Entretien La Une

SEM l’Ambassadeur d’Indonésie à Crésus «J’ai été mandaté pour renforcer  nos relations»

Nouvellement installé dans ses fonctions à Alger, Son excellence l’Ambassadeur d’Indonésie, Chalief Akbar, nous parle dans cet entretien des opportunités qui s’offrent  à  nos deux pays dans divers domaines de coopération, affichant sa conviction quant à son évolution positive.

Crésus : Vous venez de présenter  vos lettres de créances au président de la République. Quelle seront vos principales missions à Alger ?

Chalief Akbar : Depuis mon arrivée à Alger le 30 novembre dernier, ma première rencontre a été avec Monsieur le ministre des affaires étrangères, et depuis cette rencontre, j’ai eu plusieurs autres rencontres  avec d’autres ministres. Ma mission actuellement en Algérie c’est de renforcer nos relations sur tous les plans, notamment sur  le plan économique et commercial

L’Algérie s’est engagée ces derniers mois,  à renforcer sa diplomatie économique. Qu’en pensez-vous ?  Et quel pourrait globalement être l’apport de cette orientation aux relations entre les deux pays ?

Ceci est un facteur très important adopté par nos deux gouvernements. Nous nous sommes entendus justement sur le renforcement de ces relations, économiques notamment. Car entre l’Algérie et l’Indonésie il y a des relations politiques et historiques très importantes. Nous nous sommes entendus avec tous les ministres que j’ai rencontrés justement sur le renforcement de ces relations, sur la base de notre histoire politique et économique commune.

Quel est l’apport que votre pays pourrait apporter dans les secteurs de l’énergie et des mines?

Il y a une nouvelle loi dans le secteur des hydrocarbures en Algérie que nous accueillons bien. Comme vous le savez, il y a une société indonésienne actuellement qui investit en Algérie PT Pertamina, qui a des champs pétroliers dans la région de Hassi Messaoud notamment. Actuellement dans le secteur minier, nous avons installé une équipe technique pour explorer la possibilité d’exploiter et d’investir dans le secteur du phosphate.

Mis à part le secteur minier, il y a des filières intéressantes telles que celles du bois, de l’ameublement, les matériaux de construction, du textile entre autres… Comment pourrait-on établir un partenariat gagnant-gagnant entre nos deux pays ?

Il y a plusieurs mémorandums d’entente qui ont été signés entre l’Algérie et l’Indonésie justement pour renforcer la relation économique entre les deux pays. Il y a un mémorandum qui a été signé  en 2016 justement mais vu la pandémie actuelle il y a quand même des obstacles qui empêchent justement de renforcer ces relations. Mais il y a aussi d’autres entraves par rapport à la tarification douanière par exemple, qui entrave l’entrée de la marchandise indonésienne en Algérie et les échanges entre les deux pays. Autre chose, la distance qui sépare les deux pays n’est pas négligeable

Vous évoquez  la Covid qui a bloqué les échanges économiques, mais avant, est-ce que les relations étaient meilleures ?

Concernant les échanges commerciaux, ils doivent être bénéfiques aux deux parties. A chaque fois  que je rencontre des ministres, j’insiste sur le fait que l’Algérie peut considérer l’Indonésie comme étant un  portail pour l’entrée dans le marché de l’Asie du sud-est qui compte environ 600 millions d’habitants. L’Indonésie aussi peut considérer l’Algérie  comme étant un portail pour l’entrée de la marchandise indonésienne vers les marchés africains et de la région qui compte actuellement plus d’un milliard d’habitants. Ceci c’est le concept de l’Indonésie concernant le partenariat avec l’Algérie. J’espère qu’après la crise du Covid il y aura une amélioration des relations économiques entre les deux pays.

Aujourd’hui, la règle du 51/49 n’existe que dans des secteurs stratégiques et la double imposition douanière est inscrite dans une révision du code de l’investissement. Cela va-t-il permettre d’avoir des rapports économiques et d’échanges plus affluents et riches ?

Bien sûr, ce sont deux facteurs qui entravent un petit peu les échanges commerciaux et économiques et ne permettent pas de les potentialiser. A chaque fois, lors de mes rencontres, j’ai confirmé que j’ai déjà établi une équipe technique qui va identifier tous les produits indonésiens qui peuvent accéder au marché algérien et les produits algériens qui peuvent pénétrer le marché indonésien. Concernant la double imposition, il y a déjà un accord qui a été signé pour la supprimer, l’Indonésie n’est donc pas concernée. Pour votre information, la société Partamina c’est grâce à cet accord qu’elle exporte du pétrole algérien en Indonésie.

