«Avoir 20 ans à Alger», disponible sur Youtube, est un documentaire mis en ligne par inimeo, plateforme française de partage de vidéos.
Ce compte comptabilise un peu moins d’un million d’abonnés et des centaines de milliers de vues quotidiennes sur ses vidéos.
La fiabilité de ses vidéos n’est pas à mettre en doute d’ordinaire, néanmoins, ce documentaire fait exception.
En effet, le titre attire l’internaute en faisant croire que ce reportage serait tourné en l’an 2020.
Très rapidement, la qualité d’enregistrement de la vidéo nous fait réaliser que le titre est plutôt «Alger, il y a 20 ans».
Dès la première minute, les clichés habituellement associés à notre pays refont surface… Femmes ne pouvant pas sortir sans « chaperon », jeunesse dorée écumant les soirées, terrorisme et chômage sont présents à chaque scène de cette vidéo de 26 minutes.
Les commentaires, rédigés par des algériens sont d’ailleurs offusqués, déçus ou outrés par cette désinformation, et à juste titre.
Cette plateforme attirant des millions d’utilisateurs de par le monde, véhicule une image stéréotypée, rétrograde et toujours manipulée, de la société algérienne.
Aucune information temporelle ne figure nulle part afin d’informer les spectateurs de la période lors de laquelle ont été tournées ces images.
Celle-ci n’étant nulle autre que la fin de la décennie noire ayant profondément marquée notre histoire et nos mémoires.
Alors, 20 ans plus tard, quelle est la volonté cherchée par la publication d’un tel documentaire, au titre non pas trompeur mais menteur, alors que l’Algérie se reconstruit de jour en jour ?
Pourquoi toujours montrer au monde le passé douloureux, tronqué, de la nation Algérienne ?
Ce documentaire n’est hélas pas le premier reportage made in France à faire parler de lui. Cette année 2020 a été marquée par des documentaires tout aussi orientés et généralistes, se voulant objectifs et réalistes.
Tous ont provoqué de vives réactions de la part des Algériens, qu’ils soient spectateurs ou même sujets du reportage.
Ils dénoncent à chaque fois la manipulation de l’information, la volonté de nuire à l’image du pays ainsi que la mauvaise foi des journalistes français ou franco-algériens responsables de ces mascarades.
S. Chaoui
