Les frontières entre les deux pays s’étendent sur 350 km et il est très difficile de lutter contre ces trafics. Cette zone frontalière est aujourd’hui une vaste passoire. Mais depuis quelque jours, des vidéos réalisées par les unités de la douane algérienne montrent des Tunisiens interpellés avec des produits alimentaires subventionnés aux frontières algériennes. Beaucoup de Tunisiens trouvent le salut sur le sol algérien. Ils viennent désormais en bus loué pour la circonstance pour acheter tout ce qui se vend à El Eulma et ailleurs. Dans cette ville, des hôtels ont fleuri pour accueillir les Tunisiens. En effet, ils sont nombreux à s’y rendre et à rentrer avec la voiture bourrée de produits de toutes sortes. Certains d’ailleurs en ont fait un business très juteux et traversent plusieurs fois par mois la frontière. A en croire cette vidéo qui tourne depuis quelques jours sur la toile, Alger a décidé de serrer la vis. Dans cette vidéo on aperçoit un citoyen tunisien aux prises avec un agent douanier algérien. Le ressortissant tunisien pensait sans doute pouvoir passer tranquillement avec somme toute une quantité de marchandises raisonnable par rapport à tout ce qui débarque dans le pays. Il a été très surpris d’apprendre qu’il ne pouvait même pas faire passer un bidon de 5 litres d’huile végétale, au motif que la marchandise est subventionnée et donc exclusivement réservée aux Algériens. Idem pour les canettes de soda qu’il a embarquées et finalement toute la marchandise. Toujours est-il que le Tunisien a dû laisser toute sa marchandise sur place. Apparemment les autorités algériennes ont sifflé la fin de la récréation ce serait une tuile de plus sur la tête des Tunisiens, surtout ceux qui habitent dans les régions frontalières et dont on sait que beaucoup tiennent le coup grâce à ces bonnes affaires en Algérie, sans parler des trafics de tous genres sur lesquels les autorités ferment les yeux comme l’essence, et le gasoil la semoule, l’huile et qui font vivre bon nombre des habitants de ces zones. Une station essence Naftal est située juste avant le poste-frontière. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, «25% de la production nationale de carburant est gaspillée et exportée illégalement». Des pickups rentrent d’Algérie chargés de jerricanes de 20 ou de 200 litres d’essence. Ils passent les contrôles de sécurité sans encombre. Acheté à 45 DA, le litre se vend à presque 2 dinars tunisien soit quatre fois plus en Tunisie. La contrebande étant devenue un problème sécuritaire et économique, le gouvernement algérien a pris de nouvelles mesures pour enrayer le trafic. En plus des procès-verbaux et de la confiscation de leur marchandise, plusieurs d’entre eux ont été déférés en justice et ont subi de lourdes peines pouvant atteindre jusqu’à dix ans de prison ferme. Sept (7) Tunisiens ont été arrêtés pour contrebande et spéculation et présentés devant le juge à Tébessa. La gendarmerie avait saisi à bord d’un bus touristique «une quantité importante de denrées alimentaires subventionnées». Une somme d’argent de 4 000 dinars avait également été saisie. Face à l’ampleur de ce phénomène de contrebande, l’Algérie et la Tunisie ont durci leurs lois. Face à l’ampleur du phénomène et à la volonté de deux pays de lutter contre la spéculation, le président tunisien a décrété en mars dernier une loi punissant ce genre d’infractions de 10 ans de prison à la perpétuité. Une loi similaire existait déjà en Algérie. C’est un problème qui a toujours existé, notamment dans les régions frontalières. Et cela dure depuis des années qu’il y a un commerce parallèle.
M. T.