M.Zerrouki Yacine, Directeur General d’Ericsson Algérie revient dans cet entretien sur le lancement prochain de la 5G en Algérie. Il y explique en détail comment Ericsson a pensé son développement, quel sera son apport dans le quotidien des algériens et quels défis sont encore à relever dans le secteur…
Entretien réalisé par S. Chaoui
Crésus : Quel sera l’apport de la 5 G en Algérie ?
Le ConsumerLab d’Ericsson a mené au cours de 2020 une étude de terrain auprès des utilisateurs algériens de smartphones pour recueillir leurs attentes du très haut débit et de la 5G quand celle-ci sera lancée.
L’évaluation réalisée, porte sur l’accès à l’internet mobile et la perception des utilisateurs de la technologie 5G. L’échantillon interrogé est représentatif de l’avis de 12 millions de consommateurs âgés entre 15 et 59 ans, issus de plusieurs secteurs d’activité dont la santé, les transports, communication, la prestation de services, l’industrie manufacturière et l’industrie extractive, l’agriculture et l’administration publique.
Les résultats de cette étude révèlent une forte tendance de croissance du marché local mais aussi son fort potentiel. Il en ressort que :
- 6 utilisateurs de smartphones sur 10 en Algérie sont susceptibles de passer à la 5G quand celle-ci sera disponible
- Face à l’utilisation croissante de l’internet, l’amélioration de la qualité du réseau est un impératif
- Les consommateurs algériens pensent que la 5G aura le plus d’impact sur les administrations et dans le secteur des services
Etant partenaire du secteur des télécoms algérien depuis 1973, notre priorité est d’accompagner nos clients en leur permettant d’ajuster au mieux leurs services à l’utilisateur finalen fonction de la tendance du marché, et ce comme nous le faisons dans tous les pays où nous sommes présents.
Ces résultats sont un précieux indicateur des actions qu’il faut entreprendre pour répondre à cet engouement qui s’intensifie notamment dans la perspective de la 5G.
Quelles sont les conditions sine qua none pour permettre le développement de la 5G ?
En Algérie comme ailleurs, la crise de la Covid19 a favorisé également l’apparition de nouveaux modes de collaboration et d’interaction. Nous assistons à la généralisation d’exigences nouvelles et beaucoup plus pointues en matière de digitalisation.
Des segments comme le e-commerce, l’industrie 4.0 pour ne citer que ceux-là nécessitent un très haut débit et une qualité de services supérieure.
Sur le plan technologique, il faut s’attendre à ce que cette demande appelle à des offres Cloud ou de cybersécurité renforcées, ce qui requiert non seulement une préparation matérielle mais aussi un encadrement réglementaire.
Les conditions nécessaires au développement de cette technologie sont d’abord la libération des fréquences, l’augmentation de la bande passante internationale et bien sûr assurer 100% de couverture 4G et qui constituera le socle de cette nouvelle technologie.
Pour ce qui est des équipements, Ericsson commercialise déjà des équipements 5G ready et ce depuis 2016. L’objectif étant de réduire son temps de déploiement quand le moment sera venu.
La 5G couvrira-t-elle toutes les régions d’Algérie équitablement ? Une attention particulière sera-t-elle accordée aux zones d’ombre ?
Il est à souligner que l’engouement des utilisateurs pour l’internet et les dernières technologies est très important et cela à travers tout le territoire national. Nous pouvons le constater aisément sur les réseaux sociaux à travers le potentiel des jeunes chercheurs et porteurs de projets qui ont par exemple réalisé des solutions inédites lors du confinement.
Les opérateurs mesurent désormais l’enjeu de répondre à cette demande croissante, en investissant massivement dans le développement de leurs réseaux.
De son côté, le gouvernement déploie tous les moyens en vue de faciliter le développement de la technologie et de la généraliser que ce soit par le renforcement de la couverture mobile ou le renforcement du réseau fixe.
La 5G est une technologie qui s’adresse à la fois aux utilisateurs grand public et aux entreprises notamment dans les domaines de l’automation, l’industrie 4.0, les transports etc…
Cette technologie est déjà déployée ailleurs dans le monde où Ericsson compte 134 contrats 5G live.
Vous avez annoncé l’arrivée de la 5G pour 2023, à moins de 2 ans de la date butoir, quelles sont les avancées faites sur le terrain et les défis survenus ou qui restent encore à relever ?
