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Iran : Des écolières se rebellent contre le ministère de l’Éducation

Des images incroyables qui témoignent du courage des jeunes femmes iraniennes quel que soit leur âge. Elles ont été prises dans la ville de Karadj, située à 30 kilomètres à l’ouest de Téhéran. On y voit des écolières certaines dévoilées, d’autres non, forçant un homme à quitter les lieux, sous les cris de colère et les projectiles. Khosro Kalbasi Isfahani, cet homme est un haut fonctionnaire du ministère de l’Éducation et de nombreuses écolières ont manifesté à travers l’Iran lundi dernier. Car malgré la répression et le tragique bilan humain – au moins 92 personnes ont trouvé la mort depuis le début des manifestations -, le vent de la colère n’est pas retombé en Iran. De violents incidents ont ainsi éclaté dimanche après-midi à l’université de technologie Sharif. Des étudiants ont scandé des slogans hostiles au système religieux en vigueur en République islamique ainsi que «femme, vie, liberté» ou les étudiants préfèrent la mort à l’humiliation. Selon l’agence de presse Mehr, ils protestaient contre le meurtre de Mahsa Amini et l’arrestation d’étudiants interpellés lors des récentes manifestations, déclenchées le 16 septembre par la mort de la jeune femme de 22 ans, arrêtée trois jours auparavant par la police des mœurs à Téhéran pour infraction au code vestimentaire strict qui oblige notamment les femmes à porter le voile. Les policiers ont répliqué par des tirs de paintball. Le 2 octobre, une manifestante s’est coupée les cheveux lors d’une manifestation à Istanbul contre le régime iranien et en soutien aux femmes iraniennes, après la mort de la jeune Iranienne kurde Mahsa Amini. En 1979, elles acceptaient de porter le voile au nom de la révolution, cette fois elles l’enlèvent pour les mêmes raisons. Plus de deux semaines après la mort de la jeune Mahsa Amini, la contestation ne cesse de prendre de l’ampleur en Iran. A Téhéran, la forte répression du régime – une centaine de personnes ont été tuées, selon les chiffres communiqués par Iran Human Rights- n’y change rien, bien au contraire. Ce dimanche, c’est l’université Sharif, l’un des pôles universitaires scientifiques parmi les plus importants d’Iran, qui a été contrainte de fermer ses portes, secouée elle aussi par de violents affrontements entre étudiants et forces de l’ordre. Des étudiants iraniens «qui préfèrent la mort à l’humiliation» et qui poursuivent la mobilisation dans tout le pays, avec des slogans tels que : «femme, vie, liberté».

Le discours conspirationniste de l’ayatollah Khamenei

La seule réponse apportée par l’Iran : demander aux forces de sécurité de s’opposer «avec toute leur force» aux manifestants, comme l’a clairement fait comprendre le commandement de la police dans un communiqué, cité par l’agence de presse Fars. Face à cette répression sanglante, le pouvoir commence à s’effriter. Les premiers signes visibles quand on prête attention aux récentes déclarations du président du Parlement iranien Mohammad Bagher Qualibaf: «Le point important des manifestations (passées) était qu’elles visaient à réformer et non à renverser» le système, a-t-il estimé devant la classe politique iranienne ce dimanche 2 octobre. Il a par la même occasion demandé «à tous ceux qui ont des (raisons de) manifester de ne pas laisser leur protestation se transformer en déstabilisation et en renversement» des institutions, comme le rapporte la chaîne britannique Sky News. Muet depuis le début de la révolte, le guide suprême de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei a finalement pris la parole lundi dernier.  Et son discours atteste lui aussi de la fragilisation du pouvoir iranien, usant d’une rhétorique accusatrice et conspirationniste contre les États-Unis et Israël comme seule justification des manifestations. «Je dis clairement que ces émeutes et l’insécurité sont l’œuvre de l’Amérique, du régime sioniste usurpateur et leurs agents salariés, avec l’aide de certains Iraniens traîtres à l’étranger», a-t-il lâché dans sa première réaction à la mort de la jeune femme.

Rédaction Crésus

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