économie

La gestion rationnelle des risques et la réglementation

La catastrophe de Beyrouth doit être considérée comme un vaccin préventif national en matière de gestion des risques industriels.

En Algérie on compte près de 4000 sites industriels très dangereux et localisé en milieu urbain ; en absence de stratégie préventive surtout et prospective, ces installations constituent une menace permanente et réelle sur la population. Sur un échantillon de 100 établissements industriels à haut risque : 45% présentent un risque d’explosion, 40% un risque d’incendie et 15% des risques toxiques. Le spectre d’une catastrophe industrielle avec des impacts tant économiques que sociétales plane sur des territoires urbains de notre pays.
Malgré une réglementation étoffée et sévère comme la loi n° 04-20 de 2004 sur les risques majeurs n’est en fait que le prolongement de ce qu’affirme la loi de 2001 de l’aménagement et du développement durable du territoire dans son article 4 que « la politique nationale d’aménagement et de développement du territoire a pour finalité la protection des territoires et des populations contre les risques liés aux aléas naturels » ; le risque est présent et doit être identifié, évalué et cartographié.
Les décrets n° 85-231 et n° 85-232 du 19 août 1985 définissent, respectivement, l’organisation et les procédures de la gestion de crise à partir de la mise en place du plan d’organisation des interventions et secours, d’une part, et l’organisation de la prévention des risques majeurs aux niveaux national, de wilaya et communal tardent à être concrétisés.

La loi n° 04-20, le 25 décembre 2004 relative à la Prévention des Risques Majeurs et la Gestion des Catastrophes dans le cadre du Développement Durable constitue actuellement le référentiel de base. Elle identifie dix types de risques et traite de toutes les mesures concernant la gestion des catastrophes aux stades de la prévention et de l’intervention.
Concernant la réglementation pour la conception des constructions, le premier code parasismique algérien (RPA) est apparu en 1981 (RPA81, révisé en 1983, en 1988-RPA88) et en 1999-RPA99). Ce dernier code parasismique RPA99 fut encore révisé après le séisme de Boumerdes du 21 mai 2003 et il s’applique obligatoirement pour toutes les constructions, qu’elles soient publiques ou privées. D’autres décrets pour la gestion des risques ont été récemment promulgués constituant une réglementation importante directement liée à la gestion des risques. Il y a lieu de citer l’ordonnance du 26 août 2003 relative à l’obligation d’assurances des catastrophes naturelles et à l’indemnisation des victimes, le décret exécutif n° 03-332 du 8 Octobre 2003, concernant la création, l’organisation et le fonctionnement, la création du Centre National Opérationnel d’Aide à la décision (CNAD), le décret exécutif n° 04-181 du 24 Juin 2004, concernant la création d’une Commission de la communication relative aux risques naturels et technologiques majeurs et le décret exécutif n° 04-268 du 29 Août 2004, concernant l’identification des catastrophes naturelles devant être couvertes par les assurances et les méthodes de déclaration de l’état de catastrophes naturelle.
Cette panoplie de réglementation est à la base de la gestion des catastrophes en Algérie et son ossature date de plus de 15 ans malgré l’évolution des techniques d’investigation, de prévention, du retour d’expérience et de l’occupation des sols.
Les outils de prévention restent à définir et doivent découler d’un retour d’expérience avéré constituant une base de référence permettant de faire de la prévention utile. Les indicateurs soulignant l’absence de réaction rapide renforcent la mise en place d’une stratégie nationale, régionale et locale. Dans ce volet il y a lieu de signaler la gestion de la pandémie de la Covid-19 à travers le rapatriement des algériens bloqués à l’étranger, la spécialisation des espaces sanitaires, la prise en charge des malades et la mise en place des mesures de limitation de la propagation. D’autres indicateurs révèlent le peu d’intérêt accordé à la gestion des crises comme la coupure d’eau pendant les journées de l’Aïd, le manque de liquidité au niveau des banques, poste comprise, les DAB non alimentés ou en longue maintenance etc…
La gestion des risques exige une stratégie permettant d’identifier, de positionner dans le temps et dans l’espace puis quantifier les aléas source de danger qui déclenchent des risques. Cette stratégie ne peut se concevoir que si une banque de données fiables et exploitables est disponible à condition qu’elle obéisse aux règles du retour d’expérience. Pour cerner une gestion des crises le point noir réside dans la maîtrise des aléas engendrant un danger qui peut se transformer en risque. Toute la philosophie de la gestion des crises réside dans cet aspect, une parfaite connaissance des aléas ne peut se faire qu’à travers l’enregistrement et l’étude des signaux émises par les différents systèmes et sous-systèmes.

K. Benabdeli

Nadir K

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