Par Rachid Ezziane
Il a fait chaud la semaine passée. Très chaud. Vous imaginez ce que c’était du côté de la ville de Ouargla. Mais malgré la canicule, une mère demande à son fils âgé de 12 ans d’aller acheter du pain. Houdhaïfa, avec l’insouciance de l’enfance, accepte que son jeune frère Abderrahmane, âgé de 4 ans, l’accompagne. Sans aucune protection contre les dars du soleil brûlant, ils s’en vont les deux frères à travers les rues sous une chaleur insupportable. A quelques encablures de la boulangerie, le petit frère, Abderrahmane fait savoir à son grand frère qu’il avait mal à la tête. Avec le réflexe du grand frère protecteur, Abderrahmane enlève sa chemise, la met sur la tête de son frère et reste torse nu. Un passant remarque la scène, fit sortir son téléphone, immortalise l’image des deux frères et la poste sur sa page face book. « En la publiant sur mon compte je n’imaginais pas que la photo allait faire le buzz et intéresser les internautes », avait dit le jeune qui avait pris la photo. Mais l’image, de part sa singularité d’où se dégageait l’innocence et la pureté des sentiments, avait en un temps court fait le tour du pays et même qu’elle dépassa nos frontières. S’ensuit ensuite une avalanche de partages de l’image et des commentaires élogieux. Des chaînes de télé prennent le relais et vont jusqu’à interviewer les deux frères. Sur un plateau de télé, le président de l’union des paysans Algérien (UNPA) offre aux deux enfants le mouton et les habits pour l’Aïd. Dans les commentaires il y avait aussi ceux qui, par réflexion cartésienne, ont critiqué les parents pour avoir laissé les deux enfants sortir dans cette chaleur sans protection.
Malgré la simplicité du geste de l’enfant Houdhaïfa, il y a lieu d’en tirer une belle leçon d’humanité. Surtout que le geste est l’œuvre d’un enfant qui, par un réflexe innocent et sincère comme le sont les cœurs des enfants, a donné une leçon aux adultes à revoir leurs comportements quotidiens où l’esprit de fraternité n’est pas aussi clair.
Et dire que « toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais très peu s’en souviennent », comme disait Antoine de Saint-Exupéry. Oublier d’avoir été un enfant, c’est oublier son humanité et son innéité vertueuse. Mais peut-être qu’au fond les enfants sont des sages que seule l’usure du temps et de la vie les rend des adultes déraisonnables. Quoi qu’il en soit, il y a aussi dans l’adulte un enfant qui n’est jamais adulte et qui a besoin constamment d’attention et de conseils…