Son excellence l’ambassadeur de la République d’Angola en Algérie, M. Toko Diakenga Serao, a présenté sa lettre de créance au Président de la République, le mois passé. Dans cet entretien, il expose sa vision sur les relations bilatérales entre les deux pays et réitère la volonté de l’Angola à renforcer cette coopération, dans divers domaines.
Entretien réalisé par S. Chaoui
Crésus : Quelle est votre appréciation des relations bilatérales entre l’Angola et l’Algérie et qu’espérez-vous comme évolution lors de votre mission ?
Toko Diakenga Serao : Je perçois chez les autorités algériennes une volonté et une détermination de renforcer les relations politiques qui existent, heureusement, depuis des années entre les deux pays. Malheureusement cette relation était plutôt limitée aux domaines des hydrocarbures et de la formation de cadres.
Or, en ce moment, nos deux économies sont sur le point de trouver de nouveaux volets, en vue de leur diversification. C’est dans ce sens qu’il faut créer de nouveaux ponts dans la coopération entre les deux pays.
Surtout parce qu’on a besoin d’associer les opérateurs économiques dans une nouvelle dynamique de partenariat. C’est dans ce sens que, je crois, que ma mission trouve un aspect renouvelé par rapport à la coopération durant les années antérieures.
Là, je dois témoigner de ma reconnaissance et de mon admiration au Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui m’a réitéré et assuré de l’ouverture de l’Algérie, à notre coopération. Ma mission ne peut pas se limiter à certains volets, mais c’est dans tout ce qui pourrait renforcer la coopération entre nos deux pays qu’elle s’inscrit.
Avec l’Angola, l’Algérie entretient une coopération afin de diversifier les exportations hors hydrocarbures, pouvez-vous nous en parler ?
C’est exact. D’ailleurs ce rapprochement entre les deux pays pour la diversification des exportations ne date pas d’aujourd’hui. Il y a eu des rencontres antérieures entre les ministres des Affaires étrangères et les chefs d’Etat, en vue d’étudier une nouvelle perspective même dans l’utilisation de l’énergie.
Parce que dans nos pays, il existe beaucoup de potentiels même dans le domaine de l’énergie, qui ne se limitent pas aux produits pétroliers. Malheureusement, jusqu’à présent, pour des raisons peut être conjoncturelles, on n’a pas pu tirer profit de ce potentiel réel.
Maintenant, les circonstances nous obligent même à changer de paradigmes. Nous sommes obligés d’exploiter ce dont on dispose afin de le mettre au profit de nos économies, ou mieux encore, au profit d’un partenariat gagnant-gagnant entre nos deux pays.
Quels seraient ces nouveaux paradigmes ?
D’abord, je crois que ce paradigme, comme je le disais, est de créer des ponts. Il faut d’abord trouver des agents pour les réaliser.
Ces agents sont les opérateurs économiques, qu’ils soient privés ou publics. Parce que l’économie de nos jours ne doit pas se limiter aux paradigmes anciens de réunions au niveau des commissions mixtes. Mais maintenant, la recherche, c’est l’essence même des rapports entre les entreprises de pays différents.
Qu’en est-il de la formation, de l’enseignement et de la recherche ?
On ne peut pas parler de formation sans qu’on ait cette vision des échanges au niveau universitaire. Nous avions déjà une grande tradition avec l’Algérie. Beaucoup de nos ingénieurs ont été formés ici, surtout dans le domaine de l’ingénierie pétrolière.
Cela ne m’étonnerait pas si l’on privilégie le secteur comme les échanges au niveau universitaire et des sciences entre les institutions de recherches parce que le niveau de recherche n’est peut-être pas au même diapason mais on profite de ce qui existe déjà comme potentialités.
L’Algérie souhaite renforcer ses exportations vers l’Afrique. Comment pourraient collaborer nos deux pays pour y parvenir?
D’abord, on doit constater qu’actuellement nous nous acheminons vers une intégration continentale. Donc, tous les efforts vont dans ce sens. Effectivement, beaucoup de choses, qui devaient être faites au niveau du continent, ont souvent été négligées.
Peut-être les défis actuels nous conduisent-ils à voir notre relation entre pays africains d’une façon différente. Parce qu’à chaque fois qu’il y a une crise, la tendance internationale est de considérer l’Afrique au deuxième plan. La seule solution aux problèmes des pays africains, demeure la coopération.
Je crois que c’est au niveau de la notion d’intégration entre les pays africains, sur les plans économique, sécuritaire et autres, que nous trouverons des solutions à nos problèmes. Parce que beaucoup de nos situations actuelles, que ce soit la pauvreté ou autre, sont des problèmes qui résultent des situations économiques.
Si nous ne trouvons pas de solutions aux besoins de nos populations, nous allons toujours avoir des problèmes de sécurité qui reviennent. On peut leur attribuer tous les noms mais la question fondamentale reste celle de la pauvreté et du développement de notre continent.
La crise du Coronavirus paralyse le monde entier. Comment évaluez-vous la riposte de nos deux pays respectifs à cette pandémie ?
Pour le problème de la pandémie, si nous sommes arrivés là où nous en sommes en ce moment au niveau international, c’est parce qu’au début, les réponses qui ont été données avaient une tendance égoïste. Chaque région trouvait une réponse qui lui convenait, alors que le coronavirus nous a bien prouvé que les frontières sont fictives.
Si un pays est infecté, nous pourrons voir ses conséquences dans un autre. Heureusement que l’Afrique, qui était perçue auparavant comme étant le continent qui sera le plus touché, résiste mieux par rapport à d’autres continents. Je trouve qu’il y une certaine amélioration en ce qui concerne cette pandémie dans nos deux pays. Cela résulte des politiques courageuses qui ont été adoptées par nos gouvernements.
Lorsque l’on compare avec ce qui se passe ailleurs, dans des pays plus développés, qui sont avancés dans les sciences et les technologies dans le domaine de la santé, on pourra dire que les pays africains ont résisté.
Tout ceci est dû au courage de fermer nos frontières, parce qu’avant de se préoccuper de l’économie qui serait affectée, il faut d’abord se rendre compte que c’est l’être humain qui est le produit essentiel de l’économie.
Quel est votre point de vue sur la situation actuelle au Sahara Occidental?
La question du Sahara Occidental a été posée sur la table et il existe pour sa solution, des résolutions des Nations unies. Notre position a toujours été fondée sur cette base de principes des Nations unies.
Maintenant, comment y trouver la solution définitive… Nous appelons toujours à ce que les parties en conflit cherchent une solution qui va à la rencontre du consensus international, à travers des négociations.
Quel que soit le résultat de ces négociations entre ces parties, qui arrange les deux côtés, nous serons toujours d’accord. Pour nous le principe, c’est l’autodétermination des peuples.
S. C.