Par Rachid Ezziane
Dans ma quête du meilleur de l’homme, certes j’ai rencontré dans l’étude de l’Histoire occidentale des hommes et des œuvres qui ont magnifié l’essence de l’homme. Mais même après avoir été bercé par cette magnificence que j’aie lue dans la littérature occidentale, je n’arrive toujours pas à comprendre comment des hommes qui ont vécu dans le siècle des lumières, qui se disent humanitaires et universalistes, qui sont des écrivains, des poètes, des artistes, des personnalités presque hors normes peuvent-ils plébisciter des actes barbares, voir inhumains, en les considérant comme des faits civilisateurs. Comment, par exemple, un homme de lettres aussi distingué que Victor Hugo peut-il croire, lui qui a écrit « Les Misérables » et « la légende des siècles », que le colonialisme dévastateur « c’est la marche de la civilisation sur la barbarie » ? Comment un philosophe qui a œuvré toute sa vie pour une justice sociale dans toutes les sociétés, qui a écrit pour cela un volumineux ouvrage de plusieurs tomes (Le Capital), n’a pas dit un seul mot sur la misère et l’exploitation des Algériens lors de sa visite à Alger. Il s’agit de Karl Marx qui avait séjourné en Algérie, à Alger plus précisément, entre février et mai 1882. Atteint d’une bronchite aiguë, son médecin lui avait conseillé de passer un séjour à Alger pour son air et son soleil. Et ça continue jusqu’à nos jours. Même après avoir donné des droits aux animaux, aux pierres, aux plantes, aux océans, à l’ozone et que sais-je encore, les occidentaux continuent, mordicus, à nous dénier le droit d’être des hommes à part entière. Et pas plus tard qu’il y a quelques années, un homme politique français, candidat à la présidentielle française, que les médias et les sondages désignent président de la France avant l’heure, avec son visage presque d’enfant angélique et d’homme de son temps, qui à première vue ne ferait pas mal à une mouche, déclame, avec le sourire, que le colonialisme, « c’est le partage des cultures » !?…
Revenons un peu à l’art d’être civilisé. Oui, dans le geste de civilité, il y a de l’art de vivre. Ne peut prétendre être civilisé celui qui n’apprécie pas l’art de vivre. Marcher dans la rue peut être un indicateur de civilité, manger, boire, conduire une voiture ou tout simplement bâiller. Tous les managers du monde sont unanimes pour dire que toute réussite managériale commence par savoir dire « bonjour ! ». Une poignée de main, sincère et amicale, suivi d’un vrai sourire, ouvre toutes les portes. Le reste vient tout seul : l’amitié, la confiance, l’ouverture à l’autre et l’apaisement. Ne vivent pas longtemps, les flambeurs et ceux qui savent d’avance où ils vont. Encore moins ceux qui croient tout ce qu’ils disent.