Les perspectives laissent prédire le lancement de la 5G en 2023 en Algérie, mais encore une fois c’est le socle règlementaire et les conditions technologiques qui définiront le timing.
Notre objectif comme je viens de le dire est d’assurer la couverture totale du territoire avec la 4G dans la perspective de la 5G.
Je rappelle aussi que le lancement de cette technologie devra se faire en concertation avec les acteurs du secteur télécoms et bien sûr quand la feuille de route tracée par les pouvoirs le permettra. En tant qu’équipementier nous travailleront sur le plan technique à réduire au minimum le temps de déploiement de cette nouvelle technologie quand le calendrier donnera le go.
Qu’en est-il question coût et accessibilité ?
La technologie 5G sera accessible à tous les utilisateurs à condition de bénéficier d’une couverture 5G. De par le monde, il est observé que la 5G est déployée en premier dans les zones urbaines afin d’offrir une couverture 5G à un maximum de personnes.
Pour ce qui est des entreprises, nombre d’entre-elles verront que la connectivité cellulaire apportera une valeur ajoutée significative qui va de l’amélioration de la productivité dans les usines connectées, à des lieux de travail plus sûrs en passant par des infrastructures écologiquement plus durables.
Quels téléphones seront compatibles avec la 5G ? Des solutions sont-elles offertes par Ericsson ?
Pour bénéficier des offres 5G proposés par les opérateurs, un smartphone compatible 5G est nécessaire. Actuellement, on peut trouver des smartphones 5G à partir de 300 USD. Les prix en Chine sont même plus bas (à partir de 200 USD). Il est à noter que des cas d’utilisation de la 5G dans le secteur industriel nécessitent des objets communicants compatibles 5G.
Ericsson n’est plus actif dans le segment des téléphones portables depuis la cession de ses parts à Sony dans la joint-venture qui la liait à ce dernier pour la marque Sony-Ericsson. Le groupe a décidé de recentrer son activité sur son cœur de métier à savoir les réseaux mobiles.
Ericsson a accompagné l’espace start-up lors de l’ICT Maghreb qui s’est déroulé mi-mars. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet encadrement ?
Ericsson s’est impliqué de façon significative dans le développement des TICs en Algérie depuis l’introduction des réseaux de téléphonie fixe puis mobile.
Il s’agit pour nous de favoriser le transfert de savoir-faire via l’accompagnement des instituts et universités technologiques afin de renforcer la ressource humaine indispensable aux exigences de l’innovation et à laquelle la jeunesse algérienne manifeste une grande aptitude.
Nous voyons que l’encadrement pédagogique dans les domaines techniques où nous opérons est un puissant moteur de changement et de développement. Le potentiel de cette ressource est en mesure de répondre aux problématiques des entreprises évoluant dans un environnement concurrentiel.
Lors du salon international ICT Maghreb Ericsson a dédié un espace où une trentaine de jeunes entreprises activant dans les technologies nouvelles et la santé, sont venues présenter leurs activités.
Pour Ericsson, cette initiative est motivée par les opportunités offertes par l’accélération de la numérisation, avec l’ambition de contribuer aux côtés des jeunes porteurs de projets, à mettre la digitalisation au service de l’économie et la croissance.
Outre les investissements à consentir dans l’infrastructure pour accélérer la digitalisation, l’environnement des start-ups doit être encouragé et accompagné, et c’est là où autant les acteurs ont un rôle à jouer.
A travers le monde, une onde de réticence à la 5G ne fait que grandir avec entre autres comme craintes les risques sur la santé ou l’environnement, que répondez-vous aux antis-5G ?
L’exposition aux ondes est un sujet polémique, émotionnel et récurrent à chaque nouvelle génération technologique et ce, malgré 2900 études scientifiques sur la santé et les communications mobiles depuis 1995 et la position de l’OMS.
Concernant la 5G, l’exposition aux ondes des infrastructures 5G est similaire aux signaux radio 4G. Dans le registre de l’environnement, l’empreinte carbone de la 5G est similaire à celle de la 4G mais en véhiculant jusqu’à 10 fois plus de données que la 4G.
En tant qu’équipementier, Ericsson se fixe un objectif de neutralité carbone d’ici 2030 pour ses propres activités.
Entretien réalisé par S. C