Younes Kouider, jeune artiste algérien prometteur, expose sa collection «les animaux sauvages» au niveau de la villa Abdelatif. Nous l’avons rencontré à l’occasion de son vernissage, le jour de Yennayer, où une foule de visiteurs est venue admirer ses œuvres. Il nous livre sa vision de l’art et ses sources d’inspiration dans l’entretien qui suit.
Entretien réalisé par S. Chaoui
Crésus : Pouvez-vous nous parler de votre historique en tant qu’artiste ? Vos débuts et votre évolution jusqu’à aujourd’hui.
Younes : Je m’appelle Younes Kouider, j’ai 29 ans. J’ai commencé par étudier une année l’architecture à Blida puis je suis allé aux Etats Unis en 2010 pour suivre un Bachelor in Fine Arts, c’est-à-dire une licence en Arts plastiques. Je suis revenu en Algérie en 2014 et suis reparti en 2018 pour poursuivre mon Master.
Je travaillais au début avec de l’acrylique mais quand je suis revenu en 2019 je voulais faire une série, celle exposée aujourd’hui. J’ai voulu les peindre avec de la gouache car les couleurs étaient très intenses et vives.
A ce propos, pourquoi avoir choisi le thème des animaux sauvages ?
Cela remonte à mon enfance puisque mes premiers dessins à l’âge de 3-4 ans étaient principalement des animaux sauvages. C’est une sorte de retour à l’enfance.
Le vernissage de votre exposition coïncide avec Yennayer, est ce voulu étant donné les couleurs qui habillent vos toiles qui nous rappellent celle des robes berbères ?
Oui, tout à fait ! Mon style est principalement défini par les triangles et de la géométrie qui se rapprochent des symboles berbères. Il y a des animaux sauvages partout dans le monde, ce qui représente le coté universel de mes tableaux. Comme c’est le regard d’un berbère, nord-africain, algérien sur ces animaux, je les imprègne de ma propre culture. Les spirales sont ma signature personnelle, avant je travaillais des tableaux uniquement avec des spirales donc j’ai repris cette partie. C’est une manière de signer les tableaux indirectement.
Hormis les tableaux, travaillez-vous sur d’autres supports ?
Oui, il y a toute une section consacrée aux tissages et à la sculpture. C’est la suite d’un travail que j’ai réalisé lors de mon master. J’avais étudié sur le thème «les sociétés nomadiques d’Afrique du nord». Donc en revenant, j’ai concrétisé cela.
Il y a une tente qui est en cours de réalisation actuellement, un walkman, qui représente la musique qui est nécessaire dans la vie d’un nomade. Il y a également ses sandales qui lui permettent de parcourir de longues distances et enfin un pneu qui matérialise le contact avec la modernité. C’est-à-dire une jonction entre le nomadisme et la sédentarité.
Pourquoi avoir opté pour ce choix de retour aux sources ?
Quand j’étais aux Etats Unis j’ai fait des recherches et j’ai travaillé plusieurs autres cultures (afro-cubaines, océaniques et tant d’autres), mais naturellement je pense que dans mon vécu il y a un certain magnétisme. On revient aux sources naturellement. C’est-à-dire qu’en tant qu’artiste algérien cela ressort automatiquement, on n’a pas d’efforts à faire. C’est dans le sang, dans notre peau.
Quels sont vos projets pour la suite ?
A mon retour en Algérie j’ai postulé de nouveau pour les Etats Unis. J’ai été accepté et je dois rejoindre les bancs de l’université de Yale d’ici Août afin de suivre un master de deux ans en sculpture. A partir de là je continuerais à travailler dans le domaine artistique. Je souhaite réaliser plus encore.
Est-ce que vous avez un domaine de prédilection dans les arts plastiques ?
Je travaille tout et sur tout. Je pense qu’un artiste doit être polyvalent, ce n’est pas une obligation mais ça m’est venu naturellement. J’ai un penchant en ce moment pour le tissage, je travaille principalement sur cela et les sculptures. Je pense continuer à approfondir mes connaissances dans ce domaine durant mon master afin de me perfectionner.
S.Chaoui