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Nasser Hideur, DG d’Al Salam Bank: «Les agences bancaires ont de beaux jours devant elles»

La stagnation de l’économie et les promesses des pouvoirs publics à la relancer exigent des banques une certaine mise à jour pour accompagner cette dynamique. Dans le détail, le DG d’Al Salam Bank, Nasser Hideur, a bien voulu répondre à nos questions en évoquant le degré d’adaptabilité de son établissement aux changements à venir.

 Entretien réalisé par Hafid Mesbah

Crésus : La BA a prolongé le délai accordé aux banques d’augmenter leur capital, Al Salam Bank a-t-elle les moyens de le faire ?

Nasser Hideur : Bien entendu. Nos actionnaires et notre conseil d’administration avaient pris les dispositions nécessaires à l’effet de mettre en œuvre cette obligation réglementaires en procédant au transfert d’une partie de l’augmentation requise en numéraires et en décidant de réinvestir les bénéfices non distribués et les avoirs en comptes courants des actionnaires. Le dossier est en instance d’autorisation auprès du Conseil de la monnaie et du crédit.

Des banques, notamment publiques, ont ouvert des guichets dédiés à la finance islamique, comment appréhendez-vous la concurrence ?

Nous voyons dans la concurrence saine et loyale un stimulant et non une menace. Nous avons capitalisé assez d’expérience et de savoir-faire dans ce domaine pour préserver nos acquis et, bien davantage, accroître notre part de marché. Par ailleurs, la multiplication des acteurs en finance islamique favorisera une certaine complémentarité et coopération entre eux, notamment en matière de gestion de liquidité et de co-financement de projets d’envergure. Enfin, l’intervention des banques publiques à grand réseau permettra l’accès aux services bancaires chari’a compatibles aux régions reculées du pays profond dans lesquelles les acteurs historiques que sont Salam Bank et Al Baraka Bank ne sont pas représentés, ce qui est susceptible d’améliorer le niveau de bancarisation de la société et élargir d’autant les opportunités commerciales de toutes les banques activant dans cette branche.

Le gouvernement décide d’autoriser les concessionnaires automobiles à reprendre leur activité, quels produits Al Salam compte-t-elle lancer en cas de retour au crédit Auto ?

En l’état actuel de la réglementation, le crédit à la consommation n’est autorisé que pour les produits fabriqués ou montés localement. Les véhicules d’importation sont donc, en principe, exclus sauf changement réglementaire. En revanche, les banques peuvent financer les opérations d’importation au profit des concessionnaires agréés et nous disposons sur ce plan d’instruments de financement conformes à la chari’a tels que la vente à terme (Baie Ajil), l’avance sur approvisionnement (salam) et la moucharaka (financement participatif).

La crise de liquidités persiste, comment gérez-vous ce problème à votre niveau, et quelles solutions vous proposez pour y remédier ?

Al Hamdoulilah, à Salam Bank nous n’avons aucun souci sur ce registre. L’accroissement tendanciel de nos dépôts, notamment les comptes d’investissement sur livrets d’épargne, nous a permis d’accumuler une trésorerie abondante. D’ailleurs, nous travaillons avec les confrères ayant ouvert des guichets islamiques sur des conventions de placements participatifs qui leur fourniront les premières ressources conformes à la chari’a – outre leurs dotations en fonds de démarrage – nécessaires au lancement de leurs opérations de financements. Par la même occasion, ces placements nous permettront de fructifier nos excédents de trésorerie à court terme dans l’attente d’opportunités de financement d’activités économiques bancables. Au niveau de la place, la solution au problème de liquidités consiste tout simplement à multiplier les actions et la diversification des instruments de captation de l’épargne dormante des ménages et des entreprises tout en observant rigoureusement les critères de bancabilité  en matière d’octroi des crédit à l’effet de prévenir l’immobilisation des ressources bancaires dans des créances non performantes.

Le ministre des Finances a appelé les banques à étendre leurs réseaux d’agences, quel est l’état des lieux chez Al Salam Bank ?

En début 2016, nous ne disposions que de cinq agences. Depuis, nous sommes à 18 agences en activité et 4 en cours d’ouverture. Nous veillons dans notre politique d’implantation de notre réseau à couvrir les principaux centres d’activités économiques du pays sans oublier l’Algérie profonde où la population est très sensible aux questions de conformité à la chari’a des prestations bancaires. Ainsi, nous avons des agences à Adrar, à Ain Oussara, à Ouargla et autres villes de l’intérieur.

La nécessité de la généralisation de l’e-banking n’est-il pas en contradiction avec cet appel du ministre ?

La digitalisation des services bancaires est un processus long et laborieux et la culture bancaire des usagers en Algérie demeure majoritairement présentielle. A Salam Bank, nous offrons des services de E-banking, de E- paiement, de mobile banking et nous nous apprêtons à lancer le mobile paiement, ce qui n’empêche pas nos clients de préférer se déplacer à nos guichets pour régler leurs affaires sur place et ils sont toujours les bienvenus. Je crois que les agences bancaires ont encore de beaux jours devant elles.

H.M.

Nadir K

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