Ceux qui l’ont connu affirment que oui.
Ceux qui l’ont connu le décrivent comme étant un Président discret mais efficace, timide mais fier, réservé mais volontaire, généreux mais exigeant, prudent dans l’audace… Voilà comment il a vécu. Il était, certes, autoritaire, mais pas un tyran comme le prétendaient ses ennemis. L´essentiel pour lui était de mobiliser le peuple pour assurer le succès du triple objectif qu’il s´était fixé : construire un État fort, parfaire l´indépendance politique par la
récupération des richesses nationales, poser les bases du développement économique et culturel. À sa mort, ses détracteurs ont découvert, avec étonnement, qu’il ne détenait aucun patrimoine immobilier, aucune fortune personnelle.
La démocratisation de l´enseignement lui tenait aussi à cœur. A ce propos, il avait déclaré publiquement dans un entretien que : «le jour où les filles de nos paysannes analphabètes entreront à l’université, ce sera la vraie révolution.» Il voulait donner à l´Algérie une place qu’elle n´avait jamais occupée auparavant sur la scène internationale, et il a grandement réussi.
C’est lui qui, le premier, à la tribune de l’ONU, en avril 1974, a lancé l’idée du Nouvel ordre économique international.
Lors de notre dernier entretien avec son journaliste «préféré», voire presque son chargé de communication qui distillait ses messages, Paul Balta, il avait annoncé qu’il allait
convoquer un grand congrès du FLN fin 1978 pour faire un bilan. Les questions de Balta étaient claires : «Envisagez-vous d’ouvrir la porte au multipartisme ? D’accorder plus de place au secteur privé ? De libéraliser la presse ? De faciliter l’organisation du mouvement
associatif?» Il avait esquissé un sourire qui allait dans le sens d’une approbation pour enfin répondre : «Balta, vous êtes le premier à qui j’en parle, je ne peux être plus explicite pour le moment, mais faites-moi confiance, vous ne serez pas déçu». Hélas, un 27 décembre, la mort a déçu tout le Monde arabe.
S. Méhalla