Le secteur de l’hydraulique en Algérie franchit une nouvelle étape décisive dans la gestion efficace de ses ressources hydriques avec l’approbation d’un programme ambitieux de réutilisation des eaux usées traitées. Ce programme, d’une valeur de 34 milliards de dinars, vient d’obtenir le feu vert des autorités publiques, marquant ainsi une avancée significative dans la préservation et l’optimisation de l’eau dans le pays.
Ce projet novateur, annoncé par le ministre du secteur, Taha Derbal, lors d’une audience de la Commission de l’Habitat, de l’équipement, de l’hydraulique et de l’aménagement du territoire à l’Assemblée populaire nationale (APN), vise à répondre aux directives du président Abdelmadjid Tebboune, qui ont été énoncées lors du Conseil des ministres de novembre 2023. Ces directives mettent l’accent sur l’impératif d’augmenter la capacité de traitement des eaux usées et leur réutilisation, avec pour objectif ambitieux d’utiliser jusqu’à 60 % du volume produit.
Le programme se déploie autour de deux axes majeurs : l’augmentation du taux de traitement des eaux usées et leur réintégration dans divers secteurs d’utilisation. Ainsi, les eaux usées issues des domaines agricoles, industriels et urbains seront soumises à un processus de traitement amélioré, avant d’être réacheminées vers des zones d’utilisation telles que l’irrigation des terres agricoles.
Le premier volet de ce programme, couvrant les années 2023 à 2026, comprend la réhabilitation des stations de traitement des eaux usées existantes, l’extension des équipements, ainsi que l’introduction de systèmes de traitement avancés, notamment le traitement tertiaire. Des dossiers techniques sont en cours de préparation, en vue du lancement des appels d’offres pour la réalisation de ces projets d’envergure.
Une attention particulière est portée aux stations de traitement situées dans des régions stratégiques telles que Tarf, Annaba et Mila, afin de garantir une couverture efficace sur l’ensemble du territoire national.
De plus, des projets de raccordement entre les stations de traitement et les zones d’utilisation sont en cours, notamment celui reliant la station de Lalalik au complexe sidérurgique de Sider, démontrant ainsi l’engagement du secteur à optimiser l’utilisation des ressources en eau.
Outre la réutilisation des eaux usées, le secteur accorde également une importance capitale à l’assainissement, en modernisant les infrastructures et en étendant les réseaux d’égouts, afin de préserver l’environnement et la santé publique.
En parallèle, le secteur s’attèle à des projets d’urgence pour garantir l’approvisionnement en eau potable, notamment à travers la mise en œuvre d’un programme national de dessalement de l’eau de mer, qui prévoit la réalisation de cinq grandes stations de dessalement à travers le pays.
Dans un contexte où la gestion durable des ressources en eau est devenue une priorité mondiale, l’Algérie se positionne en pionnière avec ce programme ambitieux de réutilisation des eaux usées, témoignant de sa volonté de relever les défis environnementaux et d’assurer un avenir durable pour les générations à venir.
L’importance accordée au secteur de l’irrigation a été soulignée par Mohamed Boudouma, président de la commission de l’Habitat, qui a mis en avant l’attention particulière du président Abdelmadjid Tebboune à ce domaine crucial pour le pays. Dans un contexte marqué par une faible pluviométrie persistante, il est devenu impératif de développer des plans d’urgence pour faire face à la pénurie d’eau dans les barrages, notamment dans les régions ouest et centrale du pays.
Cependant, malgré les progrès réalisés, plusieurs préoccupations ont été soulevées lors du débat qui a suivi la présentation. Les membres de cette instance législative ont exprimé leur inquiétude quant au rythme des travaux de certains projets, ainsi que la nécessité de relancer des projets en suspens, notamment ceux liés à l’approvisionnement en eau potable et à la gestion des eaux usées.
L’audience a également permis d’aborder diverses questions relatives aux projets de dessalement de l’eau de mer, aux initiatives de fourniture d’eau potable, ainsi qu’à l’exploitation des eaux usées traitées dans les domaines agricole et industriel. Les députés ont salué les efforts déployés par l’Algérie dans la réalisation de ces projets vitaux, soulignant la contribution de la main d’œuvre algérienne à renforcer la sécurité hydrique du pays.
O.B