Estimant que les transplantations rénales «ne répondent pas aux attentes des patients», le Pr Rayane a indiqué, en marge du 27e congrès de la SANDT tenu sous le thème «Néphrologie sans frontières», qu’une campagne nationale de sensibilisation de la population au don d’organes est envisagée en 2023 et sera entamée dans le sillage de la Journée mondiale du rein (10 mars). Cette campagne nationale «mettra l’accent sur l’importance du don d’organes, tandis que des cartes de donneurs seront distribuées aux citoyens favorables au don d’organes, ce qui permettra d’avoir une estimation sur la proportion de cette population», a-t-il précisé. Relevant que «10% de la population algérienne présentait une atteinte rénale, dont 26.000 patients dialysés et 1.000 en dialyse péritonéale», le Pr Rayane a fait savoir que «15.000 insuffisants rénaux sont actuellement en attente d’une greffe rénale, soit un minimum de 500 greffes annuelles à réaliser pour répondre à la demande. Nous sommes à 50% des objectifs à atteindre et il reste beaucoup de travail à effectuer autant pour les équipes médicales que pour la population», a-t-il expliqué avant d’insister sur le caractère purement scientifique de cette question. A ce propos, le Pr Rayane a appelé à l’implication des imams dans la sensibilisation sur cette question qui constitue un «geste salvateur» de vies humaines, plaidant également pour l’application des dispositions de la nouvelle loi sanitaire encourageant le prélèvement d’organes sur cadavres.
1.000 greffes rénales en 26 ans
Cette activité de prélèvement et de greffe d’organes est régie par la loi 85-05 du 16 février 1985 et les différents textes réglementaires d’application. Cette activité ne peut être pratiquée que dans des établissements autorisés dont le nombre est passé de 3 à 12, pour le rein, et de 1 à 2 pour le foie. Le prélèvement et la greffe d’organes ne peuvent faire l’objet d’aucune transaction financière. Le prélèvement d’organes sur personnes vivantes ne peut être pratiqué que sur personnes majeures et ne doit pas mettre la vie du donneur en danger. Le consentement doit être libre et éclairé. Ce consentement est révocable à tout moment. La première greffe rénale a eu lieu le 14 juin 1986, elle constitue 2% de la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique contre respectivement 94% et 4% par hémodialyse (270 centres) et dialyse péritonéale (15 centres). De 1986 à 2012, 930 greffes ont été réalisées, à partir d’un DVA avec une moyenne de 120 greffes/an sur les 5 dernières années. La première greffe hépatique a eu lieu le 5 février 2003. On a dénombré en novembre 2012, 33 greffes hépatiques adultes toutes réalisées à partir du DVA. Il ressort que malgré la multiplication des centres autorisés, on enregistre moins de 1.000 greffes rénales en 26 ans. Un bilan qui demeure modeste au regard, d’une part, du nombre total des patients en hémodialyse qui semble être passé de 1.720 en 1992 à 15.700 en 2012, soit 9 fois plus, d’autre part, de l’incidence de l’IRCT estimée en raison de données épidémiologiques insuffisantes et en l’absence d’un registre national bien documenté à 100 nouveaux cas par million d’habitants/an, soit à 3.500 nouveaux cas par an. Reste que les objectifs qui permettent le développement du don et greffe d’organes, la révision du système actuel d’information, de traitement de données et de communication n’ont pas donné les résultats escomptés. En effet, l’on ne peut pas établir des prévisions, des projections et des bilans si on ne dispose pas de données sincères et fiables. De même, on ne peut pas sensibiliser et augmenter le nombre de donneurs si le système de communication est défaillant, voire inexistant. A ce titre, l’introduction de l’informatique, la constitution de base de données, l’élaboration d’un plan directeur informatique et la mise en place d’un plan communication constituent une urgence pour l’agence.
M.T.