« Je souligne une fois de plus que les frontières qui séparent le peuple marocain et le peuple algérien frères ne seront jamais des barrières empêchant leur interaction et leur entente», a déclaré le roi dans un discours prononcé samedi soir à l’occasion de la fête du Trône. Et d’ajouter : « Notre souhait est que ces frontières se muent en passerelles permettant au Maroc et à l’Algérie d’accéder à un avenir meilleur et d’offrir un bel exemple de concorde aux autres peuples maghrébins ». Mohamed VI qui a exhorté les Marocains à préserver l’esprit de fraternité, de solidarité et de bon voisinage à l’égard des« frères algériens », va même imputer les campagnes d’insultes contre l’Algérie à « des individus irresponsables » qui
« s’évertuent à semer la zizanie entre les deux peuples frères ». Mieux, le roi dit ; « En ce qui nous concerne, jamais nous n’avons permis ni ne permettrons à quiconque de porter atteinte à nos frères et voisins » ! On ne sait plus s’il s’agit d’une plaisanterie royale ou si le roi est atteint de la maladie d’Alzheimer au point d’oublier ses multiples faux pas et ceux de ses sbires ? Il y a quelques jours seulement, la diplomatie algérienne a été obligée de réponde aux mensonges grossiers de Omar Hilale, le représentant marocain à New York. Ce dernier qui continue de dire des «idioties» à l’égard de l’Algérie et de l’Histoire, n’est que la voix de son maître. Que se cache-t-il donc derrière la main tendue de Mohamed VI ? Le roi avait fait la même tentative, l’année dernière et à la même occasion. Il avait, pour rappel, déploré les tensions qui existent entre son pays et l’Algérie, invitant à la réouverture des frontières, assurant à l’Algérie qu’elle pouvait faire confiance à son voisin de l’Ouest. A l’époque comme aujourd’hui, notre «ami» le roi ne fait pas état des dérives particulièrement dangereuses de la représentation diplomatique marocaine à New York. Faut-il rappeler que celle-ci avait distribué aux pays membres du Mouvement des Non-alignés, une note officielle dans laquelle le Maroc soutenait publiquement et explicitement le «droit à l’autodétermination du peuple kabyle» ? Un grave incident qui a amené l’Algérie à rappeler son ambassadeur et à sommer le Makhzen de s’expliquer. Le roi ne s’est également pas expliqué sur l’assassinat des trois camionneurs algériens, commis par son armée sur le territoire sahraoui libéré. Il ne s’est également pas défendu lorsqu’Alger a pointé un doigt accusateur lors des incendies de forêts. Il n’avait aussi rien à dire devant l’éclatement du scandale Pegasus, consacrant l’implication du Maroc dans une vaste opération d’espionnage de personnalités publiques et de hauts responsables civils et militaires via un logiciel espion israélien.
Responsabilités
L’Algérie avait alors de nouveau réagi avec fermeté, se réservant le droit «de mettre en œuvre sa stratégie de riposte». Les choses ne se sont pas arrêtées là, puisque c’est à partir du territoire marocain que, pour la première fois, un ministre israélien a évoqué l’Algérie comme une source d’«inquiétudes» pour son pays. Yaïr Lapid avait confié avoir évoqué avec son homologue marocain leurs «inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine». C’est à cette «source d’inquiétude» que Mohammed VI ne cesse de tendre une fausse «main», pensant pouvoir duper Alger et dissimuler ses ambitions réelles d’accaparer le leadership régional, en tablant sur une alliance avec Israël. Alger a tout simplement coupé le mal à sa racine. En rompant ses relations diplomatiques avec le régime de Rabat, l’Algérie a mis le Maroc devant ses responsabilités et remis le roi à sa vraie place, celle d’un allié de l’État sioniste, qui a trahi la cause palestinienne. Le masque du roi est tombé et a mis fin aux ambiguïtés et aux faux-semblants. L’Algérie qui « refuse les faits accomplis unilatéraux aux conséquences funestes pour les peuples maghrébins. L’Algérie qui« refuse de continuer à entretenir une fausse normalité ayant pour effet de maintenir l’ensemble maghrébin dans une situation de grave précarité, en porte-à-faux par rapport au droit international », pour paraphraser Ramtane Lamamra, le chef de la diplomatie algérienne, a mis fin aux manœuvres stériles du Makhzen, qui se retrouve, aujourd’hui, face à l’impasse, car dans cette rupture des relations, il a beaucoup perdu, à commencer par l’alimentation gratuite en gaz. On ne sait donc qui Mohammed VI veut duper aujourd’hui, en refusant qu’on porte atteinte à l’Algérie ?
Dans le chapelet de bellicisme et d’hostilité du Makhzen contre l’Algérie, y a-t-il une place pour la fraternité et le bon voisinage ? Sûrement pas et encore moins pour la confiance. Jouer le rôle de la victime, dans une relation que son Makhzen n’a fait que miner depuis toujours, ne changera rien à la réalité car l’Algérie, Etat et peuple, ne se laissera pas duper par les larmes de crocodiles.
Amine Ghouta