Le collectif rédactionnel du journal d’expression française El Watan compte entamer une grève de deux jours renouvelable à partir du 12 juillet prochain selon le préavis de grève déposé à la direction dimanche dernier, indique un membre du collectif des journalistes qui dénonce le silence ahurissant de la direction. Les salariés ne sont pas payés depuis quatre mois. Depuis plus d’une année, le doyen des journaux traverse une crise financière aiguë qui menace même l’existence du journal. Privé de la publicité étatique depuis plus d’une dizaine d’années, le quotidien fondé en 1990 par une vingtaine de journalistes tous issus d’El Moudjahid a relevé son prix de vente à 40 DA l’exemplaire au lieu de 30 DA. Cette décision d’augmenter le prix du journal de dix DA a été envisagée, selon les gestionnaires de l’entreprise, comme dernier recours permettant d’assurer la survie de ce fleuron des médias nationaux, fondé en 1991. «Nous n’avions pas le choix. Nous avons mis sur la table toutes les possibilités et avons étudié tous les moyens pour éviter de mettre la clé sous le paillasson» a expliqué Mohamed-Tahar Messaoudi, directeur de la publication d’El Watan. Le quotidien enchaîne les bilans négatifs ces deux dernières années et cette augmentation du prix du journal «ne va pas régler les problèmes financiers de l’entreprise. Elle permettra, j’espère, de gagner quelques dividendes, de quoi assurer le versement des salaires des employés», a encore soutenu le directeur d’El Watan à Liberté aujourd’hui disparu des étals depuis plus de deux mois. Autre difficulté que rencontre le journal « la hausse récente des coûts d’impression». Et s’il a continué à exister, affirme-t-il, c’est «grâce au recours à la vente d’une grande partie de son patrimoine, au resserrement drastique de ses dépenses de fonctionnement et, bien entendu, grâce à son lectorat». Depuis plusieurs mois, le quotidien connaît des difficultés financières et conjoncturelles. Il souffre comme d’autres journaux de la baisse de ses recettes publicitaires et, aussi, de ses ventes. Après avoir dégraissé son effectif, le quotidien a été contraint de vendre certains de ses actifs pour rembourser ses dettes auprès d’une banque avec laquelle il a contracté un prêt pour financer la construction de son nouveau siège qui reste jusqu’à aujourd’hui fermé pour des raisons administratives. De plus, son compte bancaire est bloqué depuis le 9 mars dernier à cause d’un découvert bancaire de l‘ordre de 70 millions de DA et d’une dette fiscale de 26 millions de DA. Le dernier espoir pour cette entreprise de presse demeure la vente de son terrain situé à Oran mais la aussi une difficulté juridique empêche cette transaction qui pourrait à court terme permettre au journal de respirer financièrement en attendant les jours meilleurs…
Mahmoud Tadjer