Par Rachid Ezziane
Il y a une vidéo qui tourne en boucle sur les réseaux sociaux où l’on voit le président Houari Boumedienne donnant une interview à un journaliste français et s’exprimant (fait rare) en français. L’interview date, bien-sûr, des années 70. Le premier volet de l’entretien parle de l’injustice dans les relations internationales. Et voici la réponse de feu Boumedienne à cette question : « Le monde actuel (comprendre celui des années 70) est un monde injuste. Et les relations qui le régissent actuellement découlent de lois qui ont été établies en notre absence. C’est un monde qui a été créé sans nous. Aujourd’hui, nous parlons avec beaucoup de simplicité. Aujourd’hui, nous existons et nous contestons ce monde. Nous sommes en train de contester ce monde et nous voulons créer un monde nouveau auquel nous les pays du tiers-monde nous participons à sa construction ou à sa restructuration. Un monde qui ne sera pas contre les pays développés et industrialisés, mais un monde qui prendra en considération les intérêts des pays en voie de développement. En Afrique, en Amérique Latine, en Asie, nous sommes déterminés à aller de l’avant. Ce n’est qu’une question de temps. Notre monde, c’est-à-dire celui des sous développés, le monde des pauvres. Notre monde a pris conscience que l’autre monde (comprenez celui des pays industrialisés) ne peut pas se faire sans nous et ne peut pas se passer de nous. Et aujourd’hui, il faut trouver la solution. On a beaucoup parlé de la crise (comprenez crise économique) et on a attribué toujours cette crise aux problèmes de l’énergie, mais l’origine de la crise réside dans l’injustice même et dans l’organisation du monde actuel. Nous sommes les plus nombreux. Nous sommes un réservoir des matières premières et même de la main-d’œuvre. Nous représentons un marché très vaste pour les industriels des pays développés. Donc, régler ces problèmes en dehors de nous, c’est ignorer en quelque sorte la réalité contemporaine. »
Voilà, n’est-ce pas que tout a été dit avec clairvoyance et bien en avance sur les années 70 ? Et ce discours et peut-être même bien en avance sur notre temps d’aujourd’hui, car les occidentaux et les pays riches n’ont toujours pas compris cet appel à un nouvel ordre politico-économique mondial où la justice et l’équité partagera les dividendes des richesses du monde. Voyez comment durant la crise sanitaire mondiale comment les pays riches se sont accaparés les vaccins et les remèdes pour ne laisser que des miettes à ce monde dont parlait le président Boumedienne.