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Crise avec l’Algérie : L’Espagne a perdu 4,4 millions d’euros par jour entre juin et juillet

Le boycott des exportations espagnoles se reflète déjà dans les statistiques du secrétaire d’État au Commerce : entre juin et juillet, l’Espagne a perdu plus de 4,4 millions d’euros par jour de ventes à l’Algérie, a rapporté, hier samedi le quotidien espagnol Vozpopuli. Près de sept mois après le déclenchement de la crise, la relation économique algéro-espagnole s’est réduite aux livraisons de gaz acheminé via le gazoduc Medgaz. Une situation confirmée au même média par le président du cercle algéro-espagnol du commerce et de l’industrie (CCIAE), Djamal-Eddine Bouabdallah. «Rien n’a été récupéré. Le ministre ne sait pas de quoi il voulait parler. Hormis le gaz, il n’y a pas d’échanges», assure-t-il. Bouabdallah dément ainsi la «normalité» évoquée lundi dernier par le ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares. Le chef de la diplomatie espagnole avait indiqué qu’une «certaine normalité» avait été retrouvée dans les relations commerciales entre les deux pays, tout en soulignant qu’un «blocus» sur «certaines opérations» durait toujours. Le gouvernement de Pedro Sanchez a confirmé récemment que la paralysie du commerce extérieur entre les deux pays, décrétée en juin, est toujours en vigueur. En juin dernier, un entrepreneur espagnol se désolait de ne pouvoir prendre attache avec son client en Algérie. «Nous sommes inquiets et, au bout d’une semaine, cette inquiétude s’est transformée en résignation. Nous ne recevons aucune information positive qui nous donne de l’espoir de la part de notre distributeur en Algérie » indiquait Fernando Garay, PDG de Vitrinor, une entreprise espagnole qui entretient des relations d’affaires avec l’Algérie depuis 2010, pays avec lequel elle réalise un chiffre d’affaires annuel d’un million d’euros. «Nous sommes complètement paralysés depuis un peu plus d’une semaine. Toutes les entreprises espagnoles et algériennes qui peuvent fonctionner avec des produits espagnols en ce moment sont paralysées», a déclaré Garay, au journal La Vanguardia.

Les chefs d’entreprises mécontents de Sanchez

Dans le cas de Vitrinor, entreprise espagnole spécialisée dans la fabrication d’ustensiles de cuisine (casseroles, poêles et faitouts, accessoires, cocottes et plats de cuisson, cuiseurs vapeurs, …), les commandes qui étaient prévues pour fin juin, passées il y a deux mois et évaluées à environ 200.000 euros, ont été annulées. «En ce moment, il y a une décision politique ferme qui n’a pas changé pour le moment, et qui rend totalement impossible de travailler là-bas. Vraiment, ce sont les entreprises qui sont les plus pénalisées et, malheureusement, ce n’est pas quelque chose qu’il nous appartient de pouvoir résoudre », ajoute le DG de Vitrinor. Bien que la Confédération espagnole des organisations d’entreprises (CEOE) ne donne pas de chiffre précis, elle assure qu’il existe de nombreuses entreprises espagnoles qui exportent vers l’Algérie dans divers secteurs. Parmi les plus touchés par la décision du pays figurent le secteur semi-manufacturier, les engrais, les aliments et boissons et le secteur de la céramique. L’entreprise d’ustensiles de cuisine a réussi à s’implanter sur le marché algérien en 2010, mais se battait depuis de nombreuses années pour y pénétrer. «Cependant, une fois que vous êtes entré et que vous commencez à vous déplacer, c’est un très bon pays pour pouvoir faire des affaires», a ajouté le DG de Vitrinor. «En Algérie, notre produit continuera d’être consommé et, évidemment, nous avons beaucoup de concurrence, qui, nous le comprenons, viendra combler notre retard en très peu de temps. Après, reprendre cette activité sera vraiment compliqué», lâche-t-il. Les entreprises espagnoles craignent que le blocage provoqué par le gouvernement Sanchez leur cause plus de pertes dans le marché algérien et leur remplacement par d’autres entreprises européennes. À long terme, l’Espagne pourrait perdre quelque chose de beaucoup plus important que l’interruption du flux de gaz, et c’est la possibilité de devenir un «hub» européen pour la distribution de gaz en Europe, a noté le journal espagnol El País.

Mahmoud Tadjer

Rédaction Crésus

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