La deuxième compagnie pétrolière américaine a récemment relancé ces discussions pour un investissement en Algérie, selon le journal américain Wall Street Journal (WSJ). La même publication a fait savoir que Chevron négocie un accord dans l’exploration d’hydrocarbures avec l’Algérie. Une information confirmée par le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, qui a fait savoir à l’agence Bloomberg que Sonatrach espère conclure un accord avec la compagnie pétrolière américaine en 2023. «Nous sommes en discussion sur le choix des périmètres», a déclaré Toufik Hakkar, ajoutant que «notre objectif est de conclure un contrat au cours de cette année». Des indices qui laissent croire que l’Algérie compte bel et bien reprendre ses explorations du gaz de schiste, abandonné officiellement depuis 2019. Une supposition corroborée par le fait que la compagnie pétrolière américaine Chevron est connue pour ses conquêtes dans le domaine du gaz de schiste. Flash-back. Le groupe Sonatrach et la compagnie américaine Chevron ont signé en mars 2020 un mémorandum d’entente pour étudier les opportunités de gaz naturel en 2020, mais aucun progrès dans le dossier n’a été enregistré, rappelle le Wall Street Journal. L’accord concerne la préparation d’une cartographie des zones gazières et pétrolières à travers l’engagement des opérations d’exploration du gaz conventionnel et non conventionnel dans les bassins d’Ahnet, de Gourara et de Berkine, trois des plus grands réservoirs de gaz naturel d’Algérie, mais aussi…en gaz de schiste. Chevron espère tirer parti des technologies développées dans les schistes américains pour développer le même type de réserves en Algérie, rapporte la même source. L’initiative de Chevron et son intérêt pour le marché algérien s’explique, d’une part, par le ralentissement de la production américaine de schiste en raison de la hausse des coûts, mais aussi par la richesse du sous-sol algérien en la matière. Selon certaines estimations, l’Algérie détient les troisièmes plus grandes ressources de schiste récupérables au monde, derrière la Chine et l’Argentine, avec 19 800 milliards de m31, soit quatre fois plus que ses réserves de gaz conventionnel. S’exprimant lors d’un entretien télévisé, le P-DG de Sonatrach, Toufik Hakkar, a déclaré que les réserves algériennes de ressources gazières non conventionnelles couvrent 150 ans de consommation, sur le marché national et en terme d’exportation. L’exploitation du gaz de schiste serait-elle une aubaine pour l’Algérie ? D’autant que le président de la République Abdelmadjid Tebboune plaide pour l’accroissement de la production nationale en gaz naturel pour arriver à 100 milliards de mètres cubes, dont une partie sera destinée à l’exportation. Lors du sixième sommet du Forum des pays exportateurs du gaz (GECF, sorte d’OPEP du gaz) qui s’est tenu à Doha (Qatar), le chef de l’État a rappelé la doctrine traditionnelle des autorités algériennes en assurant que «l’Algérie est un pays fiable en matière d’approvisionnement en gaz naturel et compte le rester». Pour trouver de nouvelles ressources, il faudra développer les ressources non conventionnelles à même de demeurer un producteur majeur et un partenaire économique fiable. Sur ce point, Nordine Aït Laoussine, ex-ministre de l’Industrie, est catégorique. Le dossier du gaz de schiste «doit être déterré et réexaminé à la lumière des nouvelles données sur le marché mondial du gaz naturel et à la faveur de l’inclusion du gaz dans la taxonomie verte européenne» déclarait-il dans un entretien publié par le site spécialisé Energy Magazine. Tandis que le directeur général des études économiques et de la prospection au ministère de l’Energie des Mines, Miloud Medjelled, a révélé, le 24 février sur les ondes de la Radio nationale, que le secteur de l’énergie parie sur l’extraction d’énergies non conventionnelles, faisant savoir que 42 milliards de dollars ont été alloués pour développer les opérations de recherche et d’exploration de Sonatrach pour la période de 2023 à 2027. Le recours de l’Algérie à l’exploitation des réserves non conventionnelles de gaz est simplement vital, dans le sillage du conflit russo-ukrainien. D’autant plus que la nouvelle loi sur les hydrocarbures, qui autorise l’exploitation du gaz de schiste, ouvre la voie au développement d’un partenariat basé sur le partage de production qui a fait ses preuves et qui pourrait se révéler très avantageux pour l’Algérie dès lors qu’il laisse les investissements à la charge des partenaires étrangers. Pour peu que la question environnementale soit prise en charge afin d’éviter l’opposition et la contestation de la population locale.
Badis. B.