Il était le football. Le plus grand joueur de tous les temps, celui qui a incarné ce sport plus que quiconque. La mort de Pelé, décédé jeudi des suites d’un cancer à l’âge de 82 ans, a provoqué l’émotion de toute une planète, bien au-delà des amateurs de foot.
La fédération brésilienne a simplement tweeté «ETERNEL » avec une photo du “Roi” Pelé et «1940-Infini » pour lui rendre hommage. Avant d’être une icône mondiale, Pelé est d’abord une légende brésilienne. Joueur de 1956 à 1974 après y avoir passé quelques années en équipes jeunes, le Santos FC restera le club de la carrière de Pelé. C’est ici qu’il a remporté le gros de son palmarès. Le club lui a rendu hommage avec un «Eternel» et une couronne sur fond sombre.
Neymar a publié un émouvant hommage à Pelé sur son compte Instagram. Comme le “Roi”, Ney a porté le numéro 10 si convoité de la sélection brésilienne : «Avant Pelé, 10 n’était qu’un chiffre. J’ai lu cette phrase quelque part, à un moment de ma vie. Mais cette phrase, belle, est incomplète. Je dirais, avant Pelé, le football était juste un sport. Pelé a tout changé. Il a transformé le football en art, en divertissement. Il a donné de la visibilité au Brésil. Le football et le Brésil ont élevé leur statut grâce au roi ! Il est parti mais sa magie reste. Pelé est POUR TOUJOURS !!». Double champion du monde avec le Brésil (1994 et 2002) et double Ballon d’Or (1997 et 2002), Ronaldo s’est lui aussi exprimé après le décès de Pelé. “Unique. Génial. Technicien. Créatif. Parfait. Inégalé. Le meilleur de tous les temps. Le monde est en deuil, a-t-il écrit sur Instagram. C’est un mélange de tristesse et de fierté immense pour l’histoire qu’il a écrite. Quel privilège d’être venu après toi, mon ami. Son héritage transcende les générations. » Romario, l’homme qui a conduit en 1994 le Brésil à son premier titre de champion du monde depuis le dernier sacre auriverde avec Pelé en 1970, a réagi dans un message publié sur son compte Twitter. «Le Brésil fait ses adieux à l’un de ses fils les plus illustres : Pelé, le roi du football, a-t-il écrit. Élu athlète du siècle, Edson Arantes do Nascimento a fait plier le monde devant son talent, emmenant le football brésilien sur l’autel des dieux.» Une autre légende Lionel Messi a réagi sobrement au décès de Pelé et lui a rendu hommage sur son compte Instagram : «Repose en paix, Pelé».
Champion du monde 1998, autre grand numéro 10 de l’histoire du football, Ziaden a posté une photo du Brésilien sur son compte Instagram en écrivant en portugais : «Eternel, Roi Pelé».
Club où Pelé a terminé sa carrière en 1977, le New York Cosmos a évidemment rendu hommage à son “Roi” avec une publication sur Twitter. «Le nom de Pelé restera à jamais synonyme d’art sportif et de génie. Son impact durable sur le sport du football est inestimable. Repose en paix, O Rei », ajoute le club.
Un deuil de trois jours au Brésil
Pour la première fois depuis 82 ans, le Brésil va se réveiller sans Pelé. Avec le décès du “Roi” du football, le pays entame un deuil national de trois jours, une marque de respect pour Edson Arantes do Nascimento, accompagné de condoléances planétaires. Après la mort d’Elizabeth II en septembre, c’est une autre figure majeure du XXe siècle qui disparaît en 2022, suscitant des réactions du monde du foot, mais aussi de la politique ou de la culture. Une veillée funèbre, ouverte au public, aura lieu lundi et durera 24 heures, au stade du Santos FC, club où l’éternel numéro 10 a brillé de 1956 à 1974. L’enterrement, mardi, se déroulera en revanche dans l’intimité familiale, après un cortège suivant le cercueil dans les rues de Santos, ville portuaire à 80 km de Sao Paulo qui a décrété pour sa part un deuil de sept jours.
