Chronique

Rien ne suffit dans la vie

Par Rachid Ezziane

On a beau économiser, bâtir, posséder ou apprendre on n’est jamais satisfait. Y compris ceux qui écrivent ou peignent. Sculpte ou chantent. On a beau être riche, on pense toujours à plus riche. Quand on est jeune, on regarde avec envie les vieux qui se pavanent les mains derrière le dos. Quand on est vieux on dit, avec un long soupir : si jeunesse savait et vieillesse pouvait. On n’arrête jamais de cumuler et d’accroitre nos désirs. Un jour, on se fixe un objectif. Le lendemain on y ajoutera un autre. Puis un autre. On court vers l’impossible. On se retrouve dans les abysses du néant. On recommence. Pour un dernier sursaut. On piétine. On se hâte lentement…

Voilà le poète. Voilà l’écrivain. Ils cherchent à écrire ce que personne n’a écrit et n’écrira jamais. Après, quand leurs mots deviennent un livre, ils sont déçus comme un chien galeux ou un enfant gâté. Voilà l’artiste qui veut réaliser l’œuvre impensable, mais ne peut aller au-delà de ce qu’il pense. Ils veulent tous atteindre « l’absolu ». San jamais l’atteindre. Et ils ne l’atteindront jamais, fussent-ils des Zola, des Balzac ou des Picasso. Chaque jour que Dieu fait c’est la fuite en avant. Les uns pour un semblant, les autres pour un moins que rien ; mais tous courent vers l’insaisissable. Comme du sable qui coule entre les doigts, même pour ceux qui partent à point, ils ne cueillent quand ils cueillent quelque chose que du sable mouvant. On recherche le paradis sur terre on se retrouve dans sa face cachée, sans être en enfer. Mais tous les chemins de l’enfer sont pavés de beaux rêves. Et on s’y bouscule. Comme dans une bouche de métro. Ou comme devant un guichet de « Tchaker ». Le ticket en main. Bonjour l’enfer. Adieu le rêve…

Savez-vous d’où nous vient cette frénésie pérenne ? Comptez vos acquis et vous saurez. Comptez même ceux de toutes vos connaissances et vous compterez des miettes. La réponse est toute simple : Rien ne suffit dans la vie. Dieu l’a voulu ainsi. En vérité, il n’y a qu’une seule chose qui suffit, et à toujours suffi,  à l’homme… c’est la mort. Le reste, mes amis, n’est que littérature et sophisme à deux sous. Alors que faut-il faire ou ne pas faire ? Je ne sais pas. Chacun doit choisir le chemin qui lui convient. Le mien je l’ai trouvé dans la solitude et la méditation. Ne soyez pas déçus, entre l’impossible et le néant il y a la brèche de l’instant qu’il faut vivre dans son « instant » sans penser à en faire un paradis sur terre. Et n’en déplaise aux nihilistes qui n’attendent que ça pour fourrer leurs nez dans ce qui ne les regarde pas.

A bon penseur salut et à demain pour une autre chronique au fil du jour…

 

 

 

 

 

 

 

 

Nadir K

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