Par Rachid Ezziane
Il avait la répartie, dit-on, au bout de la langue et la gesticulation à la méditerranéenne. Il aimait aussi la provocation et même la polémique. Il portait toujours, hiver comme été, un béret basque qui le faisait ressembler à un basque. Il s’agit, bien-sûr, de l’écrivain Tahar Ouettar. D’emblée, il faut le dire. Tahar Ouettar avait bel et bien contribué, et à sa façon, à promouvoir la littérature Algérienne. Il fait partie, sans contexte, des premiers précurseurs du verbe à l’Algérienne, qu’il soit en Arabe ou en Français (ses ouvrages ont été traduits en français et dans plusieurs autres langues). Son roman le plus connu, qui n’est pas le premier, et qui a été traduit en français, est intitulé : Al’Laz (ou l’As). Il a été publié en 1974. Mais son premier roman, « Dukhan fi qualbi » (fumée dans mon cœur) date de 1961. Deux autres romans qui ont connu un franc succès littéraire sont « Al-Zilzel (Le tremblement de terre) » et « Les martyrs reviennent cette semaine ». En tout, plus de vingt ouvrages, entre romans, nouvelles et pièces de théâtre, jalonnent l’œuvre de Tahar Ouettar.
Le journaliste Ahmed Cheniki, qui l’avait côtoyé et connu, le présente, dans une longue chronique, comme étant quelqu’un de dynamique, voire flambeur et sans compromission avec ses détracteurs. Il avait aussi l’humour au bout de la langue et aimait bien évoquer ses racines Chaouias. « Je suis issu d’une tribu de guerriers, les Hraktas. C’est à partir de là que commença mon apprentissage… », avait ajouté Ahmed Cheniki.
Il y a lieu aussi d’évoquer sa « prise de bec », par lettre interposée, avec Yasmina Khadra pour le roman de ce dernier « Le privilège du Phénix » que Tahar Ouettar avait « soupçonné » de l’avoir plagié de son roman « AL-L’laz ». Une grande polémique s’ensuit entre les deux écrivains, puis tout est rentré dans l’ordre sans qu’il y est ni procès ni reconnaissance.
Malgré le caractère impulsif de l’écrivain Tahar Ouettar, il faut rendre à César ce qui appartient à César, c’est-à-dire lui reconnaitre sa contribution quant à l’exportation de la littérature Algérienne au Machrek, notamment (Liban, Egypte, etc.), et puis dans le monde après la traduction de ses ouvrages.
Voici un extrait du témoignage du journaliste Ahmed Cheniki qu’il avait proposé à la lecture sur sa page facebook : « Lors de notre première rencontre dans les années 1970, j’ai su qu’il savait raconter des histoires et qu’il était un redoutable polémiste. Ce contrôleur singulier du parti unique que la direction n’appréciait nullement était paradoxalement proche des opposants… »