Alors que Moscou pensait mener une guerre éclair et conquérir le pays en quelques jours, dix mois plus tard, les forces ukrainiennes résistent toujours à l’envahisseur. En cette fin d’année, difficile de voir le bout du tunnel. Sur le terrain, la situation reste tendue. La Russie a exclu la possibilité d’une trêve de Noël et continue de bombarder les infrastructures critiques, privant les Ukrainiens de chauffage et d’électricité. Le front se concentre près du Donbass et en particulier dans la ville de Bakhmout. En parallèle, les négociations de paix sont au point mort. Concrètement, Moscou veut la «démilitarisation» de l’Ukraine, sa «dénazification», qu’elle devienne un État «neutre», et réclame la reconnaissance des quatre régions annexées. «Le point est simple : remplissez-les pour votre propre bien. Sinon, la question sera tranchée par l’armée russe», a même menacé le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov. L’Ukraine, sous pression des Américains, a pour sa part établi un plan de paix en dix points demandant notamment la libération des prisonniers de guerre, le retrait des forces russes de son territoire, ou encore un tribunal spécial pour juger les crimes de guerre. Elle refuse aussi toute concession territoriale. Même si des divisions existent entre les alliés occidentaux, la stratégie russe peine à montrer ses effets pour l’instant : Volodymyr Zelensky vient de se rendre aux États-Unis pour rencontrer le président Joe Biden. Ce dernier a annoncé la livraison de nouvelles armes, une nouvelle enveloppe de 45 milliards de dollars, et promis son aide aussi longtemps qu’il le faudra». Les parlementaires ont, eux, ovationné le président ukrainien lors de son discours prononcé au Congrès.
Une offensive à la frontière biélorusse redoutée
Kiev renforce ses positions dans le nord du pays et redoute l’ouverture d’un troisième front qui pourrait changer le cours de la guerre. La guerre en Ukraine est-elle sur le point de basculer? Alors que l’hiver pourrait rebattre les cartes entre Kiev et Moscou, la Biélorussie pourrait jouer les troubles fêtes. Lors d’une conférence de presse avec son homologue biélorusse à Minsk, Poutine a annoncé un accord pour renforcer leur coopération dans tous les domaines», notamment dans le secteur de la défense. De quoi laisser craindre une opération conjointe dans les prochaines semaines entre Minsk et Moscou contre Kiev dans le nord de l’Ukraine. «On discute de ça chaque jour… Chaque jour on a peur qu’ils viennent ici encore une fois. Si ça arrive, on va retourner se cacher dans nos caves…. Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre? témoigne Sonia, habitante de la région d’Ivankiv. Entre mines et fortifications, la défense ukrainienne est donc contrainte de s’organiser. Ces dernières semaines, Kiev a dédoublé ses effectifs dans la région, et redoute l’ouverture d’un troisième front. À cinq kilomètres de la frontière, un bataillon montre ses muscles, et simule une attaque aérienne et terrestre venue de Biélorussie. Preuve que la menace est prise très au sérieux.