Elle a consacré un article publié sur le site français Orient XXI et intitulé «Quand l’armée française pacifie au napalm». Cette professeure d’histoire contemporaine à l’université de Paris-Nanterre œuvre a montrer les crimes odieux, exactions et violences commis par l’armée française en Algérie. Dans ce document, le ministre français résidant Robert Lacoste a clairement affirmé, selon l’historienne, en 1957 le mensonge selon lequel «Napalm rigoureusement proscrit et jamais employé opération militaire en Algérie» [le napalm est rigoureusement proscrit et n’a jamais été employé en opération militaire en Algérie]. «Des instructions permanentes du haut commandement militaire français en Algérie interdisent l’emploi de ce produit», prétendent les autorités françaises. «Si la France ne peut reconnaître l’usage de cette essence gélifiée utilisée dans des bombes incendiaires, c’est que cette arme est proscrite par les conventions internationales dont le pays est signataire. Son usage, affirme la professeure, viendrait en outre contredire la fiction de simples opérations de maintien de l’ordre menées dans l’Algérie française depuis novembre 1954» écrit-elle encore. Les opérations militaires sanglantes et les confiscations de terres ponctuent l’histoire du pays à partir de la prise d’Alger, le 5 juillet 1830. Ces actes provoquèrent des famines à répétition et la paupérisation de la majorité des musulmans, les «plaçant dans une situation criante d’infériorité économique, sociale et culturelle», martèle l’historien Michel Winock.
Regroupement de la population dans des camps
«Les militaires nous ont rassemblés après avoir brûlé notre maison et ont tout détruit sur leur passage (bétail, réserves de nourriture). C’était à la suite d’un accrochage avec les moudjahidin, où ils avaient subi de lourdes pertes, m’a-t-on raconté par la suite». Depuis novembre 1954, c’est une véritable guerre qui a démarré en Algérie, sans dire son nom. C’est ainsi qu’à partir de 1957, des zones entières du département d’Algérie sont vidées de leurs habitants. Bientôt, plus de deux millions d’Algériens sont parqués dans des camps à travers tous les pays. Privés de leurs moyens de subsistance, ces Algériens se retrouvent entièrement dépendants du gouvernement français, qui les nourrit à sa guise et pas toujours en quantité suffisante. Des enfants racontent qu’ils en sont réduits à fouiller les poubelles des militaires qui gardent le camp, à ramasser des boîtes de conserve entamées et du pain rassis. La mortalité infantile y atteint 50%. Il faut attendre mars 1959 et le rapport d’un jeune élève de l’ENA appelé à faire une brillante carrière, Michel Rocard, pour que l’existence de ces camps soit portée à la connaissance des Français de métropole. Le rapport atterrit à la Délégation générale du gouvernement en Algérie. Paul Delouvrier, qui la dirige, ordonne la suppression des camps, sans que cela soit suivi d’effets. Rocard décide alors de «faire fuiter» son étude, et en juillet 1959, une série d’articles paraissent dans la presse, notamment dans Le Figaro, provoquant l’indignation des Français. Les conditions de vie s’améliorent juste un peu. Leurs occupants vont pour la plupart rester parqués jusqu’en 1962, et même après. Les camps de regroupement n’en sont alors plus, mais les populations qui les occupent n’ont parfois nulle part où aller, et elles demeurent dans ces bidonvilles, pour certaines jusqu’à la fin du 20e siècle.