Cela fait un an que le très modeste artiste, poète et chanteur, Amar Belkada, a tiré sa révérence. Son village natal s’en rappelle et n’oublie pas celui qui a tant donné à la culture amazigh et à l’art de manière générale. Hier, les habitants d’Iâallalen dans la commune d’Ait Yahia Moussa, à une trentaine de kilomètres au sud de la wilaya de Tizi-Ouzou, lui ont rendu un hommage à l’occasion du premier anniversaire de sa mort. Initié par un groupe de citoyens en collaboration avec sa famille, l’hommage a drainé une foule venue se recueillir à la mémoire de « Dda Amar » comme on l’appelait dans le milieu artistique. Après un recueillement suivi d’un déport d’une gerbe de fleurs sur la tombe de l’artiste, une minute de silence a été observée à sa mémoire.
Devant sa maison, des objets et des instruments lui appartenant ont été exposés, outre les dizaines de diplômes, d’attestations de participation et autres titres qui reflètent le parcours de l’homme et sa présence à toutes les activités en lien avec la culture et l’identité amazighs. En somme, c’est la vie et le parcours d’Amar Belkada que les hôtes du village Iâallalen venus des communes avoisinantes (Tadmait, DBK, Ain Zaouia, Draa El Mizan et autres) ont pu revisiter à travers cette exposition.
Des amis, des artistes et de simples citoyens se sont, enfin, succédés au micro pour apporter leurs témoignages et raconter quelques anecdotes sur ce que fût l’artiste, le poète et le chanteur Amar Belkada, décédé le 27 janvier 2020. Son frère, Ali, quant à lui, a tenu à remercier tous ceux qui ont contribué à réussir cet hommage, le qualifiant d’« une deuxième naissance pour lui ». « C’est pour moi, un frère, un père et un ami. Je ne saurais peut être retracer son parcours comme l’ont fait d’autres qui m’ont précédés, mais ce que je peux dire de lui, c’est qu’il respirait l’art et la musique depuis son enfance. Pour l’anecdote, c’est lui-même qui a confectionné ses instruments de musique à l’âge de 14 ans », a-t-il déclaré.
Pour Boussad Sadani, un des organisateurs de l’hommage, « Amar Belkada est l’un des fils dont le village Iâallalen et la commune d’Ait Yahia Moussa sont fiers ». Cette activité préparée dans des conditions pour le moins exceptionnelles à cause de la pandémie de coronavirus, « est une première, mais elle ne sera pas la dernière », nous a-t-il confié.
Connu pour son engagement pour la langue et la culture amazighs depuis les années 1980, Amar Belkada excellait aussi bien dans la chanson, que le théâtre et le cinéma. D’ailleurs, il décrochera en 2011, le deuxième prix du concours de poésie Matoub Lounès, avant de se distinguer en 2014, par la première place aux Journées de poésie en hommage à Smaïl Azikiou à Bouzeguène. Sur le plan cinéma, l’enfant de la commune d’Ait Yahia Moussa a participé à une dizaine de films, dont Taluft, Tameghra, Usan Ntefsut, Imeslav, Ger Zik Tsura, Araw N’tmurt, Pompier, Je m’en fous, Wa tastamirou El Hayat et Macci D nek.
Deux pièces de théâtre dont lesquelles il a eu un rôle, La tragédie de Massinissa et Amjedh Dhi Tuber (17 octobre), ont été primées en 2014, lors du festival national du théâtre amazigh de Batna. Dans la chanson, Amar Belkada a composé et enregistré ses premières chansons en France en 1979. Trois ans après, en 1982, il signera sa deuxième cassette chez Amal espoir Music, avant de revenir en 2006 pour produire à compte d’auteur, un autre CD.
A.Moussi