Quelle est la balance commerciale entre les deux pays ?

Le dernier chiffre remonte à 2020, les échanges s’élevaient à environ 400 millions de dollars Mais le côté indonésien est déficitaire car le produit le plus important qu’importe l’Indonésie c’est le pétrole algérien.

Qu’en est-il du transfert de technologie et quel est le rang de l’Indonésie concernant l’enseignement ?

Concernant le transfert de technologie, l’Indonésie a l’intention d’aller vers cela, notamment on a identifié un secteur, celui des constructions parasismiques et de l’énergie solaire. On est en train de penser à lancer une coopération dans ces domaines notamment parce que l’Algérie dispose d’une position géographique stratégique. Comme je le disais, l’Algérie peut être le portail vers l’Europe et vers l’Afrique. Il y a plusieurs universités en Indonésie privées et publiques. A l’échelle mondiale, elles sont classées parmi les 100 premières mais il y a plusieurs disciplines qu’on peut développer entre les deux pays et dans lesquelles on peut envisager une coopération. Quant aux études, actuellement, il y a déjà un changement entre les deux pays, en termes d’étudiants mais le nombre reste relativement faible. Il y a actuellement 20 étudiants indonésiens en Algérie qui étudient et pour les Algériens qui souhaitent continuer leurs études en Indonésie, il y a des bourses qui sont offertes aux étudiants désireux.

Quelle est la raison qui empêche ce quota d’augmenter ?

Justement c’est l’une de mes prérogatives lors de ma mission, augmenter le nombre d’étudiants de part et d’autre. Ça rentre dans le cadre du contact avec la population. Il faut une coopération et un accord entre les deux pays.

Quelle est votre lecture de la situation politique en Algérie?

L’Indonésie et l’Algérie possèdent une relation très étroite sur le plan politique.

Nous adoptons également la même politique à l’échelle internationale qui est une politique indépendante et active. Ceci peut constituer justement un élément important pour renforcer la démocratie dans les deux pays. Les deux pays ont également tendance à régler toutes les questions internationales dans le cadre de l’ONU. L’Indonésie a organisé en 2019 un forum international de démocratie à Bali. Il y avait des représentants algériens qui y ont assisté mais aussi la présence de jeunes.

Notre souhait est que la politique intérieure de l’Algérie puisse avoir lieu selon les valeurs qui existent déjà en Algérie et selon le souhait de la population algérienne. Nous avons des similitudes entre nos deux pays. Sur le plan par exemple de la religion et la même vision politique sur le plan politique international.

Comment l’Algérie pourrait-elle profiter de votre expérience en matière du  vivre ensemble ?

L’Indonésie est un archipel constitué de 17 000 îles et de 300 ethnies et langues différentes. C’est donc un réservoir multiculturel très important à l’échelle mondiale. L’un des facteurs ayant contribué à unifier  toute cette diversité est bien la langue indonésienne. Il n’y a qu’une seule langue nationale en Indonésie, les indonésiens se sont entendus pour la considérer comme étant nationale depuis bien avant l’indépendance en 1928.

 Merci votre excellence, de nous avoir accordé cet entretien. Auriez-vous un mot pour la fin ?

Merci à vous d’avoir tenu à connaître et partager l’avis de notre ambassade concernant plusieurs questions. J’aimerai vous informer que  depuis mon arrivée en Algérie, le mois de décembre dernier,  je me suis senti comme chez moi. Entre mes frères et sœurs algériens et j’ai pu justement sentir cette chaleureuse hospitalité et cet accueil chaleureux. Je me suis senti chez moi, d’autant plus que chaque jour, j’entends la voix du muezzin et du Adhan et ceci me rappelle mon pays. Mon dernier mot est que j’ai été mandaté par le gouvernement indonésien pour renforcer  nos relations dans l’avenir donc j’invite les médias à venir vers nous à chaque fois qu’ils ont besoin d’informations, nos portes sont ouvertes.

Sarra Chaoui

Nadir K

About Author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Journal algérien spécialisé en économie, politique et actualités variées.

Crésus @2024. All Rights Reserved.