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Rapport de Stora sur la mémoire : « Choquant », selon Bengrina !

Le Rapport Stora sur la mémoire ne finit pas de susciter des réactions au sein de la classe politique en Algérie, plus d’une semaine après sa remise au président français Emmanuel Macron. Ex-candidat à la présidentielle de décembre 2019, le président du mouvement El Bina, Abdelkader Bengrina, l’a qualifié de « choquant ».  « C’est un rapport choquant qui consacre la politique de tromperie qui vise à blanchir le visage du colonialisme, en sautant sur les faits et en les falsifiant », a critiqué le chef du parti El Bina, dans une tribune publiée sur sa page facebook, jeudi à l’occasion de la commémoration du 63e anniversaire de la grève des 8 jours (28 janvier-4 février 1957). L’auteur reproche en effet à l’historien de considérer ce qui s’est passé en Algérie « comme une guerre et non une occupation», et d’avoir prétendu que « la lutte du peuple algérien était contre la privation et non le colonialisme! ».

Le qualificatif de « choquant » utilisé par Bengrina trouve ses origines dans les déclarations faites par Macron en 2017 lorsqu’il était en visite en Algérie pour sa campagne présidentielle. « Nous avions beaucoup d’espoir en les précédentes déclarations du président Macron qui, en tant que candidat, avait exprimé sa volonté d’ouvrir ce dossier et avait montré du courage en qualifiant les actes du colonialisme français en Algérie de crimes », affirme-t-il, avant de « regretter » le contenu du rapport élaboré par l’historien Benjamin Stora à la demande du président Français lui-même.

Combien même le président d’El Bina dit prendre acte de « certaines reconnaissances » dans ce rapport, néanmoins elles restent, dit-il, « loin des aspirations qui expriment une volonté sincère de surmonter les conséquences du passé colonial ».

Le rapport Stora, ajoute Bengrina, « aurait pu être l’occasion de clore les dossiers de la mémoire entre nous et le passé de la France coloniale », tout en préservant notre droit de ne pas oublier ses crimes. « Mais l’auteur du rapport a commis l’erreur d’avoir tenté d’embellir les actes odieux du colonisateur », a asséné le chef du parti islamiste, estimant cependant qu’« il est encore temps » pour rattraper le sujet et le corriger « en désignant les faits par leurs noms ».

Abdelkader Bengrina n’y va pas par le dos de la cuillère pour défendre le « droit » du peuple algérien à ne pas oublier le tragique souvenir de la colonisation française et dont la page « ne saura se refermer qu’avec reconnaissance et les excuses, outre les poursuites judiciaires, le dédommagement matériel et moral ».

Relevant « l’enracinement de la culture colonialiste » chez une bonne partie de l’élite française, voire même dans les institutions, Bengrina a dénoncé cette partie de la France qui, selon lui, « se dérobe de ses responsabilités à reconnaitre les crimes, les pillages et les abus commis durant 132 ans de colonisation ».

Sans détours, il rappelle alors « le droit de l’Algérie à récupérer ses archives, en particulier celles liées aux essais nucléaires français dans le Sahara algérien ainsi que les restes des martyrs de la résistance ».

Avant Abdelkader Bengrina, plusieurs acteurs politiques ont réagi au rapport Stora, comme le président du MSP ou encore l’ancien diplomate Abdelaziz Rahabi. Mais, jusqu’à présent, point de réaction officielle de la part des autorités algériennes. Il faut savoir que, de son côté aussi, le président, Abdelmadjid Tebboune, a désigné son conseiller, Abdelmadjid Chikhi, pour travailler sur ce dossier de la mémoire.

A.M.

 

Nadir K

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