Dahmane Dahmani, électronicien établi à l’étranger depuis les années 1970, a fait un brillant parcours professionnel dans la Silicone Valley, inventant des microprocesseurs et participant au lancement du premier projet de Wifi. Sa dernière expérience concerne les jeux de sociétés. Un domaine bien loin de son champ de spécialisation mais dans lequel il a également excellé. Il nous en parle.
Crésus: pouvez-vous nous parler de votre expérience professionnelle aux États-Unis ?
Dahmane Dahmani : le 30 décembre dernier, j’ai fêté mon 45 ème anniversaire dans ce grand pays, que sont les Etats-Unis d’Amérique, et qui m’a accueilli à bras ouvert.
Après l’obtention de mes diplômes en ingénierie électronique, BSEE et MSEE, a l’Université de Washington, Seattle, j’ai rejoint le géant international de la microélectronique Intel en septembre 198. Le
premier projet sur lequel j’ai travaillé concernait le microprocesseur 8088 d’IBM destiné au premier ordinateur personnel IBM PC.
J’ai travaillé chez Intel de 1981 à 2006 avec une interruption de deux ans, entre janvier 1985 et janvier 1987, période au cours de laquelle je suis revenu en Algérie pour passer mon service militaire à l’ENITA (actuelle Ecole militaire polytechnique).
J’ai pris une retraite anticipée en septembre 2006 après une excellente carrière professionnelle au cours de laquelle je suis passé d’ingénieur débutant au poste de directeur de Développent, Applications et Technical Marketing.
J’ai géré plusieurs projets de conception de microprocesseurs (8088, 286, 386, Pentium, Itanium), des Chipsets (composants électroniques NDLR) et des mémoires non-volatiles (des mémoires informatiques qui conservent les données même en cas de panne électrique NDLR).
De 2000 à 2006, j’ai dirigé plusieurs équipes d’ingénieurs dans le cadre du projet relatif au premier WiFi (802.11 a,bg). Ces équipes étaient basées un peu partout à travers le monde (Amériques, Europe, Asie).
Durant ma carrière chez Intel j’ai eu la possibilité d’inventer des composants électroniques. En tout, j’ai obtenu 6 brevets d’invention dans le domaine de la conception de microprocesseurs (puces électroniques). Après une année de réflexion, pendant ma retraite, je me suis senti dans l’obligation de rejoindre l’industrie de la microélectronique qui était en plein boom.
C’est ainsi que j’ai rejoint la compagnie Zilog en 2007, Magnum Semi en 2009, Atmel en 2011. Toutes ces petites compagnies, en comparaison avec le géant Intel étaient parmi les « Startups » basées dans la Silicon Valley.
En 2013, j’ai rejoint le géant mondial du Smartphone, Qualcomm à San Diego, où j’étais en charge du marketing technique de la puce Snapdragon utilisée dans les Smartphones.
Vous êtes détenteur de brevets d’invention en informatique, mais vous avez choisi de vous orienter vers le monde des jeux de société. Parlez-nous de cette expérience.
Tout à fait. En 2004, avec l’aide de mon fils, Yanni (qui avait 10 ans) nous avons lancé une petite boite (startup) pour développer et commercialiser un jeu de société que nous avons baptisé Zingamino (une nouvelle version du jeu classique du Domino). Ce jeu a été invité par Yanni avec mon aide.
En 2007, la licence de ce jeu a été vendue à une grande firme américaine spécialisée dans les jeux de société. Cette licence valable de2007 jusqu’ en 2019 m’a permis de financer les études de mon fils Yanni dans la prestigieuse université de Stanford pour son diplôme de « Bachelor » en Physique Appliquée. Après l’obtention de ses diplômes de Bachelor et Master, Yanni a poursuivi son PhD à Yale, Université.
En 2016, après ma décision de me retirer du domaine de la Hi-Tech, j’ai créé une nouvelle boite familiale dans le domaine des jeux de sociétés et jouets basés sur les anciens jeux ancestraux. Mes enfants Yanni, Annya et Katia ont rejoint ma compagnie « LZG Games & Toys ». Deux jeux (ZInga-Zinga et ZhiZhu !) on été lancés en 2016 à New York, pour le Zinga-Zinga, et en 2017 pour ZhiZhu !, à Nuremberg (Allemagne) et Alger (en 2018).
Le 5 Janvier, 2021, j’ai lancé une nouvelle boite « 3-4-5 Games, LLC» avec un focus seulement sur les anciens jeux à travers le monde entier. J’ai lancé une campagne médiatique pour en faire la promotion, le 5 Janvier, à partir de 2021 à San Diego. J’ai aussi lancé le nouveau site 3-4-5-Games.com avec plus d’informations sur le l’histoire de la compagnie et des jeux à commercialiser. De plus, la compagnie a fait un engagement : pour chaque jeu vendu sur Internet, une copie sera offerte à une association non lucrative ou à une école du choix de l’acheteur.
Est-ce que vous pensez que l’Algérie est aujourd’hui prête à tirer profit de l’expérience des scientifiques algériens vivant à l’étranger ?
Tout à fait. Et je pense que le moment est opportun pour deux raisons. Primo, une grande partie des Algériens établis à l’étranger depuis la fin des années 70 et début 80 sont soit à la retraite soit sur le point de la prendre avec une vaste expérience dans leurs domaines respectifs et surtout dans le management et ils/elles ont du temps libre.
Secundo, la volonté de l’Algérie de diversifier son économie pour ne plus dépendre des hydrocarbures représente une opportunité.
Quel est le domaine technologique sur lequel il faudrait investir le plus en Algérie pour développer l’économie du pays, selon vous ?
En Algérie, il y a un grand marché de plus de 40 millions d’habitants avec des ressources humaines et naturelles que plusieurs pays rêvent d’avoir. Pour satisfaire ce marché, il faut qu’il y ait d’abord une volonté politique de bâtir une économie sur des bases solides. Les technologies ne sont ici que pour aider à atteindre ce but. Des institutions fondamentales (Education, Justice et Finance) sont primordiales pour bâtir une économie.
A mon avis, en l’Algérie on a une fausse idée sur le système de « Start-up ». En général, les Algériens pensent au modèle de la Silicine Valley. L’Algérie n’a pas besoin d’un Google, ou d’un Facebook algériens, mais de petites entreprises dans tous les domaines (agriculture, santé, éducation, transports, agro-alimentaire, constructions) et des liens universités-entreprise privée et université-gouvernement et surtout dans le domaine (qui doit être primordial) : La maintenance pour lancer une économie durable et utiliser les nouvelles technologies pour arriver à ce but « une économie d’autosuffisance ».
A cet effet, donc l’investissement doit être dans la création de ces petites entreprises et en particulier dans le domaine de la maintenance dans tous les domaines à travers toute l’Algérie.
Imaginez-vous tous les emplois, et l’économie d’argent ainsi que le bon fonctionnement de tout cet impressionnant matériel que l’Algérie achète chaque année ?
La diaspora algérienne à l’étranger peut, quant à elle, apporter son aide en matière de management au profit des petites entreprises qui devront être créées dans différents domaines.
Ahmed. G