Dr Mohamed Yousfi est chef de service du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Boufarik. Il est également Secrétaire Général de la société algérienne d’infectiologie. Dans cet entretien, il répond aux questions concernant la nécessité de la vaccination anti-covid_19 dans la société algérienne.
Propos recueillis par Samia Acher
Crésus : Pourquoi l’Algérie a-t-elle opté pour les vaccins Spoutnik V, AstraZeneca et Sinopharm ?
Mohamed Yousfi: L’Algérie n’a pas eu le choix, comme c’est le cas de tous les pays du monde. Il y a une pandémie qui touche toute l’humanité et c’est quasiment la course pour pouvoir avoir le maximum de doses de vaccin. Pour vacciner sa population chaque pays est en train de le faire individuellement
Il existe néanmoins, a un cadre collectif qui est le projet Covax (piloté par l’Organisation Mondiale de la Santé) qui compte 160 pays adhérents.
Pour que l’OMS passe des commandes au nom de tous ces pays auprès des laboratoires, elle doit ramener les vaccins et les partager entre les différents pays pour arriver à peu près à vacciner 20 % de leurs populations sur toute l’année 2021.
L’acquisition de l’Algérie des vaccins spoutnik V, AstraZeneca, Sinopharm est conséquente aux accords bilatéraux de l’Algérie avec la Russie, le Royaume Uni et la Chine, en plus du projet Covax.
Pour arriver à l’immunité collective, il faut que chaque pays vaccine entre 60% et 70% de sa population. Donc la demande est en termes de milliards. L’offre ne peut pas être en milliards dans l’immédiat, cela va prendre du temps. Donc om que se trouvent des doses de vaccins, nous sommes potentiellement intéressés.
Concernant les vaccins Pfizer et Moderna, ils étaient déjà réservés aux Etats Unis et à l’Europe qui ont payé à l’avance. Tous les pays, y compris l’Algérie ont annoncé une campagne de vaccination qui s’étendra sur plusieurs mois, si ce n’est sur une année.
Existe-il des effets secondaires notoires ? Sont-ils similaires pour les trois vaccins ?
Toutes les publications faites attestent que les vaccins Pfizer, Moderna, Spoutnik V, Sinopharm et AstraZeneca ont des effets secondaires, comme la plupart des vaccins classiques connus.
Il n y a pas d’effets secondaires graves. On peut ressentir de la douleur au niveau du point d’injection, contracter de la fièvre, une céphalée ou de la fatigue… Des effets qui existent pour tous les vaccins et qui sont pratiquement commun à tous les vaccins contre la covid-19.
Pourquoi d’après vous une partie de la population appréhende-t-elle cette vaccination ?
C’est tout à fait normal. La population est face à quelque chose de nouveau. Une pandémie qu’on n’a jamais vue depuis la 2ème guerre mondiale. Une pandémie qui a mis tout le monde à genou, y compris le système de santé, l’économie, le côté social….Avec le temps, nous avons pu mieux connaitre le virus.
Lorsqu’il existe des parties et des lobbys en plus des réseaux sociaux, ils entretiennent encore plus la peur et l’appréhension. Notre rôle en tant que spécialiste et vous en tant que média est de rassurer le citoyen, en lui expliquant que la solution radicale pour combattre une épidémie et la contrôler c’est le vaccin. Ces vaccins sont sûrs, leurs effets secondaires ne sont pas graves. Il n y a aucune raison pour que le citoyen ait peur.
Dans les pays qui ont commencé la vaccination, il y eu cette appréhension et cette peur, mais dès que les gens ont commencé à se faire vacciner par milliers et millions, l’opinion publique a de plus en plus adhéré à la vaccination. Tous ces vaccins sont efficaces. Pour Pfizer, son efficacité a atteint 94%, pour Spoutnik V, elle de l’ordre de 92% quant à AstraZeneca son efficacité est de 60% et peut aller jusqu’ à 90%.
Qu’en est-il pour les personnes atteintes de maladies chroniques, en général et les cancéreux en particulier dans cette campagne ?
Cette pandémie du Covid_19 est en train de toucher dans les formes graves les sujets âgés et les malades chroniques. L’immunité de ces derniers est diminuée. Ils sont prioritaires pour la vaccination. Pour les malades cancéreux, la décision de se faire vacciner revient à leur médecin traitant.
Un cancéreux qui est suivi, qui est phase de rémission et qui n’est pas sous chimiothérapie peut se faire vacciner ou pas selon la décision de son oncologue. Idem pour ceux qui sont sous chimiothérapie, en fonction de la situation du patient. Pour tous les autres malades chroniques en l’occurrence les hypertendus, les diabétiques, il est vital pour eux de se faire vacciner, pour ne pas dire obligatoire, étant donné que le vaccin est gratuit.
S.A