Société

Phénomène de la harrga: Qui est responsable ?

On les appelle les harraga. Des migrants algériens, qui tentent par milliers, chaque année, la traversée, clandestinement, de la Méditerranée en direction de l’Europe. La pauvreté, la hogra, le manque de loisirs, le mal-être pousse ces jeunes et moins jeunes à tenter «l’aventure » vers l’Europe.

Au bout de leur expédition, ils rencontrent la mort, les centres de détention, la drogue, la prostitution et… la misère qu’ils ont fuie. Toutes les catégories de personnes sont touchées par le phénomène, pas seulement les pauvres ou les chômeurs. Et si la majorité des candidats, au départ, sont des hommes de moins de 30 ans, il n’en reste pas moins que parmi les harraga, il y a des femmes, des mineurs, des vieux et des diplômés. Une étude élaborée par les services de la Sûreté nationale a révélé que la majorité des candidats à l’émigration clandestine (Harga) étaient de jeunes chômeurs célibataires âgés de moins de 35 ans affectés par leur environnement direct et conscients des dangers de l’aventure en mer. Le phénomène qui ne concernait au début, c’est-à-dire à partir de 2005, que le littoral ouest s’est répandu aujourd’hui à tout le littoral algérien. En début de l’année 2021, les corps de sept personnes, en état de décomposition avancée, ont été retrouvés sur une plage (les Trois frères) d’une localité de la wilaya de Mostaganem, a indiqué un communiqué de la protection civile. Il s’agit, selon cette institution, de cadavres de quatre femmes et trois hommes, âgés entre 16 et 30 ans. Aucune autre information n’est disponible pour le moment, notamment pour ce qui est de leurs identités. Toutefois, selon toute vraisemblance, il s’agirait de candidats à l’émigration clandestine. Pour rappel, en mai 2021, un communiqué de la Sûreté de wilaya d’El Tarf a fait savoir que des enquêteurs de la sûreté de daïra d’El Kala ont pu déjouer à temps, une tentative d’immigration clandestine. Les policiers agissant sur des informations fiables ont arrêté ainsi 4 individus âgés entre 20 et 30 originaires de la wilaya d’El Tarf et de celle d’Annaba raconte un média. Ils avaient déjà pris contact avec des candidats à l’émigration clandestine venant de toutes les wilayas de l’est du pays. Les aveux des passeurs et la fouille à leurs domiciles ont permis de mettre la main sur une embarcation d’à peine 4 mètres, un moteur hors-bord, des gilets de sauvetage, deux réservoirs pleins et des bidons contenant 100 litres d’essence. Les 4 acolytes ont écopé chacun de un an de prison ferme. Selon les mêmes services, c’est le cinquième réseau de passeurs démantelé à El Kala depuis octobre dernier. Ces arrestations et emprisonnements ne semblent pas décourager ces marchands de la mort.  Au mois d’avril de l’année en cours, le même média a rapporté que suite à plusieurs plaintes émanant de nombreuses personnes, ayant été victimes d’escroquerie par des membres d’un réseau de passeurs de migrants entre l’Algérie et l’Espagne par voie maritime, une enquête a été ouverte par la brigade de lutte contre émigration clandestine, relevant de police judiciaire de la sûreté de wilaya de Mostaganem. D’après la même source, cette enquête a abouti à l’arrestation de cinq individus, âgés de 23 à 33 ans, dont le cerveau de cette bande, en l’occurrence S. A. âgé de 29 ans, soupçonnés d’être des membres d’une organisation nationale spécialisée dans l’organisation des voyages de migrants clandestins. En  2019, les éléments de la Gendarmerie nationale d’Ain Témouchent ont démantelé un réseau de passeurs spécialisé dans l’organisation des voyages vers l’Europe, au profit de candidats à l’immigration clandestine. Dans la même année, les mêmes éléments ont démantelé un réseau régional de passeurs de candidats à l’émigration clandestine via la mer et arrêté trois de ses membres. En octobre de la même année, les unités des garde-côtes du groupement territorial de Béni Saf (Ain Témouchent) ont mis en échec deux tentatives de migration clandestine et arrêté 18 personnes dans deux opérations distinctes, au large de la mer à Bouzadjar, a-t-on appris de ce corps de sécurité. La première opération a permis d’intercepter à quelque miles au nord de la côte de Bouzadjar, un zodiac à bord duquel se trouvaient 11 émigrés clandestins dont une femme enceinte et son époux, a indiqué la même source. Quelques années avant, en 2018, trois décès et cinq blessés est le bilan provisoire d’une opération de sauvetage mené par les garde-côtes au large de Tigzirt (45 km au nord de Tizi-Ouzou) pour secourir un groupe de harraga. Par ailleurs, selon des chiffres diffusés par l’agence pour les réfugiés de l’ONU, 173 personnes ont trouvé la mort en tentant la traversée depuis l’Afrique du nord depuis début 2018. Le phénomène continue de faire des morts. L’état est face à un des fléaux les plus dangereux. Il faut élaborer dans l’urgence une stratégie de lutte pour y faire face, en coordination avec tous les partenaires

Samia Acher  

Rédaction Crésus

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