressentiment D’ailleurs, même des États qui entretiennent traditionnellement de bonnes relations avec Washington – la Tunisie, l’Égypte, mais aussi des pays du Golfe, comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou le Qatar- se sont abstenu de voter contre la Russie. De leur côté, les Egyptiens n’ont pas pardonné à Washington ce qu’ils ont considéré comme un lâchage de Hosni Moubarak en 2011. Tout cela pour dire que ça bouge beaucoup et que ça sent le soufre.
Badis. B.