Culture

Alger l’imprenable, de Djamal Rebbach, aux éditions ac.com

Sortie de deux volumes retraçant le caractère d’Alger la capitale à partir du XVI° siècle, sous un angle nouveau, celui d’un Algérien qui n’a eu de cesse d’accumuler des documents sur la période de la Régence et qui livre une série de livres que l’Algérien se devrait de posséder dans sa propre bibliothèque. Un enseignant d’anglais musicien chantant les registres de Cat Stevens, Georges Brassens, Jacques Brel, un cruciverbiste auteur de grilles de mots croisés ou mieux, un verbicruciste très recherché à une certaine époque pour ses grilles proposées au regretté M’hammed Benzekour, patron d’une centrale d’achats qui a fermé ses portes juste après le décès de son propriétaire, est l’auteur aujourd’hui de livres retraçant la présence des Ottomans en Algérie. Déjà deux volumes proposés en attendant trois autres : de 1516 et l’appel d’Alger jusqu’à 1830 et l’invasion du pays par les Français. Djamal Rebbach, 67 ans, est un féru d’Histoire. «Je collectionne tout ce qui concerne l’histoire de l’Algérie, son économie, sa société. J’aime apprendre et je ne cesse de découvrir.» Le vide crucial en matière d’écrit d’histoire et de témoignages a poussé cet ancien enseignant à tenter de combler le vide pour une période bien définie, celle de la Régence. « Ce qui est écrit par les étrangers sur l’Algérie me fait mal, notamment ce qui provient de ceux qui se targuent d’être des historiens neutres mais qui se trouvent à la solde ou de la France ou du Maroc, comme Bernard Lugan qui va jusqu’à affirmer que le pays «Algérie» n’existait pas avant et que la France avait fait évoluer le pays de 1 000 ans.» Djamal Rebbach en a par-dessus la tête des Marocains, par des Français interposés et reproche à nos historiens de ne point apporter le contrepoids. Comme Kheir Eddine défendant Alger en 1519, Rebbach défend la thèse d’un pays qui avait son histoire, ses titres, ses ambassadeurs, ses lois et sa grandeur passée. Deux tomes sont publiés et deux autres sont en chantier très avancé. Le lecteur en aura pour son argent -les deux volumes ne dépassant pas les 1 900 DA- et les vacances sont donc propices à des lectures et des rencontres. D’ailleurs, l’école des arts Crescendo a déjà programmé l’auteur pour la fin du mois de juillet, soit après l’Aïd. Suivront d’autres rencontres à Alger, Koléa, Médéa, Béjaïa, Constantine et Tlemcen. Il serait souhaitable de confronter des historiens avec l’auteur, débattre avec les étudiants et tenter d’asseoir définitivement quelques aspects méconnus de faits historiques propres à l’Algérie. Le bassin méditerranéen fut le théâtre de violences, de combats où l’Algérie avait son mot à dire. L’auteur ne tarit point sur les détails de noms de personnes, de noms de lieux et de moyens que tout un chacun serait justement curieux de connaître. L’occasion est donnée par ces volumes de faire connaissance avec l’administration algérienne de l’école: les Khodja, les Oukil, les deys, les aghas, les manières de s’habiller et de se nourrir, les mœurs des militaires, les pouvoirs judiciaire et exécutif, autant que législatif pourraient être une source pour toute l’administration algérienne. Que dire des relations entre Alger et la Grande Porte? De l’Algérie avec les puissances de l’époque? Les deux volumes apportent un éclairage dont l’auteur devrait être félicité. Finie sans doute l’étape où l’Algérien avalisait tout ce qui lui venait de l’autre côté de la mer. Voilà un produit national, reposant sur des recherches approfondies, des références historiques multiples donnant plus de crédit à ce qui est affirmé.

Abdelkrim MEKFOULDJI

 

 

Rédaction Crésus

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