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Henri Pouillot sur les crimes de la France : Le rapport Stora « minimise complètement leur ampleur »

Le rapport de Benjamin Stora “minimise complètement l’ampleur des crimes” commis tant pendant la période coloniale que lors de la guerre de Libération de l’Algérie, a soutenu Henri Pouillot, ancien combattant, militant antiraciste et anticolonialiste.

Dans une contribution parue dans le journal français en ligne Médiapart, M. Pouillot a relevé que ce rapport évoquait, certes, “la violence” lors de la conquête de l’Algérie et durant les années du XIXe siècle, mais “semble beaucoup minimiser les enfumades, les répressions, les exécutions sommaires qui se sont poursuivies, féroces, à chaque contestation des effets de la barbarie du colonialisme”. M. Pouillot a rappelé qu’il avait été affecté à la Villa Susini à Alger, comme militaire, appelé du contingent (sursitaire). “C’est là que je découvre ce qu’est encore la réalité du colonialisme, ce hiatus entre les populations pieds noirs et les autochtones, ces arabo-musulmans qu’on appelait alors généralement bougnoules, ratons, crouilles, bicots… qu’il était ‘naturel’ de tutoyer, non parce que c’étaient des amis, mais parce que l’usage voulait que ce soit ainsi avec cet aspect méprisant, supérieur, que l’on s’adresse à eux, comme on peut le faire pour son chien de compagnie à qui l’on adresse des ordres”, a-t-il dit.”Il n’est pas évoqué cette discrimination terrible des deux collèges où les voix des ‘indigènes’ comptaient dix fois moins que celle des pieds noirs et des convertis au catholicisme.

“Parmi les crimes oubliés, les plus criants sont : les viols, les crevettes Bigeard, les exécutions sommaires (correspondant aux nombreux disparus évoqués), l’utilisation du gaz Vx et Sarin, les villages rasés au Napalm (entre 600 et 800 !!!) (2), les camps d’internement, pudiquement appelés camps de regroupement (Le rapport Rocard, réalisé avant la fin de la guerre, qui minimise cet aspect, évalue cependant aux alentours de 200.000 morts) … “, a-t-il rappelé. M. Pouillot a indiqué que le crime de Charonne est “totalement occulté”, affirmant que “les saisies, censures de journaux, revues ne sont pas évoquées, pas plus que les répressions des manifestations (presque toutes interdites) réclamant la paix en Algérie, souvent brutalement réprimées. Le rôle de l’OAS est notoirement sous-estimé”.

M. Pouillot a indiqué que par rapport aux archives, il est “scandaleux, malgré les engagements que vous aviez pris lors de votre déplacement chez Josette Audin (en septembre 2018) de favoriser leur accès, que des décrets très récents, restreignent considérablement, de fait, leur consultation”.

Pour lui, la reconnaissance et la condamnation “des crimes contre l’humanité, crimes d’Etat, crimes de guerre comme la torture, les viols, les crevettes Bigeard, les exécutions sommaires, l’utilisation du gaz Vx et Sarin, les villages rasés au Napalm, les camps d’internement (pudiquement appelés camps de regroupement), les essais nucléaires du Sahara, le massacre de centaines d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961, la répression criminelle au métro Charonne du 8 février 1962 … commis au nom de la France, et la désignation des responsabilités doivent être très claires”.

Il a soutenu qu’il ne devait pas s’agir de “repentance, de demande de pardon”, mais de reconnaître “l’ampleur, l’importance qu’ils ont revêtues”.

Synthèse R.N..

Nadir K

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