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Tripartite : Nécessaire dialogue avec le front interne

Le dialogue social est l’outil le plus approprié pour la promotion de meilleures conditions de travail et plus largement pour agir pour une plus grande justice sociale. C’est un instrument majeur qui permet d’établir une meilleure gouvernance dans de nombreux domaines et de concourir à davantage d’équité dans la sphère économique. L’Algérie, de tout temps, a adopté cette démarche, dans ses prises de décisions. Les gouvernements précédents ont toujours tenu, des tripartites où l’exécutif rencontraient patronat et organisations syndicales, créant un cadre pour la coopération entre le gouvernement et les partenaires sociaux sur de nombreuses questions comme les salaires, la formation, les conditions de travail, la santé, la sécurité au travail, etc… Cette concertation annuelle visait à promouvoir la paix, la stabilité sociale et apporter des solutions sociales consensuelles. Certes, au fil des ans, la Tripartite a été vidée de sens, l’UGTA, le grand syndicat du pays qui revendique près de 3 millions d’adhérents, était devenue un appendice du pouvoir, applaudissant toutes les décisions et n’ayant comme rôle principal que celui du «pompier» pour éteindre les feux de toute contestation sociale même légitime.  Mais en Algérie, il n’y a pas que l’UGTA qui avait dévié de son chemin, les gouvernants aussi et le pays s’est retrouvé dans une crise sans précédent. Aujourd’hui que les choses commencent à se remettre en place, il y a lieu de reprendre les bonnes habitudes. Bien évidemment dans leur forme et pas dans le fonds puisque gouvernement, patronat et syndicat à l’époque ont été entachés par les scandales de corruption. Sur cette question de dialogue et de concertation, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a toujours affiché l’attachement de l’Etat au dialogue permanent avec les partenaires sociaux afin de garantir la transparence et le respect total des lois lorsqu’il s’agit d’actions de revendication. Dans un message adressé aux travailleurs algériens à l’occasion de la Journée internationale des Travailleurs (1er mai 2022), lu en son nom par le ministre du Travail, Youcef Cherfa, le chef de l’Etat avait indiqué que «l’Etat est attaché au dialogue permanent avec les partenaires sociaux afin de garantir la transparence et le respect total des lois lorsqu’il s’agit d’actions de revendication». Il avait relevé, dans ce cadre, avoir donné des «orientations pour l’élaboration d’une loi-cadre régissant le travail syndical et l’enrichissement de sa teneur à travers la concertation et le débat avec les professionnels». Le projet de loi doit prendre en ligne de compte, poursuit le Chef de l’Etat, «les chartes et conventions ratifiées par l’Algérie, permettre une véritable représentation des syndicats et l’engagement à promouvoir le volet socioprofessionnel des travailleurs loin des conflits politiciens qui ont vidé l’action syndicale de sa véritable essence». On ne peut plus clair. Et pourtant ! Aujourd’hui, ces mêmes syndicats sont montés au créneau, pour contester le contenu des deux projets de loi sur l’exercice syndical et sur la prévention et le règlement des conflits au travail. Pourquoi ? Où est la faille ? Le président a pourtant bien instruit son gouvernement d’ouvrir large les concertations ? Si réellement le dialogue, il y a eu, les syndicats qui qualifient ces deux textes «d’anticonstitutionnels» et «d’attentatoires aux libertés», n’auraient pas recouru à l’arbitrage du chef de l’Etat. Il ne s’agit pas d’un ou de deux syndicats mais de 31 organisations autonomes qui affirment que les textes sont «non-conformes aux conventions internationales, ratifiées par l’Algérie». Même l’UGTA, devenue aphone ces deux dernières années, a fini par exprimer, aussi, son mécontentement et a demandé le retrait des deux textes.  Ce bras de fer annoncé remet au-devant de la scène l’importance des réunions tripartite. Des «tripartites» qui doivent connaître, à l’image du pays, un changement profond. Il ne s’agira plus de réunir gouvernement, patronat et UGTA mais plutôt gouvernement, patronat et organisations syndicales. Cette demande, faut-il le rappeler, avait été formulée à plusieurs reprises, dès 2020, par la Confédération des industriels et patrons algériens (CIPA) à titre d’exemple ou encore par le nouveau patron de l’UGTA, Salim Labatcha. Ce dernier avait même annoncé, la tenue d’une telle rencontre avant la fin 2021 mais n’en a plus fait cas.  Certes le président de la République a réuni, en 2020, le gouvernement, les partenaires sociaux et les opérateurs économiques. Une forme de tripartite qui avait débattu des questions cruciales que sont les aspects économiques, les voies et moyens de relancer la sphère de production, le tout sous l’épée de la crise sanitaire induite par la pandémie du coronavirus. Il s’agissait de la Conférence nationale sur la relance pour une économie nouvelle. Cette rencontre a été grandement utile permettant à l’Algérie de mettre son économie sur les rails. Dans la même lancée, des tripartites pour traiter des questions aussi cruciales qui sont les lois régissant le travail syndical ou encore les conditions des travailleurs, le pouvoir d’achat, doivent obligatoirement être tenues pour une meilleure gouvernance. Le Président Tebboune est sur plusieurs fronts notamment celui de la diplomatie veillant à redorer le blason de l’Algérie à l’extérieur. Sur le front interne, son gouvernement doit prendre le relais et veiller à consolider l’union et à assurer la paix sociale.

Amine. Ghouta.

Rédaction Crésus

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