Devant l’hôpital pauliste où le triple champion du monde est décédé, des fans ont brandi une banderole où l’on pouvait lire : “Roi Pelé éternel”. A Rio de Janeiro, le Christ Rédempteur du Corcovado, monument emblématique qui domine la baie, a été illuminé en hommage à Pelé, tout comme le mythique stade Maracana.
La presse mondiale s’incline devant l’immortel roi du foot
La presse sportive du monde entier lui a consacré, hier, sa Une. Au lendemain de l’annonce de la mort de Pelé, les médias de la planète ont rendu hommage au «roi du football», The Daily Mirror affirmant notamment que le triple champion du monde (1958, 1962 et 1970) était «le plus grand». Au Brésil, la presse s’est également inclinée devant l’ancien joueur de Santos (1956-1974).
«Deuil» pour le «roi immortel du football », a titré le quotidien brésilien O Globo sur son site, avec des images du joueur sous le maillot national, notamment celle, iconique, où tout sourire, il lève le bras droit, porté par son coéquipier Jairzinho vu de dos avec son numéro 7. «Pelé est mort, le football perd son roi », a écrit O Estado de Sao Paulo, un homme qui selon la Folha de Sao Paulo «a montré la puissance du sport et a repoussé les limites de la célébrité ».
Sur le site de ce journal pauliste, Juca Kfouri fait l’éloge du «meilleur joueur de l’histoire » et cite l’écrivain Carlos Drummond de Andrade (1902-1987) : «Ce n’est pas difficile de marquer mille buts comme Pelé : ce qui est difficile, c’est de marquer un but comme Pelé ». Ce journaliste, qui fait autorité au Brésil, conclut ainsi sa belle nécrologie : «Non, ce n’est pas vrai que Pelé est mort. Celui qui est mort, c’est Edson » – le prénom d’Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé.
En Argentine, pays de Diego Maradona et Lionel Messi, qui postulent eux aussi au titre officieux de meilleur joueur de tous les temps, Clarin voit en Pelé «la première grande star du football », un «grand parmi les grands» selon Luis Vinker. «Le ballon pleure : Pelé est mort », titre Olé. Et le quotidien sportif argentin se montre beau joueur : «Au-delà de la rivalité qui existe entre l’Argentine et le Brésil, personne ne peut douter que Pelé était l’un des plus grands footballeurs de l’histoire, pour beaucoup le meilleur au-delà de Diego Maradona et Lionel Messi. Ce qui est certain, c’est qu’il a marqué une époque depuis ses débuts adolescent, à la fois avec Santos et l’équipe nationale du Brésil ».
Toujours en Amérique latine, la presse mexicaine privilégie l’image du “Rei” fêtant son 3e titre mondial en 1970, au stade Azteca de Mexico, porté par ses coéquipiers, torse nu et coiffé d’un sombrero. «Le football est en deuil », titre El Universal. En Equateur, El Universo de Guayaquil dit «adieu à Pelé, le ‘footballeur surnaturel’ ». Aux Etats-Unis, pays bien moins porté sur le sport roi, le New York Times évoque la disparition du «visage mondial du soccer », qui «a aidé à populariser ce sport aux Etats-Unis », lors de son passage au Cosmos New York (1975-1977). «Le Brésil et le monde en deuil : il n’y avait qu’un Pelé », reconnaît le Washington Post.
Alors, Pelé était-il le plus grand ? «Il était meilleur que Messi, Maradona et Ronaldo ensemble », affirme Alfred Draxler, rédacteur en chef des sports du tabloïd allemand Bild. Die Zeit, toujours en Allemagne, rappelle que Pelé « commença pieds nus dans les rues de Bauru et devint le footballeur du siècle ».